Chapitre 3 - Fast-food (Partie 1/2)

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Après avoir récupéré mon sac à main et m'être vêtue de mon manteau, je rejoins l'extérieur. Je regarde à droite, à gauche : je ne vois personne, si ce n'est que des jeunes adultes déjà ivres qui rient aux éclats. Kerry a peut-être eu un empêchement aux vestiaires.

Je hausse les épaules puis m'adosse contre le mur de la boîte de nuit en l'attendant. Mes yeux sont rivés sur un fast-food qui fait face à cette dernière et mon ventre gargouille sous une forte odeur de friture qui taquine mon odorat. Je le masse en plaquant ma main dessus : c'est vrai que je n'ai pas trop mangé. Avec le maigre salaire de serveuse que je reçois, en plus de suivre mes cours à côté, je n'ai pas les moyens de m'offrir tous les jours de généreux repas. Ce soir, je m'étais contentée de tartines de beurre histoire de ne pas être ivre au bout d'un demi-verre.

Les secondes passent. Le froid commence à geler le bout de mes doigts. Inquiète, je regarde à nouveau autour de moi. Peut-être est-il déjà parti ? peut-être qu'il se moquait de moi quand il disait vouloir parler avec moi à l'extérieur.

Mon cœur se serre subitement. Mes tripes me font mal, comme si j'angoissais. Je suis trop naïve : pourquoi j'ai cru en un homme qui se trouvait dans la même boîte de nuit que moi ?


Dépitée, je soupire puis me décolle du mur. Mais alors que je m'apprêtais à partir, j'entends quelqu'un dire à haute voix :

— Madame !

Curieuse, je regarde derrière moi et croise le sourire de Kerry qui s'habille de son trench beige tout en sortant de la boîte. Je bats des cils, surprise, et reste pontoise en l'observant d'un air intrigué. Il s'approche de moi et m'explique d'une voix désolée :

— Pardonnez-moi..., l'agent dans les vestiaires ne trouvaient plus ma veste. Fort heureusement que l'étiquette portant mon nom avait été posée dessus, ou bien je serais reparti dans le froid sans quoi me couvrir.

— Ce n'est rien..., répliqué-je timidement.

— Si, si, tout de même. Pour me faire pardonner, vous voulez que je vous offre un verre dans un endroit plus tranquille ?

J'hésite : je n'ai pas vraiment envie de boire davantage d'alcool. Je sens déjà que ma tête tourne. Mais en même temps, je ne peux pas refuser une telle invitation, surtout avec un si bel homme qui me regarde avec un sourire charmant.

Je sens mes joues rougir et dodeline de la tête dans ma réflexion. Mais alors qu'un silence se faisait entre nous, mon ventre gargouille à nouveau et plus fortement qu'il y a quelques minutes. Embarrassée, je plaque mes deux mains dessus et sens la chaleur s'intensifier sur mon visage. Cela décroche un petit rire amusé chez Kerry qui me taquine :

— On a faim ?

— Je n'ai pas beaucoup mangé..., admis-je.

— Vous voulez qu'on aille dans un restaurant ?

— Au restaurant... ? n-non..., balbutié-je. Enfin si ! non.

Je lève les mains et les crispe au niveau de mes tempes. Il doit me prendre pour une idiote... ou une folle, peut-être.

— Allons, détendez-vous, dit-il accompagné d'un rire. M'enfin, de toute façon je pense qu'à cette heure-ci il n'y a que les fast-foods qui sont ouverts. Cela vous dit quand même ? histoire de palier à votre faim.

— Ça va aller... je vais pouvoir survivre, répondis-je en poussant un petit ricanement.

— Bah voyons ! allez, venez.

Il me fait un signe de la main et je le suis en lui souriant bêtement.

— A moins que vous n'aimiez pas les fast-foods ? s'enquit-il en marchant.

Esclave de la ChapelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant