Les larmes d'une mendiante

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C H A P I T R E 23 : L I E N

S a f i a t o u

Ma cuillère glisse sans but à travers les grains de riz, reflétant ma confusion intérieure. Mon appétit est pratiquement inexistant, remplacé par une boule d'angoisse dans mon estomac.

— Tu ne manges pas me demande salima !!

— Si, si, je n'ai juste pas faim, je lui réponds, essayant de cacher mon malaise.

— Passe-le-moi, parce qu'entre nous, ce plat n'est pas bon du tout, dit-elle en reprenant mon assiette.

La voix d'un invité annonce,

— La mariée est là !!!

Tout le monde se lève, et les griots commencent à chanter autour de nous. Pour ma part, je reste assise, immobile. Je n'ai aucune envie d'être là, mais par politesse, j'ai accepté.

Nous sommes au mariage du meilleur ami de Tidiane, un certain Lamine. D'ailleurs, la première fois que nous nous sommes rencontrés, il n'a cessé de me fixer, ce qui était déconcertant. Je ne comprends pas comment on peut regarder si ouvertement une personne que l'on ne connaît pas.
Il m'a mit très mal à l'aise .

Il y a maintenant trois mois depuis que nous sommes rentrés de Dakar. Les cauchemars qui me tourmentent se sont multiplie énormément , mais étrangement, la solitude qui m'enserrait depuis si longtemps devenait moins oppressante depuis mon arrivée ici.

La santé de tante Mariam s'améliorait chaque jour un peu plus. Peu à peu, je m'adaptai à ma nouvelle vie. Tidiane m'avait généreusement offert un téléphone, me permettant ainsi de communiquer régulièrement avec Binta via WhatsApp, grâce à l'aide patiente de Salima, la petite sœur de Tidiane, qui m'avait initié.

La vie s'écoulait paisiblement, et j'avais eu l'occasion de rencontrer de nouvelles personnes. Les membres de la famille Thiam étaient devenus ma deuxième famille. Il y avait d'abord la douce tante Mariam, sa mère, puis sa jeune sœur Salima, qui se préparait à passer son bac cette année.

Il y avait aussi Maître Diallo, le chauffeur, et Yaya, le gardien, un véritable comédien qui passait son temps à nous faire rire. Tante Kadiatou, la gouvernante de la maison, était également présente depuis longtemps. Elle était là bien avant la naissance de Tidiane et était venue aider tante Mariam après son mariage. Même si elle était retournée au Fouta après son propre mariage, elle était revenue un an plus tard, enceinte, et n'avait plus jamais quitté leur foyer.

C'est ainsi qu'Aissatou, sa fille, était née, devenant désormais comme la troisième fille de cette merveilleuse famille , elle venait juste de rentrer au au lycée . L'harmonie régnait en maître dans cette maison, et la bonne humeur et les rires étaient le doux refrain de nos jours. La vie avait pris un nouveau sens.

Salima revint vers moi quelques minutes plus tard.

— Tidiane se demandait si tu voulais rentrer avec lui, ça te dirait ?