01. Prologue

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P R O L O G U E










Guinée , Conakry.












— Attends, Safiatou, s'il te plaît!

Je ralentis à peine, refusant de me retourner. Je ne voulais pas le voir , je n'avais pas envie de le voir .

— Il faut que tu m'écoutes, que tu me laisses t'expliquer tout ce qui s'est passé, tout ce que tu crois savoir...

J'ai couru, mes pieds s'enfonçant dans le sable brûlant, une chaleur étouffante embrassant ma peau. Chaque pas était un supplice, mais je n'avais d'autre choix que de fuir.

Fuir pour atténuer cette douleur lancinante qui ravageait mon être, qui m'arrachait le cœur et l'âme comme une bête sauvage dévorant sa proie.

Chaque battement de mon cœur semblait résonner plus profondément en moi . Je devais m'éloigner, m'éloigner de tout ce qui me rappelait de lui .

Epuisée je parvins enfin au bord des rochers. Les vagues s'écrasaient avec une force sauvage contre le rivage, leurs éclaboussures salées caressant mes jambes endolories.

Mais même ici, au bord de cette mer , la douleur persistait . Je me laissai tomber sur le sable humide . Mes larmes mêlées à mes cris de détresse était étouffés par le fracas des vagues. Je hurlais déchirant ce voile invisible qui m'aveuglait depuis trop longtemps. Mes cris se mêlaient aux rugissements de la mer .

Je maudissais le monde, maudissais chaque étoile dans le ciel, chaque grain de sable sous mes doigts, pour leur indifférence à mon égard.

Je voulais que le monde entende ma douleur, qu'il ressente ne serait-ce qu'une fraction de ce que j'endurais. Que chaque brise salée porte le poids de mon chagrin .

Mais plus que tout, je voulais que celui qui avait été mon monde, celui qui avait semé en moi cette douleur , en ressente lui-même ce poids insoutenable. Je voulais qu'il sente ma douleur sous sa chair, qu'il en perçoive l'intensité jusque dans ses os.

Ce n'est pas possible que tout cela soit vrai .

Je le vis s'approcher, son visage empreint d'une urgence palpable, ses yeux désespéré cherchant les miens.

Mais même dans ce moment, alors qu'il se précipitait vers moi, je sentais mon cœur se serrer davantage, comme si chaque pas qu'il faisait réveillait en moi une douleur nouvelle, une blessure encore plus profonde.

Et pourtant, malgré tout, une part de moi brûlait d'espoir, espérant que peut-être, juste peut-être, que je pourrais comprendre , le comprendre .

Alors qu'il s'approche , je réalise que mes sentiments sont contradictoire. Je l'aime autant que je le déteste .

Chaque fibre de mon être était déchirée entre le désir brûlant de le prendre dans mes bras ou de lui hurler dessus avec toute la rage que j'avais accumulée. Mon cœur oscillait entre l'affection profonde que je lui avais toujours portée et la colère bouillonnante qui menaçait de me submerger à tout moment.

Alors qu'il se tenait devant moi, une rage froide m'envahit, serrant mon estomac et laissant un goût amer dans ma bouche.

— J'ai essayé, tu sais, je te promets que j'ai essayé de te le dire... Pardonne-moi, balbutia-t-il, lourd de regrets.

Pardonne-moi !!
J'ai essayé !!

— S'il te plaît, laisse-moi te raconter ma version de l'histoire avant que tu ne me haïsses, si ce n'est pas déjà le cas avant que tu ne me dises ce que j'aurais dû entendre il y a des années . Et même si tu décides de me rejeter, sache que je serai là, présent. Peu importe le temps qu'il te faudra pour me pardonner, peu importe ta décision, je serai là, Safiatou parce que  je t'aime depuis le premier jour où je t'ai vue , déclara-t-il sans hésitation. Tu as été ma lumière dans les ténèbres , sans toi, je ne suis rien . Chacune de mes pensées et même mon âme tournent autour de toi parce que sans toi je suis un corps sans âme .

Les larmes d'une mendiante Où les histoires vivent. Découvrez maintenant