J-17

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Je me réveille avec l'agréable odeur des croissants qui embaume ma maison. Je souris intérieurement.
J'entends Zack bouger dans la cuisine. Je décide de le rejoindre.

"- Ça va mieux ? me demande-t-il
- Oui, merci d'être resté pour moi.
- Derien Abby, c'est normal. Tu as prévu quelque chose aujourd'hui ?
- Pas spécialement pourquoi ?
- Je vais t'emmener avec moi. Tu ne dois pas rester seule. Ça te va ?
- Je te fais confiance. "

Je pars m'habiller.

Zack a toujours privilégié son vélo pour aller librement où il veut. Mais en semaine, il ne veut pas le prendre car je n'aime pas le vélo et que je prends le bus. Il préfère faire le trajet avec moi ce que j'apprécie également.

Tout ça pour dire que je me retrouve sur le porte-bagages du vélo de Zack et que nous filons vers un lieu que je connais bien. Un lieu mythique de notre enfance.

Le parc du milieu de la ville est enfin devant nous. C'est celui auquel nous allions enfants, Lysandre, Zack et moi.

La star de ce parc est sans aucun doute la géante toile d'araignée au centre. Lysandre n'était pas du tout souple. Zack a tout simplement le vertige. Un vertige maladif. J'étais la seule à pouvoir monter jusqu'en haut, à pouvoir écrire mon prénom au feutre permanent au sommet, comme pour dire " j'ai conquéri ce bout du parc".

Et pourtant aujourd'hui Zack se dirige vers la toile sans hésitation.

"- Zack ! je pars en courant le rejoindre
- Abby !
- Zack... je dis essoufflée, à la base de la toile, tu as toujours eu le vertige. Tu vas te faire beaucoup trop peur là-dessus."

Je commence à monter pour essayer de le rejoindre puisque je prédis mentalement ce qu'il va se passer après. Il l'a déjà fait quelques fois, sur l'impulsion du moment. 

"- Tu vois Abby, si je n'essaie pas ça aujourd'hui, ça sera jamais. Alors tu vas m'aider à monter.
- Tu vas te torturer tout seul en faisant ça, c'est ridicule.
- Je vais y arriver."

Il monte. Je le regarde bouche bée accéder au premier étage, puis au deuxième. Et puis d'un seul coup, plus rien. Il s'est arrêté entre le deuxième et le dernier étage.

"- Zack ?
- J'ai peur. J'entends sa minuscule voix qui résonne dans le parc.
- Ne bouge pas, j'arrive."

Ni une ni deux, j'arrive à son niveau et m'assieds sur un cordage.

"- Tu as gravi plus de la moitié. Tu peux aller jusqu'en haut, je crois en toi. Tu peux le faire.
- Non je peux pas.
- Si tu peux.
- Non.
- Bon, alors on va redescendre tout doucement.
- Ça veut dire que j'aurai pas réussi à le faire.
- Oui mais c'est pas grave, tu pourras..."

Zack est arrivé au sommet.

"- Et remettre ça à demain ? Jamais ! Tu crois que c'est cher un saut en parachute ?
- Tu es en haut d'une toile de sept mètres que tu as eu du mal à gravir et tu parles de plusieurs centaines de mètres de chute dans le vide. Tu es vraiment incroyable.
- Je sais, je sais. "

Il regarde en bas et arrête de rire.

"- Je pense que je vais avoir besoin de ton aide pour descendre Abby.
- Tu m'énerves des fois Zack."

Je grimpe à son niveau.

"- D'accord, alors ne regarde surtout pas en bas.
- Oui comme d'habitude, je sais.
- Oh, tu m'as demandé de t'aider non ?
- Oui oui Abby, vas y.
- Alors, comme d'habitude, tu regardes soit le ciel, soit tu me regardes droit dans les yeux, mais surtout pas en bas."

En général quand je donne ce conseil, Zack choisit la première option. Quand il a essayé de me regarder dans les yeux je me suis mise à pleurer tant j'ai capté la détresse de mon meilleur ami. Ça a fonctionné puisque Zack a surmonté sa peur pour me consoler.

Et aujourd'hui Zack ne regarde pas le ciel. Il me regarde droit dans les yeux.

"- Excuse moi Abby, j'aurais pas dû.
- Pas dû me regarder ?
- Non.
- Pas dû vouloir faire du saut en parachute.
- Non plus.
- Pas dû monter sur cette toile ?
- Oui.
- Tu as voulu saisir une opportunité Zack, je sais à quel point tu peux être spontané.
- Putain mais quel genre de connerie j'ai fait."

Il tape fort la corde du pied.

"- Arrêtes ça Zack !
- Excuses moi, je me saoule moi-même à faire de la merde.
- Eh, tu n'as pas fait de la merde, c'est moi. J'aurais dû te retenir.
- On est deux cons en train de s'engueuler parce que j'ai le vertige.
- Oui. Bon, on descend.
- Non on est bien ici je trouve.
- Zack ...
- Bon ok. J'ai l'autorisation de te regarder sans que tu pleures ?
- Oui, aller prends ma main."

Nous descendons doucement le long de la toile. Je suis sur que je vais avoir la trace de la main de Zack sur mon poignet tellement il le serre fort. C'est assez perturbant de voir la détresse dans son regard, mais en même temps de voir comment le mien agit sur sa peur. Il est un peu plus détendu.

Aussitôt que nous avons tous les deux les pieds sur la terre ferme, Zack me prend dans ses bras.

"- Jamais je ne pourrais assez te remercier de ne pas me juger sur ce genre d'accident Abby. Tu es vraiment incroyable...
- C'est bon, c'est bon. Je ne t'ai pas non plus sauvé d'un immeuble en flammes. "

À chaque fois c'est la même chose quand je sauve Zack. Une fois le danger évité il me lance un discours sur à quel point je suis formidable.

"- Comment tu fais pour me supporter au quotidien Abby.

- J'ai pris l'habitude. Tout simplement.

- Il me faudrait vraiment quelqu'un qui ait l'habitude dans ma vie amoureuse."

Cette remarque me laisse perplexe. Serait-il possible que Zack m'ait lancé un sous entendu ? 

Mon calendrier de l'AventOù les histoires vivent. Découvrez maintenant