Chapitre 13 - Palpitations (Partie 1/3)

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Après bien dix minutes de promenade en voiture, où nous avions traversé les champs de maisons recouvertes du voile noir de la nuit, nous arrivons dans un quartier calme au périphérique de Blackpool. Les résidences sont propres, grandes, très bien entretenues, avec un jardin de façade qui ferait pâlir les adeptes suédois du perfectionnisme esthétique tant il est admirablement bien taillé.

Nous nous arrêtons devant l'une de ces bâtisses, sur un petit chemin en goudron menant vers la grande porte d'un garage. Leandro coupe le contact, se saisit de son petit sac à main conçu spécialement pour la gent masculine, agrémenté d'un brin de féminité dans la couture fine, puis m'offre un grand sourire et s'enquit :

—    Tout va bien ?

Je hoche la tête en guise de réponse et rajoute :

—    Oui, je vais bien.

Il doit remarquer le trouble qui parasite mon regard. Je suis toujours entre l'angoisse de me retrouver seule avec Leandro et la culpabilité de laisser Kerry de côté, tout du moins pour cette soirée.


Il pose délicatement sa main sur mon épaule et m'assure :

—    Ne t'en fais pas. Je souhaite simplement faire connaissance avec toi. Je ne suis pas adepte des restaurants pour cela... mais je peux comprendre que te retrouver chez moi te rende nerveuse. Je te rassure, je ne compte rien tenter, d'accord ?

Je hoche à nouveau la tête et lui souris. Il semble sincère. Mais peut-être que ce n'est qu'un beau masque pour cacher un mauvais jeu. Qu'importe : je vais tenter de garder mon portable tout près de moi durant toute la soirée.

Nous descendons de la voiture et nous dirigeons vers la porte d'entrée de la maison de Leandro. Nous pénétrons ensuite les lieux et, lorsque les lumières s'allument, je découvre une entrée menant tout droit sur un grand séjour au style très contemporain et épuré.

Il m'aide à retirer mon manteau, prend mon sac à main pour le déposer sur un petit meuble dédié à cet effet. Je le remercie timidement, accompagné d'un petit sourire, puis m'empresse de m'avancer vers ce qui semble être le salon.


C'est immense. J'ignore comment il fait pour vivre seul dans un habitat aussi grand. Ou peut-être n'est-il pas seul, en fin de compte ? qu'importe. J'apprécie ses goûts esthétiques, sa décoration, l'ambiance qu'il a su mettre dans son séjour.

Le canapé en velours noir fait face à une immense télévision posée sur un meuble laqué et rouge bordeaux. Un tapis à couleur unis et blanc cassé recouvre le parquet. Des tableaux représentant bien souvent Londres ou les paysages enchanteurs d'Irlande sont accrochés par-ci par-là. Des plantes, souvent exotiques, agrémentent l'atmosphère d'une touche de chaleur agréable.

Je m'y sens étrangement à l'aise, et ce malgré les tensions qui me rongent encore. Au moins je ne peux pas reprocher à Leandro d'avoir un certain goût pour l'esthétique. Cela trompe bien souvent une certaine sensibilité chez la personne. Souvent... pas tout le temps. Il existe quelques rares exceptions.

—    Installe-toi, m'invite-t-il d'une voix douce en présentant son grand canapé.

Je lui souris et prends alors place sur le sofa très confortable. J'ignorais qu'avec un salaire de militaire il pourrait s'offrir de tels luxes, à moins que ses parents soient très riches et lui permettent d'obtenir tout ceci, ce qui est possible.


Il s'installe à son tour, à côté de moi, en laissant une distance respective entre nous. Il soupire longuement, comme soulagé d'enfin s'asseoir, ferme brièvement les yeux puis les rive sur moi. Je lui offre un timide sourire qu'il me rend en retour, frotte affectueusement mon bras et me dit :

Esclave de la ChapelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant