L'imposteur [satire]

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L'imposteur [Satire].


Le bruit d'un tabouret qu'on traîne sur le sol résonnait sinistrement dans la pièce vide, faisant écho à la mort.

La faucheuse, quand à elle, était debout et elle attendait patiemment. Sa grande capuche couvrait son visage et sa présence était si effrayante que même le chat qui observait la scène s'en était allé.

Comme s'il avait été fou, ou presque, comme s'il avait été la seule personne à ne pas l'avoir vu, le jeune homme continuait ses affaires.

Tandis qu'il ferma les rideaux, plongeant la pièce dans une pénombre dont il ne ressortirait jamais, la faucheuse regardait l'heure, impatiente.

Un dernier soupire, une dernière larme, une dernière plainte à ce monde qui n'écoute qu'à qui le demande. Il ne réalisait pas encore ce qu'il était en train de faire, cette scène qu'il avait rejouer encore et encore dans sa tête ces derniers mois était réelle.

Il allait enfin pouvoir couper le cordon avec cet univers où les gens le regardent étrangement. Comme s'il avait été habité par le malin, dés son plus jeune âge, on l'avait moqué parce qu'il était orphelin.

Mais qui pouvait prétendre le contraire ? Sûrement pas ses parents.

Ainsi, ressassant une dernière fois ces souvenirs douloureux qui l'ont torturé nuit et jour tout au long de sa misérable vie, il saisit la corde à sa gauche. La petite table en bois sur laquelle était posée cette dernière semblait elle aussi sur le point de rendre l'âme. On aurait dit que même les objets lui jouaient un mauvais tour.

La faucheuse sourit malicieusement, ce moment tant attendu !

Alors, il grimpa sur la chaise. Pourquoi pleurait-il ? Il était pourtant sûr de ne pas vouloir vivre, alors pourquoi, bon sang pouvait-il bien pleurer ?!

Soudain, on frappe à la porte. Une voix, celle d'une femme, l'appelait.

Précipité par les événements et sans possibilité de pouvoir remettre en cause une dernière fois sa décision, il attache la corde à l'anneau de fer fixer au plafond qui avait, il y a bien longtemps, servi à accrocher la moustiquaire sur le lit de ses enfants.

Ses enfants...

Plus déterminé que jamais et malgré les coups incessants contre la porte, il fait un nœud. C'est absurde ! Il n'est même pas sûr de comment faire le nœud, il a juste vu un tuto sur internet...

Ainsi, il pousse sa tête à l'intérieur du nœud et il leva la tête. Fixant droit devant lui la mort dans les yeux. Et il avait cesser de pleurer mais les larmes coulaient encore le long de ces joues et ces yeux rougies et son nez dégoulinant de morve ne faisaient que pousser les émotions de cet instant à leur paroxysme.

Et la faucheuse se délecta de ce regard plein d'émotions, et si elle avait eu des pupilles, elles se seraient dilatées pour sûr !

C'était digne d'une pièce de théâtre. Oui. Oui. Oui. Oui ! Oui ! Oui ! La faucheuse aimait ce moment, voir cette corde s'enrouler autour de ce cou dans lequel résonne encore les battements de cœur. Les derniers battements... Les os de ce qui fût un jour sa main, se crispèrent autour de sa faux.

Et lorsque Nous dîmes aux Anges : "Prosternez-vous devant Adam".

Alors, brandissant sa faux, la capuche de la faucheuse tomba à la renverse. Malgré le peu de lumière, le métal de la faux brillait clairement, suspendu au-dessus de la tête du seul être fait de chair et de sang dans la pièce.

Elle était prête à... faucher ! Faucher hystériquement et inlassablement.

Ils se prosternèrent,

La porte s'ouvrit soudainement, la femme avait finalement enfoncée la porte. L'homme fondait en larmes avant de se défaire de l'emprise de la corde, il descendit et ses sanglots reprirent tandis qu'il se cachait dans les bras de cet ange venu lui porter secours.

En faisant cela, il était passé à travers le spectre de la faucheuse qui, peu à peu, s'effaçait.

excepté Iblîs.

Ce fût le sourire du diable qui s'évanouit.

Car enfin, ce n'était pas l'heure de la mort et il n'y avait qu'un imposteur pour vous faire croire ça.

It's all in your heads.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant