Elle ne pouvait rêver mieux pour cette mission. Voler des babioles à des magiciens, accompagnée par la personne qu'elle supportait le moins en ce monde.

Alucard la devançait de quelques mètres. Cela faisait quelques heures qu'ils avaient quitté la capitale. Ils galopaient à présent dans une vallée bordée de collines, les habitations se faisaient rares dans cette endroit, pourtant magnifique. L'air y était pur et une rivière s'écoulait non loin. Leurs capes flottaient au vent. Les capuches tenant difficilement sur la tête à cette allure, leurs visages étaient à présent exposés à la pluie battante. Les deux cavaliers étaient obligés de plisser les yeux pour voir correctement. L'humidité environnante rafraîchissait considérablement l'air.

Neriah restait sur ses gardes. Elle ne saurait dire pourquoi, mais elle ressentait une désagréable impression. Comme s'il allait se passer quelque chose. La jeune femme regardait fréquemment autour d'eux sans rien percevoir. Elle se sentait observer depuis leur départ et cela ne pouvait être le prince puisqu'il ne se retournait que rarement sur sa scelle pour lui communiquer ce qu'ils allaient faire, à quel moment ils s'arrêtaient pour faire une courte pause et laisser boire les chevaux. L'assassin se retourna une nouvelle fois sur sa scelle et c'est alors qu'elle le vit. La silhouette n'était pas très claire à travers le rideau d'eau et assez éloignée pour que l'on n'y prête aucune attention, mais elle en était persuadée, cet homme les suivait. Même à cette distance, la carrure du cavalier ne pouvait se confondre. A cette distance, elle ne voyait aucun détail et ne pouvait donc pas identifier l'homme. Pourtant, elle en était certaine, ils étaient suivis.

La jeune femme talonna sa monture pour la faire arriver à la hauteur d'Alucard. Celui-ci lui jeta un regard et haussa un sourcil.

- Nous sommes suivi, dit-elle assez fort pour qu'il l'entende au dessus de la pluie.

L'homme jeta un rapide coup d'œil derrière lui. Il voyait bien la silhouette au loin. Cela aurait tout aussi bien pu être un messager qui empruntait la même route qu'eux, mais il savait que l'instinct de sa compagne de route était infaillible. Cela pouvait très bien être un homme envoyé par son père pour le ramener au palais. S'il l'attrapait, il serait probablement enfermé dans ses appartements jusqu'à la fin de ses jours. Ce pouvait tout aussi bien être l'assassin qui sévissait en ville. Il lui fit un signe de tête pour lui signifier qu'il avait compris et réfléchi un instant. Bientôt, ils sortiraient de la vallée et s'enfonceraient dans une forêt dense. Seules leurs traces sur le sol pourraient indiquer la direction qu'ils prenaient. Et, si comme ils le pensaient, le cavalier en avait après eux, il ne les lâcherait pas d'une semelle et les traquerait jusqu'à les retrouver, peu importe le temps que cela prendrait.

Soudain, une idée folle germa dans son esprit. Puisqu'ils ne pouvaient le semer, ils allaient le laisser venir à eux. Le prince fit par de son plan à l'assassin qui acquiesça, surprise. Jamais elle n'aurait penser que l'héritier, qui ne mettait que rarement les pieds dehors, pouvait avoir de bonnes idées.

Ils gardèrent le même rythme de chevauchée, sans accélérer ni ralentir pour que leur poursuivant garde leur trace et ne se doute de rien. Plusieurs minutes plus tard, après avoir traversé les collines, ils arrivèrent enfin devant la forêt. Ils y pénétrèrent sans hésiter et avancèrent un long moment avant de s'arrêter près d'une rivière où ils laissèrent les montures s'abreuver.

...

Le cavalier solitaire galopait à vive allure en direction de la forêt. La pluie froide battait son visage. Il était difficile de bien voir devant soit dans ses conditions, mais il avait une mission. La personne qu'il suivait était accompagnée et cela n'était pas prévu, mais il ne se laisserait pas abattre pour si peux. Certes cela compliquait grandement la tâche, mais le résultat serait le même. Il aurait pu s'occuper d'eux depuis un bon moment déjà, mais il connaissait les réflexes de l'assassin et savait qu'elle ne serait pas facile à éliminer et si le prince se battait à ses côté, il avait peu de chance d'en réchapper. Il préférait donc les prendre par surprise.

Lorsqu'il arriva à l'orée de la forêt, les cibles avaient déjà disparu entre les arbres. Il mit pied à terre et inspecta scrupuleusement le sol, sur une bonne longueur, tirant sa monture derrière lui. Il était difficile était assez facile de distinguer des traces lorsque le sol était humide, un peu moins lorsqu'il continuait de pleuvoir ainsi, mais le chemin emprunté restait bien visible. Bientôt, il trouva de nombreuses traces de sabot, dont les creux se remplissaient d'eau.

Un sourire narquois se dessinais sur le visage de l'homme. Il les tenait. Ils se dirigeaient droit, vers le lit de la rivière. Il n'y avait aucun pont a proximité et elle était bien trop profonde pour qu'ils puissent la traverser à cheval. Dans peu de temps, il les auraient rattrapé.

L'homme attacha sa monture à une branche basse non loin de là et suivi la piste. Les retrouver fut rapide. Il ne mit pas longtemps de percevoir le renâclement d'une monture quelque part devant lui. Il dévia sa route et s'éloigna légèrement du chemin. Plus il approchait et plus les sons se faisaient distinct. Il pouvait entendre la rivière s'écouler, par dessus la pluie qui s'était légèrement calmée. Il évolua entre les arbres, se cachant derrière eux à chaque pas. Il faisait très attention et regarda où il mettait les pieds. Ce serait idiot de se faire remarquer si près du but. Quelques secondes plus tard, il aperçu la première monture entre la végétation. Un magnifique étalon blanc surmonté d'une scelle noire. Vint ensuite le deuxième, brun et un peu plus petit que le premier. Les deux bête s'abreuvaient à la source qui avait doublé de volume en raison des intempéries. En se décalant légèrement, l'assassin pu voir le prince qui cherchait visiblement quelque chose dans la sacoche accroché à la scelle du cheval blanc.

L'homme observa les alentours. Il cherchait la femme et faisait attention au moindre détails qui lui indiquerait qu'elle se trouvait dans le coin, mais il ne vit ni n'entendit rien d'autre que les bêtes et l'homme devant lui. Ce dernier lui tournait le dos, il serait donc facile de le tuer. Un simple coup de couteau et le tour était joué. Bien sûr, le prince Alucard n'était pas sa cible, mais il était un obstacle qui devait être éliminé. Après cela, il trouverait la fille et lui ferait subir le même sort.

Très lentement et sans faire le moindre bruit, l'assassin dégaina le poignard qu'il portait à sa ceinture et s'avança avec une lenteur mesurer. Les chevaux des deux voyageurs, qui avaient senti venir le danger, commencèrent à piaffer. Cependant, le prince ne se retourna pas. Il ne fit que se déplacer de quelques mettre pour se retrouver devant l'animal pour lui caresser l'encolure et le rassurer.

Il murmura des mots, probablement réconfortant à l'oreille du canasson qui continuait à renâcler, le deuxième n'était pas pluis rassuré. C'était maintenant ou jamais. L'homme s'avança à pas de loup, l'arme au poing et s'apprêtait à frapper lorsqu'il entendit une branche craquer derrière lui. Il aurait dû s'en douter. On l'avait pourtant prévenu qu'elle était redoutable et rusée. Il tenta néanmoins d'asséner le coup de grâce à son compagnon de route. Avec une rapidité surprenante, il leva le bras, prêt à frapper, mais la jeune femme fut plus rapide. Elle lui attrapa le bras et envoya son genoux dans l'estomac de l'assaillant, lui coupant littéralement la respiration. Alors qu'il tentait de reprendre son souffle, le prince lui donna une fiole de verre dont le contenu ne semblait pas inconnu à l'homme à terre. Neriah versa un peu de poudre dans sa main et la lui souffla au visage. Il reconnu immédiatement l'odeur de la plante, mortelle si on la prenait à forte dose, avant que son esprit ne divague et que ses yeux ne se ferment.

Assassins 1 - Les Reliques noiresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant