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Une silhouette se glissait dans les rues de la ville, sans faire attention aux calèches qui passaient, éclaboussant d'eau sale les rares passants qui se pressaient de rentrer chez eux. Elle continuait son chemin, sans leur accorder un regard, le visage dissimulé sous l'épaisse cape de fourrure qui ne la protégeait guère des caprices du ciel.

Le château n'était plus très loin, elle en apercevait déjà le sommet des hautes tours de pierre grise au dessus des toits des habitations du haut quartier. Encore quelques minutes de marche et elle y arriverait.

S'assurant pour la quinzième fois - au moins - de la présence de la convocation et de ses armes, accrochées à sa ceinture, elle accéléra le pas. Traversant les quartiers bourgeois sans s'attarder sur les luxueuse bâtisses, aujourd'hui ternes.
L'eau ruisselait dans les caniveaux, les pavés déjà glissants par beau temps devenaient particulièrement dangereux si l'on n'y prenait garde.

D'un pas agile, elle avança. Les grandes portes étaient désormais visibles et se rapprochaient. Elles étaient fermées et probablement scellées et gardées par des sentinelles se relayant toutes les heures. Cela n'a pas toujours été ainsi. Moins d'un mois auparavant, elle restaient ouvertes de l'aube au crépuscule, laissant les gens de toute catégorie sociale demander audience à l'empereur.
A présent, les demandeurs étaient fouillés à l'entrée et si la demande n'était pas jugée importante, l'individu retournait chez lui sans avoir pu faire un pas dans l'édifice.

La cause de ce changement ?

Un assassin bien entraîné qui sévissait depuis peu. Il ne laissait jamais aucune trace derrière lui si ce n'est des cadavres de magiciens. D'après les observations faites par les soldats, les victimes étaient égorgées et les corps, placés dans des lieux très fréquentés. Soit le meurtrier est stupide, soit il est très intelligent.

Et le plus surprenant est qu'il n'y avait jamais de témoin. A moins qu'ils aient peur d'être les prochains sur la liste des morts qui s'agrandit de jour en jour.

La silhouette était maintenant face aux deux battants en bois de chêne et frappa trois coups, de sorte à ce qu'on l'entende de l'autre côté.
Une petite trappe à hauteur des yeux s'ouvrit sur un visage peu amène. Son regard d'acier aurait pu la faire frémir si elle n'était pas ce qu'elle était.

— Vous voulez quoi ? quetionna-t-il sans aucune politesse

Cela ne l'étonna nullement. Les soldats de l'empereur de Varanos n'était pas réputés pour leur sympathie.

— On ne salue pas une vieille amie ? répliqua-t-elle, narquoise.

Elle retira juste assez sa capuche afin qu'il puisse l'identifier. Ses sourcils se froncèrent. Il referma la trappe.
La jeune femme attendit quelques secondes avant d'entendre quelque chose glisser contre les portes avant que celles-ci ne soient par quatre soldats musclés. Les battants étant très lourds, il en avait fallu deux de chaque côté. Il les refermèrent juste derrière elle et la saluèrent d'un froid signe de tête.

Il faut dire que les assassins, même ceux engagés par l'Empereur, n'étaient pas très appréciés dans les environs. Neriah ne faisait rien pour l'être. Son métier était d'exécuter des missions. Pas de se faire des amis.

— Conduis-moi au Puissant ! ordonna-t-elle à l'homme qui lui avait ouvert.

— Dépose tes armes ! répliqua celui-ci en croisant les bras sur sa poitrine. Tu les récupèreras en partant.

La jeune femme soupira, elle savait qu'elle ne pouvait pas faire autrement, mais sans elles, elle se sentait démunie. Elle sortit donc deux dagues de ses bottes, un poignard de sa ceinture ainsi que cinq couteaux de lancé, deux stylets cachés sous les manche de son gilet en cuir et deux baguettes de métal très fin de ses cheveux, les faisant retomber sur ses épaules et les jeta tous à terre.

Assassins 1 - Les Reliques noiresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant