05. Misère

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C H A P I T R E  05 : M I S È R E !!















B i n t o u





Les doux rayons de soleil qui filtrent à travers la fenêtre caressent mon visage, et je m'éveille avec peine. Mon premier regard se pose sur celui de ma petite sœur.

Mon cœur brûle d'amertume en la voyant couchée, incapable de se mouvoir comme tout enfant de son âge. Mon cœur bat violemment, et une larme menace de glisser, que je m'efforce de retenir dans cet œil maudit.

Je m'éloignais rapidement du sol et me dirigeais vers les toilettes extérieur , cherchant un refuge momentané pour me rafraîchir . Une fois habillée, je me préparais pour l'université. Je suis étudiante en première année de sociologie à l'Université Général Lansana Conté à Sonfonia.

Je dépose un baiser sur le front de ma sœur et glisse quelques billets dans le panier du marché de ma mère. Elle ne posera aucune question sur l'origine de cet argent, bien qu'elle l'ait déjà fait. Ma réponse demeure inchangée, évasive, c'est ma bourse, point final.

Je franchis la cour, les yeux se tournant instinctivement vers les tentes en face, espérant y croiser Safi. Cette fille, malgré notre différence d'âge, est comme une sœur pour moi . Mais au lieu de son visage, je me retrouve face à sa mère, scrutant ma personne avec un regard méfiant. Je laisse son jugement passer et poursuis mon chemin, attrapant le premier taxi en route vers l'université.

Deux interminables heures d'embouteillages plus tard, j'arrive enfin sur le campus, priant pour qu'il reste de la place en cours. Ici, la compétition est si féroce que pour un cours à 8 heures, tu dois te pointer à 6 heures. Tout retard signifie l'exclusion pour la journée entière.

Épargnons les détails des heures de cours qui s'étirent jusqu'à 15 heures. Je récupère mon sac, entamant le chemin du retour, lorsque soudain, mon nom est crié par une voix familière.

— Bintou, attends-moi, s'il te plaît, m'appelle-t-il.

Un soupir discret s'échappe de mes lèvres, et je fais mine de ne pas l'entendre, heureusement que mes écouteurs étaient là, même si aucune musique n'envahissait mes oreilles.

Je hâte le pas, virant au premier couloir de l'université pour échapper à sa présence. Mais une main ferme se pose sur mon épaule, et je sens son souffle près de mon oreille.

— Pourquoi tu fuis ? dit-il entre deux respirations.

— Non, je ne te fuis pas. Comment vas-tu, Mamady?

Ma réponse reste froide.

— Ça va, mais pourquoi tu ne réponds jamais à mes messages ou quand je t'appelle ?

— Je t'ai dit que je n'étais pas intéressée. Arrête de forcer.

Je tente de contourner son bras pour avancer, mais sa main pesante m'en empêche.

— Pourtant, je t'aime beaucoup, Bintou.

— Moi pas du tout. Maintenant, lâche-moi, je retire sa main de mon épaule et reprends ma marche.

Mamady est un camarade de fac, mais son insistance m'épuise. Il me suit sans relâche, comme mon ombre.

Heureusement, ou peut-être malheureusement, nous tombons sur notre responsable de filière, Monsieur Sylla. Dès qu'il le voit, Mamady se retire, me laissant libre.

— Bonjour, Monsieur !! Dis-Je en le saluant .

— Bonjour, Mademoiselle Bintou. Vous allez bien?

Il me dévisage.

Les larmes d'une mendiante Où les histoires vivent. Découvrez maintenant