L'enfer

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POV : Belarus
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Depuis la déclaration de guerre à l'Allemagne, notre père n'était plus à la maison. Il devait être quelque part, sur un champ de guerre. Ou mort tué par balles.
Je ne voulais même pas y penser.
J'avais abandonné mon uniforme d'écolière contre une de vieux vêtements chauds et laids.
Tous les jours, j'allais à la boulangerie pour attendre des heures avec mon ticket de rationnement, pour obtenir un maigre bout de pain sec qu'il fallait partager entre 15 gosses.

- Vole en la prochaine fois ! Me conseillait Georgia

Et si j'essayais ? Je n'en avais pas le courage. Après tout, contrairement à certains, nous ne mourions pas de faim.
Géorgie a rétorqué que j'étais une trouillarde qui n'avait pas de tripes. Je lui ai gentiment tiré la langue en tentant de faire une soupe à l'eau chaude, au pain et au légumes.

- Si seulement père nous avait laissé des armes, nous aurions pu chasser du lapin. Soupira Russie

Le matin ne se composait de pas grand chose : nous nous levons, nous habillons, nous jouions aux cartes et puis j'allais chercher le pain en ville.
J'avais grandi dans l'agglomération de Stalingrad, maintenant appelée Voronej.
Cette pauvre ville n'était habitée que par des enfants, des femmes, des vieillards et des infirmes. Mon KGB était désert, il ne restait que Saratov, Odessa, Tioumen, Astana, Samara, Mary et Taraz que j'avais toutes congédiées chez elles pour qu'elles puissent s'occuper de leur proches.

Il y avait deux boulangeries à Stalingrad. Le rationnement de pain ne se faisait qu'à 11h30, mais il fallait y aller dès 10h pour pouvoir encore obtenir des vivres. Je faisais la queue de longues minutes qui me semblaient interminables, jusqu'à ce que j'obtienne mon pain et que je repartais chez moi.
Mais un jour, les haut-parleurs de la ville ont crié. Tout le monde se regardait, perplexe.
Ma sœur et mon frère ont regardé le ciel.

- Qu'est ce que vous regardez ? J'ai demandé

La réponse est venue d'elle même : un coup de tonerre a retenti.
Sauf que le ciel était vide. Puis un second. Des avions nous ont survolé.
Puis ça à été la panique générale.
Mon frère n'a pas réfléchi, il a pris ma sœur et moi sous les bras et a couru aussi vite qu'il pouvait.
Nous nous sommes précipités dans un immeuble. Les bombes pleuvaient un peu partout. Tout le monde criait et tentaient de s'enfuir dans la brume que les obus dégageaient.
Des soldats russes sont descendus, Russie a sursauté car ils ont crié :

- Des boches ?

- Nous sommes des soviétiques ! Ma sœur travaille au MGB !

Les hommes se regardèrent, puis ils nous saisirent par les bras et nous firent monter dans un appartement transformé en base de sniper. Des sacs de sable étaient posés devant les fenêtres, des tas de fusils étaient installés sur le canapé. Plusieurs pays et villes étaient prostrés sur des caissons, jumelles à la main, fusil à l'épaule.

- Les gosses derrière les sacs de sable. Qu'ils ne se lèvent pas, à moins qu'ils veuillent se prendre une balle perdue.

Nous avons obéit et nous nous y sommes adossés.
Des bruits de chars et de coups de feu ont hurlé dans la rue.

- Qu'est ce qu'il se passe dehors ? ai-je demandé

- L'enfer. a répondu l'un des gars comme s'il s'agissait d'une évidence

Ukrainia a risqué un regard hors de l'immeuble et a commencé à se relever en criant qu'elle voulait sortir.
Mon frère et moi l'avons forcé à la rasseoir.
Je veux rentrer à la maison, qu'elle continuait de répéter sans cesse comme une démente.
Russia l'a serré fort dans ses bras, puis m'a aussi prise dans son étreinte tandis que des bombes soulevaient des gerbes de pavés. La poussière tombait du plafond.
Les soldats ont fait feu dehors.
Des femmes criaient et des enfants pleuraient.
Encore des coups de feu.
Les militaires nous ont congédié dans la salle de bain pour nous y confiner.
Et ils sont partis dehors.
Dans l'enfer.

Oᔕ - ᑕOᑌᑎTᖇYᕼᑌᗰᗩᑎᔕOù les histoires vivent. Découvrez maintenant