Le voyage se fit dans un silence pesant. Aucun des deux compagnons ne voulait adresser la parole à l'autre. Alucard était encore vexé de la manière dont Neriah s'était adressée à lui. Quant à la jeune femme, elle n'avait simplement plus rien à dire, elle espérait que son sermon de tantôt est servi à quelque chose et qu'il réfléchissait à ses actes. De plus, n'ayant plus d'eau sur elle, elle préférait économiser sa salive. Le soleil poursuivait inlassablement sa trajectoire et l'assassin commençait à ressentir les effets de la soif.

Elle aurait pu demander au prince de lui donner un peu d'eau, mais elle ne voulait briser ce silence pour rien au monde. Et puis, elle se doutait bien qu'il refuserait, juste pour la faire enrager, après les reproches qu'elle lui avait servi. Elle se contenterait donc d'attendre le prochain point d'eau auquel ils s'arrêteraient. Ils devaient également retirer la boue, encore très présente sur leurs vêtements. Celle-ci étant à présent bien sèche, rendait les déplacements compliqués et les alourdissait. Avec la chaleur de la journée cela en devenait presque étouffant. Le contraste avec les précédentes journées nuageuses et humides était flagrant.

Le duo galopa encore ce qui leur semblait être une éternité. Ils passèrent quelques villages, hameaux et vastes champs avant de pouvoir entendre les clapotis d'un ruisseau. Soulagée de pouvoir enfin s'abreuver, Neriah fut la première à mettre pied à terre. Elle tira sur les rennes de sa monture pour l'accompagner jusqu'à la berge et plongea tête la première à un endroit ou l'eau était assez profonde, après avoir déposé ses nombreuses armes sur le sol. La fraîcheur du liquide apaisa ses muscles endoloris et lui redonna de l'énergie. Lorsqu'elle remonta à la surface, elle frotta ses vêtements de ses mains pour retirer toute la boue.

Alucard la rejoignit peu après, le torse dénudé, veste et chemise à la main. Il exécuta les même gestes et lorsque ses vêtements furent propres, il alla les étaler sur une grosse pierre, chauffée par le soleil pour qu'ils puissent sécher. En observant ses muscles se mouvoir sous sa peau clair, la jeune femme dû bien admettre que la nature l'avait gâté. Elle n'était pas si surprise que toutes les femmes et jeunes filles veuillent de lui. En plus d'être un prince, futur empereur, c'était aussi un très bel homme, elle ne le niait pas.

L'homme avait bien remarqué le regard de Neriah sur son corps, elle ne faisait rien pour se montrer discrète. Dos à elle, les lèvres du prince s'étirèrent en un sourire sarcastique. Une idée venait de lui traverser l'esprit.

La jeune femme s'étant rendue compte qu'elle le fixait avec un peu trop d'insistance, elle se détourna, comme si de rien n'était et replongea. Ses bottes et ses vêtements l'alourdissaient et entravait ses mouvements, mais elle était très bonne nageuse. Le courant n'était pas très fort dans ce secteur là, elle pouvait donc se laisser porter, sans craindre de trop s'éloigner. L'assassin se laissa donc flotter sur le dos et ferma les yeux. Le soleil au dessus d'elle réchauffait son visage tendis que le reste de son corps baignait dans l'eau fraîche. Elle entendait Alucard se rapprocher, mais elle n'ouvrit pas les yeux et ne vit donc pas son sourire carnassier. Avant qu'elle puisse s'en rendre compte, il fut près d'elle, l'attrapa par la taille et la tira vers le fond. Surprise, elle n'eut pas le temps de retenir sa respiration et inspira de l'eau par mégarde. Sentant le besoin de la recracher, elle tâtonna dans l'eau jusqu'à ce que ses mains entre un contact avec la peau de son agresseur et planta ses ongles dans celle-ci. La pression autour de sa taille se relâcha et l'assassin pu remonter à la surface.

Dès que sa tête fut sortie de l'eau, Neriah fut prise d'une quinte de toux sévère. Elle recracha tant bien que mal l'eau qui s'était infiltré dans ses poumons. Ses longs cheveux formaient un rideau trempé devant son visage et elle les dégagea pour mieux respirer. La pauvre avait l'impression de cracher ses poumons en même temps que le liquide. Même Alucard qui, au départ était mort de rire, commençait à s'inquiéter. Il voulu s'approcher, mais la jeune femme l'arrêta d'un geste de la main, l'autre pressée sur sa poitrine. Au bout d'un temps qui leur semblait être une éternité, la jeune femme pu de nouveau respirer correctement, malgré les irritations dans sa gorge. Son visage blanc avait viré au cramoisi par manque d'air.

Assassins 1 - Les Reliques noiresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant