Neriah n'en revenait pas lorsqu'elle sorti du palais sous les regards hostiles des soldats et celui inquisiteur de leur capitaine. Voler des babioles à des magiciens ? L'Empereur la prenait-il pour une débutante ? Elle valait mieux que cela !

La jeune femme pensait que c'était une plaisanterie, lorsque le Puissant avait répondu à sa question. Malheureusement, il était des plus sérieux. Son agacement devait se ressentir, aucun des hommes autour d'elle ne fit la moindre remarque désobligeante comme c'était le cas habituellement. Tous savaient qu'il ne fallait pas lui chercher des noises lorsqu'elle était dans cette état. Ordos lui-même avait essayé par le passé et s'en était mordu les doigts. 

La jeune femme récupéra donc ses armes et sorti sans encombre et traversa la ville à grand pas et  arriva rapidement devant l'auberge dans laquelle elle logeait temporairement. De part son statut, Neriah ne passait pas plus de quelques nuits au même endroit. Elle passait ainsi inaperçue et limitait les chances de ses ennemis à la retrouver et des personnes qui lui voulaient du mal, il y en avait des tas. A commencer par les hommes de mains de l'Empereur. Pour eux, elle était une criminelle qui n'aurait jamais du être remise en liberté. Et quelle liberté ? Etre au service d'un tyran qui abusait de son statut pour justifier ses crimes. En dehors de ces hommes, il y avait aussi les Aravos, cette guilde de voleurs qui l'avait vu grandir. Depuis que la garde Impériale l'avait arrêté, l'unique but de ses membres était de la réduire au silence, afin de garder le secret sur l'endroit où les membres se cachaient. Ces traîtres qui prétendaient la considérer comme leur sœur auraient préféré la voir décapitée ou brûler sur un bûcher qu'au service de cet homme. Qu'ils soient sans craintes, s'ils devaient mourir, ce serait de sa main à elle et non de celle du Puissant.

Sous le regard méfiant de l'aubergiste et les cris des clients déjà ivres à cette heure de là journée, Neriah monta les escaliers au fond de la salle. Les marches grincèrent sous son poids, elle n'était pourtant pas très lourde, mais l'auberge était vieille et cela se voyait jusque dans les chambres, notamment sous les combles où le toit fuyait par temps de pluie. Les lits grinçaient au moindre mouvement et manquaient de céder chaque fois que l'on s'y allongeait. 

  La jeune femme retira sa cape et la jeta négligemment sur la vielle chaise en bois qui prenait la poussière dans un coin de la pièce. Comme elle s'en doutait, l'eau s'était infiltrée sous la toiture et s'écoulait par gouttelettes sur le mobilier et le sol. L'humidité rafraîchissait considérablement la pièce et Neriah eu de légers frissons. Sans perdre de temps, elle s'empara de sa sacoche qui l'accompagnait partout et rangea le peu d'effets qu'elle possédait, soit quelques fioles de poison, des vêtements de rechange qui, heureusement, n'avaient pas pris l'eau et un peu d'argent qu'elle avait gagné lors de ses dernières mission. Elle roula sa couverture qu'elle étalait sur le sol pour dormir - il était hors de question qu'elle dorme dans un lit rongé par la moisissure - et empila le tout prêt de la porte. Elle partirait le soir même pour Veltor, mais en attendant, elle irait faire un tour en ville et s'acheter une monture. 

Elle n'en avait jamais eu besoin depuis son changement radical de vie. Chacune de ses missions précédentes s'étaient déroulées dans la capitale. A présent, elle devait se rendre à cinq jours de cheval. Elle devrait aussi penser à prendre de  la nourriture. Sortant la petite bourse en cuir de son sac, elle le soupesa et soupira de découragement. Elle allait devoir négocier. Il ne fallait pas oublier de payer la chambre - si on pouvait appeler ce taudis ainsi - avant de partir. Pendant un instant, l'idée de sortir sans payer effleura son esprit. Elle était certaine que beaucoup de client faisaient la même chose, mais elle souhaitait ne pas attirer l'attention sur elle. Résolue, Neriah enfila de nouveau sa cape, accrocha la bourse à sa ceinture et descendit voir l'aubergiste. 

L'homme s'affaira à essuyer et ranger sous le comptoir les couverts utilisée par les clients. Lorsque l'assassin arriva à sa hauteur, il leva les yeux vers elle, sans pour autant interrompre sa tâche.

Assassins 1 - Les Reliques noiresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant