Chapitre 10 - Frissons

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Après plus de deux heures à parler de diverses choses au sein du restaurant-café, nous en sortons et rencontrons la nuit qui tombe déjà sur Blackpool. Malgré nos longues conversations, je n'ai jamais pu lui parler de Kerry tant je divaguais dans nos nombreux sujets. Il sait comment mener une discussion à la perfection, trompant une certaine et belle éloquence chez lui.

Je m'accroche à son bras tandis que nous longeons les quais de Blackpool. Un vent glacial mêlé à des effluves marins souffle sur la ville. Malgré cette fin de journée, les familles, les solitaires, les couples et les groupes d'amis profitent pleinement de cette journée de dimanche pour pavaner dans les alentours et savourer ces instants de liberté avant de retourner au travail demain. Et même s'il y a du monde qui nous entoure, nous restons tranquilles, le regard contemplatif, l'air paisible.

Je sais que je ne devrais pas être aussi proche de lui, mais je tente d'appliquer les conseils d'Alison qui sont de se rapprocher de lui pour pouvoir soutirer un maximum d'informations. Et, même si j'ai beaucoup de mal à l'admettre, je me sens bien avec lui...

Je m'exaspère. Voilà qu'un bel homme m'offre un peu d'attention et je serais prête à tomber dans ses bras. Je dois rester vigilante : lui ou Kerry est potentiellement dangereux et suspicieux.


Il se saisit tendrement de ma main. La chaleur de sa paume blottie contre la mienne me fait frémir de plaisir. Il m'observe avec un doux sourire et me tire vers le bord de la plage à peine éclairé par le crépuscule jalonné de nuages gris.

Je me pétrifie une brève seconde avant de daigner le suivre. Mon cœur bat à tout rompre dans ma poitrine. Mes jambes tremblotent un peu. Mon souffle s'accélère. Mais une joie étrange rayonne au creux de mon âme. Je tente cependant de dissimuler cette gaieté en gardant un air des plus neutres, mais un petit sourire vient parfois taquiner mes lèvres recouvertes de baume que j'ai mis en quittant le restaurant.

Nous marchons sur le sable compacte, dû à la forte humidité présente dans l'atmosphère, et nous approchons peu à peu de la mer qui reflète les lueurs orangées du crépuscule. Je contemple l'horizon d'un air émerveillé. J'ai beau avoir l'habitude d'observer ce genre de paysage, surtout au printemps, je le trouve toujours aussi magnifique et reposant.


Nous nous arrêtons de marcher et restons figés face à la mer, en silence. Malgré le calme ambiant, mon cœur continue à tambouriner au creux de mon buste et mon souffle devient de plus en plus difficile. Je tente de contenir ma nervosité en crispant un peu les épaules et en croisant les bras.

J'ignore pourquoi Leandro m'a emmenée jusqu'ici. Peut-être pour contempler une dernière fois le crépuscule avant de la nuit ne domine sur le ciel.

Mais alors que de petites minutes s'écoulent, je sens que Leandro enroule son bras autour de moi et pose sa main sur le flanc de ma hanche en tirant légèrement le pan du manteau vers l'arrière. Surprise, ma respiration se coupe une brève seconde avant que je devienne rouge écarlate. Un petit rire nerveux s'échappe de ma bouche alors que je n'ose même pas le regarder. Mais je le sens, je le sais, il m'observe.

En guise de réponse, je me blottis timidement contre lui. La chaleur de son corps et son odeur boisée me réconfortent dans mes tensions. Je ferme un instant les yeux et tente de passer outre mes appréhensions pour profiter un peu de l'instant. Car ce n'est pas tous les jours que je me retrouve blottie contre un aussi bel homme.


Il caresse très tendrement ma hanche avec son pouce et remonte parfois ses doigts pour effleurer ma taille. Cela me provoque quelques frissons agréables qui hérissent ma peau, en plus du froid nocturne qui tombe peu à peu sur nous.

Esclave de la ChapelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant