06. Mensonge

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C H A P I T R E  06 : M E N S O N G E











S a f i a t o u



— Qu'est-ce qui se passe ? me demande lamine .

Je me tourne vers Lamine, complètement perdu.

— Crois-tu au destin, au voyant, tout ça ?

Il rit de ma question idiote, presque brisant mon cœur. Puis, voyant mon visage, il se place devant moi, me regardant droit dans les yeux.

— Je ne sais pas, pourquoi tu me demandes ?

— Rien, rentrons s'il te plaît.

Il me regarde une dernière fois, puis nous marchons ensemble jusqu'à mon rond-point, nos chemins se séparant par crainte d'être vus ensemble.

Ma mère n'avait aucun scrupule à me pousser à tendre la main pour mendier, à jouer sur les cordes fragiles de ma dignité. Mais quand il s'agissait de me voir avec un homme, c'était une frontière qu'elle ne tolérait pas, une erreur qu'elle ne voulait jamais voir commise.

Je marche seule, le cœur battant, jusqu'aux tentes qui nous servent d'abris. Le vent souffle, certaines tentes commencent à s'envoler, signe imminent de pluie.

À cette époque de l'année, la pluie tombant était un spectacle inhabituel. Pourtant, après des mois de chaleur écrasante, un peu de fraîcheur aqueuse était accueillie comme une bénédiction.

Pourtant, contrairement à eux, je n'appréciais ni la pluie ni le temps morose qu'elle engendrait.

Je rejoignis ma mère pour l'aider à enlever la tente .

— Tu étais où ? Me demande t'elle !

— J'étais parti vendre mes galettes.

— Je me demande qui t'as mis cette idée de vendre dans la tête. Regarde comment tu es, penses-tu qu'une personne normale va acheter ça!? Tu ferais mieux d'aller mendier que de continuer tes bêtises.

J'ai regardé ma mère, puis mon plateau de galettes, et effectivement, elle a raison. Personne n'a acheté, à part Lamine. Je dépose mon plateau, le couvre bien, et l'aide à enlever la tente le temps que la pluie passe. Nous nous abritons chacun un peu partout, et je décide d'aller voir Bintou, vu le temps, c'est le moment idéal pour une discussion.

J'arrive devant leur maison, tape à la porte, et c'est sa mère qui me dit de rentrer.

— Bonjour tata!

— Bonjour, ma fille, tu vas bien ?

— Oui, et vous ?

— Par la grâce de Dieu, je me porte bien. Bintou est là ?

— Elle est partie au marché, mais elle ne va pas tarder à rentrer. Tu peux l'attendre ici.

J'hoche la tête et discute avec sa mère. C'est la première fois que je rentre ici. D'habitude , je préfère attendre dehors. Ils ont un beau petit studio , un salon avec deux canapés, une télé, une chambre avec une petite terrasse couverte. Au moins, ils ont où dormir, c'est déjà bien.

Les larmes d'une mendiante Où les histoires vivent. Découvrez maintenant