Chapitre 1 - Boîte de nuit

650 26 0
                                    

Ambiance tamisée, musique électro, alcool, danse et drague, la boîte de nuit est en feu ce soir. Les cocktails fusent, les ivrognes pullulent, les femmes dansent comme des diablesses face aux hommes et la fête prospère.

Accoudée au comptoir et assise sur une chaise haute, je savoure ma boisson sucrée en regardant mes deux amies se dandiner, entourées d'hommes qui les convoitent. Je pousse de temps à autre quelques petits rires lorsque je perçois dans leurs yeux leur soif de sexe.

Je pose mon verre vide sur le bar puis laisse un petit soupir d'aise s'échapper de ma bouche. Même si je suis un peu désinhibée sous l'effet de l'alcool, je n'arrive toujours pas à rejoindre la foule effrénée pour y danser et me divertir. Pas que je sois timide, ni même réservée, mais l'idée que des hommes pourraient me coller comme des chiens affamés ne me plaît pas trop.

— Gwendy ! s'écrie Alison qui se précipite sur moi aux côtés de Lauren.

Je rive mon regard sur mes deux camarades et m'enquis en haussant le ton, pour que ma voix détonne de la musique ambiante :

— Qu'est-ce qu'il y a ?!

— Viens avec nous ! répond Alison avec un grand sourire aux lèvres.

— Non, non ! refusé-je en secouant négativement la tête.

Elle se saisit fermement de ma main et me tire avec elle vers la foule.

— Si, allez, viens ! insiste-t-elle.

Je me laisse emporter par sa maigre force et roule les yeux alors qu'un sourire amusé taquine mes lèvres. Même si j'adore m'amuser avec elles, je n'aime pas trop traîner dans les boîtes de nuit ; je ne suis ici que pour les accompagner. J'aurais préféré passer une soirée plus tranquille avec elles, mais elles adorent jouer les séductrices et danser jusqu'au bout de la nuit.

Presque chaque weekend, on se sépare à la fin de la soirée pour qu'elles puissent repartir dans les bras d'hommes qu'elles ont réussi à séduire. Quant à moi, je rentre à chaque fois seule ; et ce n'est pas plus mal.


Alison m'entraîne vers le centre des lieux et se saisit de mon autre main pour commencer à danser avec moi sur une musique au rythme endiablé. Je lui souris et la suis dans ses mouvements habile en la reluquant brièvement.

Alors que je suis vêtue d'une simple chemise ainsi qu'un pantalon à taille haute, elle porte une robe moulante rouge qui suggère ses formes féminines, munie d'un décolleté plongeant dévoilant la naissance de sa poitrine généreuse. Elle s'est également contrainte à porter des talons hauts ainsi que de peindre son visage d'un maquillage prononcé, en plus d'avoir parfaitement lissé ses longs cheveux blonds pour que ces derniers tombent en cascade sur ses seins. Elle a tout mis en œuvre pour pouvoir attirer le regard de ses éventuels prétendants.

Même si je la trouve très belle ainsi, je suis très vite mal à l'aise lorsque je constate que les hommes la scrutent comme si elle était une prostituée.


Alors que ça ne faisait que cinq minutes que nous dansions ensemble, un homme à la chevelure négligée vient très vite l'étreindre en enserrant ses bras autour d'elle, remuant son corps chaud derrière son dos. Elle dandine sa croupe de façon sensuelle en effleurant l'entrejambe du jeune homme qui esquisse un sourire ravi, l'air envoûté par la beauté de mon amie.

Je pousse un petit rire nerveux puis continue à danser timidement tout en reculant. Je cesse ensuite puis me dirige vers le comptoir où je m'empresse de m'asseoir sur la même chaise qu'il y a peu. Peu de personnes sont installées au bar, la plupart préfèrent se laisser entraîner par la musique effrénée de la boîte de nuit. Et c'est tant mieux.

Je soupire lourdement puis ferme un instant les paupières. Lorsque je les ouvre, je tourne la tête et croise la silhouette d'un homme assis lui aussi au comptoir, l'air exténué, le dos voûté et accoudé au meuble. Je fronce les sourcils, perplexe : ce club est connu pour ses dérives souvent sexuelles, et la plupart des hommes présents ici sont là pour se payer des femmes torrides. Pas pour s'isoler comme il le fait : mieux vaut déménager vers un endroit plus tranquille pour cela. Ou bien prend-il tout simplement une pause ?


Je finis par hausser une épaule, indifférente, et me tourne vers le barman en lui faisant signe. Ce dernier, un sourire enjôleur ancré sur ses lèvres, me demande :

— Que puis-je faire pour toi, beauté ?

J'étouffe un petit rire moqueur dans ma bouche puis remue la tête et réponds :

— J'aimerais un cosmopolitan, s'il-te-plaît.

Il hoche la tête, me fait un clin d'œil et s'en va préparer la boisson. J'ai l'habitude de le voir ici mais j'ignore comment il s'appelle ; je sais simplement qu'il est là chaque weekend en tant que barman.

Je fouille dans ma poche et extirpe quelques sous pour lui rendre la somme due que je dépose sur le bar. Après quoi, je tourne à nouveau mon attention vers mon voisin de quelques chaises. Ce dernier s'est fait accoster par deux ravissantes jeunes femmes qui lui sourient et qui caressent ses épaules. Cependant, aussi étonnant soit-il, il ne semble pas intéressé par les deux lionnes, l'air impassible quant à leur charme, un sourire las ancré sur son visage et les sourcils un peu froncés.

Les deux prétendantes ont pourtant tous les atouts physiques pour exciter n'importe quel mec. Mais il secoue négativement la tête lorsque l'une d'elles l'invite à la rejoindre sur la piste de danse. Elles insistent. Il refuse, encore. Je pousse un petit rire amusé ; il est rare de voir un homme repousser d'aussi belles femmes. J'ignore cependant s'il est beau : l'ambiance est bien trop tamisée pour que je puisse percevoir en détail les traits de son visage. Mais vu l'ardeur entretenue par les deux séductrices, il ne doit pas être banal non plus.


Elles finissent par laisser tomber et déguerpissent en retournant sur la piste de danse.

— Tiens, ma belle, dit le barman.

Je sursaute un peu lorsque je sens des doigts effleurer ma main et me retourne pour croiser le regard aguicheur du barman. Je lui offre un petit sourire gêné et le remercie avant de me saisir de ma boisson.

Je vois ses lèvres remuer mais je n'entends pas tout ce qu'il me dit. Je crispe un peu mon regard et tends mon oreille vers lui pour mieux l'écouter puis lui fais répéter sa phrase :

— J'ai un peu de temps devant moi, m'annonce-t-il à voix haute. Ça te dit qu'on parle un peu ensemble ?

Je pince mes lèvres et déglutit difficilement avant de lui répondre :

— Navrée..., j'ai envie d'être un peu seule.

— Dans un endroit pareil ? réplique-t-il d'un air taquin.

Je dodeline de la tête et ne lui réponds pas. Je sais qu'il n'a qu'un seul désir en tête : m'emmener dans son lit. Ça se voit clairement dans son regard : il n'y a pas besoin d'être un spécialiste pour y déceler cette envie.

Malgré mon silence, il insiste en se saisissant de ma main libre. Un choc électrique s'empare de tout mon corps alors que je me pétrifie, les yeux légèrement écarquillés et le cœur battant à tout rompre dans ma poitrine. Je retire ensuite ma main de son emprise et lui dis d'une voix nerveuse :

— Non..., non, ce n'est pas possible.

— Allez, décoince-toi un peu, va. Comment tu t'appelles ?

Je ne réponds pas, encore une fois, et baisse la tête. L'angoisse monte en moi. Je ne sais pas ce que je suis censée faire : rester impassible ou fuir ?

Il se saisit à nouveau de ma main. Ma respiration s'écourte. En détresse, je cherche du regard Alison pour tenter de trouver de l'aide auprès d'elle. Mais sa silhouette est fondue dans la masse et je n'arrive pas à la cerner.  

Esclave de la ChapelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant