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Je me réveille dans le canapé, Emy collée à moi, bavant à moitié sur mon haut.
J'ai mal au crâne et au ventre, mais je me souviens de la soirée, et je me souviens surtout que je n'ai pas fait de conneries.
Je laisse Emy et sa bave sur le canapé et vais rejoindre le groupe des réveillés dans la cuisine, Max, Lysandre et Antoine sont debout et apprennent à se connaître. Ça fait bizarre de voir Max à côté de mes deux amis de maternelle.
Je vais les rejoindre
"- J'ai un peu trop forcé sur l'alcool je crois. dit Antoine en me regardant
- M'en parle même pas. je lui réponds"
Lysandre me tend une gélule de paracétamol et un verre d'eau.
Je regarde les autres dormir. Mes yeux s'attardent un peu plus sur mon nouveau copain. Qu'est-ce qu'il est beau quand il dort quand même. Il se réveille quelques minutes après.

Ce qui est génial après une fête, c'est de ranger, on a toujours fait ça à deux avec Zack. Aujourd'hui ne fait pas exception. Les derniers invités sont partis et il est sous la douche. J'en profite pour regarder les photos de la soirée.
"- Abby !
- Oui ?
- Il est où déjà le sèche-cheveux ?
- Deuxième tiroir !
- Je le trouve pas !"
Je lève mon séant de la chaise qui le supportait.
"- Je peux entrer ?
- Fais comme chez toi !"
Sourire.
J'entre dans la salle de bains et vois Zack, torse nu, une serviette autour de la taille. Son reflet dans le miroir me regarde. Ses cheveux sont décoiffés et putain ce que son corps est sculpté. Ce genre de gars qui ferait craquer n'importe quelle fille. Mais Zack est bien plus qu'un corps, c'est un esprit gentil et drôle, protecteur et confident. Le portrait de l'homme parfait se dresse devant moi. Il se rapproche de moi.

"- Abby ?
- Oui ?
- Vu que tu n'as pas l'air décidée à me montrer où est le sèche-cheveux tu peux me passer une serviette ?"
Je prends son maudit sèche-cheveux et le claque sur le rebord de l'évier.
" J'ai fait quelque chose de mal ? Abby ? Ab..."
Il sort de la salle de bains et me prend le bras, mais me voyant immobile, s'arrête, comme je l'ai fait quelques secondes avant et lève la tête.
" - Partez ! dit-il
- Abby ? Pourquoi tu ne veux pas m'écouter ?
- Je refuse ... d'entendre... tes ... ex...cu...ses..."
Je serre les dents pour ne pas exploser de rage.
Zack prend fermement mes bras avec ses mains en signe de soutien.
"- Comment es-tu rentré ... Papa ?
- La serrure n'a pas changé, j'ai toujours eu mes clés avec moi, ton porte-clés de ma première fête des pères y est toujours d'ailleurs. Je me suis dit qu'elles pourraient être utiles, le jour où j'aurais décidé de revenir."

Silence.
Il avait envisagé de revenir.
Envisagé. Comme si sa famille n'était rien de plus qu'une option.

"- Tu as des obligations ou plutôt tu avais des obligations. Je me contrefous de ce qui t'a poussé à nous abandonner. Je me contrefous que tu aies vécu une période difficile. J'ai vécu une période impossible, de détresse, parce que j'avais perdu un repère, un pilier, un père.
Aujourd'hui, je te demande de quitter cette maison comme tu sais si bien le faire, de me rendre les clés et de ne plus jamais venir. Jamais
- Non s'il te plaît Abby, pas mes clés.
- Si.
- Ton cadeau... importe tellement pour moi. C'est un peu la seule source de joie que j'ai."

Je lui fais signe de me donner ses clés. Il me les donne et une larme coule sur sa joue.

Je regarde Zack et lui demande du regard
" - Qu'est-ce que je fais ?
- Ce que tu penses être le plus juste."

Je prends les clés, enlève le porte-clés que j'avais fait à mon père de l'anneau qui le reliait aux clés, rend le porte-clés à mon père qui me gratifie d'un timide "Merci", tout penaud. Il me fait presque de la peine. Puis je le ramène à la porte et quand elle est refermée derrière lui, la ferme à double tour.

Puis je prends les clés de Zack dans sa poche de manteau et j'y accroche cette fameuse clé. La clé de chez moi.

"- Ca va ? me demande-t-il doucement en revenant à mes côtés.

- Oui, enfin je crois. Je sais plus trop où j'en suis avec lui. Qu'est ce que tu penses que je devrais faire ? 

- Peut-être que ça te ferait du bien de le laisser parler, tu penses pas ? 

- Pour qu'il me serve des excuses toutes faites ? Ca ne m'intéresse pas.

- Peut-être qu'il veut te dire quelque chose de plus profond que des excuses toutes faites.

- Je sais pas trop, et si ça me faisait encore plus de mal ? Tout le monde me conseille de l'écouter mais peut-être que je vais finir par lui sauter à la gorge comme avec Phil.

- Abby, cet accident n'était pas du tout représentatif de qui tu es. Tu ne vas pas lui sauter à la gorge. Tu voudrais que je t'accompagne ? 

- Je voudrais bien oui."

Toute la journée je rumine sur le choix à faire. Laisser parle mon père ne sera pas chose aisée, il m'a blessée de la pire des manières. D'un autre côté, tout le monde me dit que je devrais l'écouter. La décision me revient, bien entendu et je sais que tout le monde me soutiendra quoiqu'il arrive. J'ai peur d'apprendre quelque chose que je ne connaîtrai pas et qui me bouleverserai totalement. Si je ne lui parle pas, c'est peut-être plus par peur que par colère. 

Le soir venu, j'accueille Léo, un ami du lycée, mais ma tête est ailleurs. Ma décision est prise, je ne reviendrai pas en arrière. 

Je vais accepter de l'écouter.


Mon calendrier de l'AventOù les histoires vivent. Découvrez maintenant