Esclave de la Chapelle

Chapitre 5 - Anxiété

Allongée sur mon lit, les mains plaquées sur mon téléphone posé sur mon ventre, je n'arrive pas à trouver le sommeil. Mes yeux se perdent parmi l'obscurité régnant au plafond, mon cœur bat douloureusement dans ma poitrine et mon souffle s'écourte un peu plus à chaque pulsation.

Je souffre comme si je ressentais un vide intense au sein de mon existence. Comme si la présence de Kerry avait réussi à appesantir durant ces quelques heures le lourd fardeau de ma solitude. Et malgré toute la volonté que j'y mets, je n'arrive pas à le faire sortir de mes pensées. Il me hante, lui, son visage ni trop carré, ni trop rond, son regard envoûtant, ses sourires enivrants.

Je me retiens pour ne pas lui envoyer de message. Je ne veux pas paraître comme une fille qui est déjà totalement accro à lui au point de vouloir lui parler au milieu de la nuit. Je dois me maîtriser, garder mes distances avec ce bel homme que je connais à peine, même si l'envie de lui parler me démange terriblement. De toute façon, à cette heure-ci, il doit être en train de dormir.

Et qui sait ? peut-être qu'il est retourné en boîte de nuit et qu'il a attrapé une jolie jeune femme au passage. Peut-être qu'il s'est joué de moi pour me faire croire qu'il n'était pas comme les autres hommes. Alors qu'au final, il n'est sûrement qu'un beau-parleur, comme beaucoup.

Je soupire d'exaspération et ferme les yeux. Il faut vraiment que j'arrête de me faire des histoires. J'en deviens dingue. Au fond de moi, je sais que j'espère que Kerry ne serait pas comme les autres. Il est si beau, et il a l'air d'être si sensible, touchant et bienveillant. Mais avec sa grande beauté, son sourire ravageur, son physique avantageux et sa douceur, beaucoup de femmes doivent tourner autour de lui. Et je n'en suis qu'une parmi tant d'autres, c'est certain.

Après m'être nerveusement frotté le visage, je me redresse sur mon lit et regarde mon studio qui ne fait que deux pas de longueur. Une vraie boîte à chaussure, mais avec le maigre budget que je dispose pour pouvoir me loger et faire mes études, je m'en contente. J'ai décoré les lieux de quelques plantes que j'avais trouvées en solde, de livres qui traînent par-ci par-là ainsi que de papiers et de matériaux de dessin qui s'étendent sur mon bureau.

Après avoir sondé mon appartement plongé dans l'obscurité, mes yeux se posent sur le portrait de ma sœur, mon frère et moi que j'avais pris soin d'encadrer, et qui est à peine éclairé par les éclats argentés de la lune. Ma sœur, Elyssa, et mon frère, Nohan, sont tout ce qui est de plus précieux à mes yeux. Jamais je n'aurais imaginé pouvoir vivre sans eux. Et pourtant, Elyssa, ma complice, ma meilleure amie, ma confidente, a disparu, et ce depuis deux mois. Ou tout du moins, ne me donne plus autant de nouvelles qu'avant.

Avant cela, nous nous appelions tous les jours, et lorsque nous n'en avions pas la possibilité, nous nous envoyions au moins un petit message pour rassurer l'autre. Depuis qu'elle est partie en Ecosse avec son fiancé, je n'ai plus beaucoup de nouvelles d'elle, si ce n'est que quelques appels brefs où elle m'assure qu'elle va bien. Ce n'est pas de son genre de partir ainsi sans donner d'explications. Ni même de rester muette durant de longs jours. Et cela m'inquiète, beaucoup.

Son futur mari, Aïdan, n'est également pas du genre à ne pas laisser de nouvelles plus d'une semaine. Au moins une fois tous les trois jours, il m'envoie des messages pour parler de diverses choses. Et là, plus rien. Pas un seul message de sa part depuis deux mois. Ni même un petit coup de fil pour m'avertir de quoi que ce soit.

A croire que tous les deux ont voulu partir en vacances en Ecosse, mais ils m'auraient prévenue si c'était le cas. A moins que cela a été fait sur un coup de tête. Cependant cela m'étonnerait que ma sœur ne me prévienne qu'une semaine après leur départ. Car j'estime que, du moment où je n'ai plus eu de message de sa part, c'est lorsqu'elle est partie avec Aïdan plus au nord. Ou alors je me fais des histoires, encore une fois ?