03. Lamine

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C H A P I T R E  03 : L A M I N E












Sous le soleil brûlant de la matinée , j'avais parcouru le marché de Taouyah, en quête d'un petit boulot sans succès.

Épuisé, je m'étais finalement installé aux côtés de Tanti Aïcha une vieille femme malvoyante au cœur très généreux .

— Ça va, Safiatou ? m'a-t-elle demandé alors que je m'asseyais près d'elle.

— Comment sais-tu que c'est moi à chaque fois ? ai-je répondu, surpris.

Un sourire espiègle a illuminé son visage ridé.

— Il n'y a que toi qui viens près de moi ! m'a-t-elle répondu avec douceur.

— Tu as toujours ce don incroyable de reconnaître les gens , ai-je dit en souriant.

Elle a ri doucement,

— Quand on ne voit pas avec les yeux, on apprend à voir avec le cœur, Safiatou, m'a-t-elle confié.

— Qu'est-ce que tu as fait aujourd'hui ? ai-je demandé .

Elle a soupiré doucement.

— Qu'est-ce qu'une vieille dame aveugle peut faire, ma fille ? À part écouter les passants et, parfois, les enfants qui volent mon argent ou ma nourriture , m'a-t-elle confié .

J'ai ressenti une pointe de culpabilité en réalisant à quel point ma propre situation était différente de la sienne.

— Je suis désolé . Si seulement je pouvais faire quelque chose pour t'aider , ai-je murmuré, sentant mon cœur se serrer d'empathie pour elle.

Elle a souri, mais son visage trahissaient une lueur de tristesse.

— Tu es déjà là . Ta présence apporte plus de réconfort que tu ne le penses , a-t-elle répondu puis elle rajoute , as-tu trouvé un travail, Safiatou ?

— Pas encore . Mais je ne perds pas espoir , ai-je avoué avec un soupir. En plus, cela est difficile avec ma mère qui me surveille.

— Ne désespère pas, ma chère. Les portes peuvent se refermer, mais de nouvelles s'ouvriront. Continue à chercher, continue à croire en toi , m'a-t-elle encouragé.

— J'essaie, mais ce n'est pas toujours facile.

Tanti Aïcha a posé sa main ridée sur la mienne

— Mon enfant, dans ce monde plein d'ombres, il faut parfois fermer les yeux pour mieux voir la lumière , m'a-t-elle confié , et je sens en toi une lumière si vive, Safiatou. Ne laisse jamais personne l'éteindre, même pas ta mère.

— Merci, pour tes précieux conseil .

Elle a incliné la tête avec un sourire bienveillant.

— Tu es plus forte que tu ne le crois . N'oublie jamais cela .



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Les larmes d'une mendiante Où les histoires vivent. Découvrez maintenant