04. Doute

4.6K 566 29
                                    




C H A P I T R E 04 : D O U T E













— Tiens, princesse, dis-je en lui tendant la nourriture.

Elle la prit de ma main, visiblement ravie, avant de me remercier.

— Merci beaucoup, Safi, tu es la meilleure, tout en me donnant un bisou sur la joue.

Ce geste me rappela mon enfance, lorsque je faisais la même chose à ma sœur. Cela évoqua en moi de nombreux souvenirs triste que je préférais ne pas remémorer.

Comme à mon habitude , je m'assis au bord de la route, observant chaque belle voiture qui passait, espérant un jour en posséder une.

Soudain, je vis Bintou descendre d'une superbe et imposante voiture. Je gardai le silence jusqu'à ce qu'elle arrive à ma hauteur.

— Ah, Safi!

— Oui, c'est moi. Qui d'autre voudrais-tu que ce soit?

Elle roula des yeux avec une pointe d'irritation,

— Tu as l'air de mauvaise humeur, dis-donc, fit-elle remarquer, croisant les bras devant elle. Tu as sûrement eu une journée difficile, mais je n'en suis pas la cause .

— Toi et moi, on doit parler, alors ne pars pas ! insistai-je,

— De quoi? demanda-t-elle .

— Tu veux vraiment me faire croire que tu ne sais pas?

Elle me lança un regard désespéré avant de me demander de lui faire de la place pour s'asseoir. Je me décalai pour qu'elle puisse s'assoir .

— Je t'écoute ?

Elle souffla d'agacement .

— D'abord, pourquoi pleurais-tu hier? Et ensuite, pourquoi voler alors que tu as tout ce que tu veux avec tous ces hommes qui te laissent loin d'ici ?

Elle baissa les yeux un instant, comme si mes mots avaient atteint une corde sensible en elle. Puis, elle releva le menton

— Je pleurais parce que... parce que parfois la vie devient juste trop lourde à porter, avoua-t-elle .Parce que je suis fatiguée, Safi. Fatiguée de cette vie, de ces choix que je fais et qui me semblent parfois si... vides.

— Bintou, c'est difficile pour tout le monde et je peux comprendre, mais je ne comprendrai jamais en quoi voler peut t'aider. T'imagine si ce n'était pas Lamine qui nous avait surpris hier? Tu imagines si c'était une autre personne?

Elle prit une profonde inspiration

— Je... je sais. Mais parfois, on n'a pas d'autre choix pour survivre, murmura-t-elle .

— On a toujours le choix de faire ce qui est bien , insistai-je .

Elle détourna le regard un instant, semblant absorber mes paroles avec réticence. Puis, après un moment de silence, elle prit une profonde inspiration et me regarda droit dans les yeux.

Les larmes d'une mendiante Où les histoires vivent. Découvrez maintenant