Déclarée coupable

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Les rendez-vous chez le psychanalyste s'enchaînaient et pourtant il ne semblait pas s'intéresser à mon petit frère. Certes, il posait des questions ,mais celles-ci concernaient plus le genre d'accouchement qu'avait eu ma mère que les difficultés qu'elle rencontrait avec mon frère. Lassé de sans cesse devoir se répéter et du peu d'intérêt que ce médecin accordait à mon frère ,ma mère décida de mettre fin à leur collaboration et réclama à ce qu'il fasse parvenir ses conclusions au neuropédiatre qui le suivait. Conclusion qui fait d'ailleurs beaucoup rire ma mère aujourd'hui, mais ce fut loin d'être le cas à l'époque. Les conclusions étaient que la césarienne qu'avait eu ma mère avait empêché mon frère de faire un lien affectif avec elle et que le fait qu'elle n'avait pas pu continuer de l'allaiter lui avait certainement provoqué des séquelles irréversibles. Apparemment ce médecin avait dû louper quelques cours pendant son cursus de médecine car si on écoutait son délire cela voudrait dire que toutes les mères ayant eu des césariennes et se retrouvant dans l'impossibilité de pouvoir allaiter risqueraient de provoquer des séquelles à leur enfant. Quand on sait le nombre de césariennes qui est pratiqué à l'heure d'aujourd'hui sur la demande de certaines mères, et ce même hors contexte de danger pour leur enfant ainsi que le nombres d'entre elles qui décident de ne pas allaiter afin de pouvoir retourner travailler plus rapidement, la moitié de la population serait certainement atteinte de séquelles. Je sais ,je suis ironique, mais comment ne pas l'être face à une telle imbécillité . Ma mère avait complètement halluciné en attendant cela surtout quand le neuropédiatre l'informa que ce psychanalyste lui conseillait fortement de suivre une psychothérapie . Ma mère crut rêver c'était mon frère qui était en difficulté et c'était elle qui devait suivre une psychothérapie. Autant vous dire que quand le neuropédiatre proposa à ma mère d'aller en consulter un autre, elle a signé des deux mains . Mais on ne peut pas dire que les suivants furent mieux que leur prédécesseur. Entre celui qui définissait ma mère comme étant trop surprotectrice voire castratrice et celle qui disait au contraire qu'elle était aussi froide qu'un frigidaire, il y avait vraiment de quoi y perdre son latin. Le grâle fut quand une d'entre eux avait dit à mon père que s'il voulait que son enfant évolue correctement qu'il fallait l'éloigner de ma mère. Ma mère avait d'ailleurs pleuré toutes les larmes de son corps suite à cette dernière conclusion. Comme si, elle ne se sentait pas déjà assez coupable de la situation ,il fallait qu'ils en rajoutent une couche. Mon frère n'avait été observé par aucun d'eux, seule ma mère semblait les intérresser. Ma mère avait été déclarée coupable de s'inquièter pour son enfant qui n'évoluait pas normalement, coupable de chercher à savoir pourquoi il était comme cela . Mais dites-moi quelle mère ne se serait pas inquiétée dans ces circonstances ! Dites-moi quelle mère ne voudrait pas de réponse face à la détresse de son enfant ! La seule chose que ma mère voulait était aider son enfant et pourtant c'était elle que l'on jugeait. Personne ne voyait la détresse de mon frère, personne mise à part elle. A partir de ce jour, elle sut qu'elle devrait se battre seule.

L'autisme : Le combat d'une mère ( Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant