Le lendemain, dès l'aube, Zelda voulut quitter le village Piaf, en direction du village Goron, afin d'opérer sur Rudania le même genre d'opération que Medoh. Elle tira Link de son sommeil sans ménagement, lui donna une pomme à déjeuner et le traîna jusqu'au relais des Piafs d'un pas déterminé, alors qu'il était toujours à moitié endormi.
-Daruk m'a parlé de ses difficultés à manipuler Rudania. Il n'y a pas de temps à perdre. Presse-toi !
Link se retint de souffler. Il sentait que la jeune princesse allait vite l'agacer, mais peu importait. Il devait remplir son rôle, quoi qu'il advienne.
Zelda réclama Albus et Magnus au relais, et à peine furent-ils sortis, qu'elle voulut monter sur son destrier avec empressement. Un empressement tel que le cheval, brusqué, désarçonna sa cavalière.
-Stupide animal ! pesta la princesse en se relevant. Je savais bien qu'il n'accepterait pas le harnachement royal, mais il a fallu que mon père insiste ! Comme si c'était nécessaire pour qu'on reconnaisse la Princesse d'Hyrule !
Link posa une main délicate sur l'épaule de Zelda afin de la calmer. Il prit ensuite une pomme qui traînait là, et la tendit à Albus, qui l'avala gaiement. Link caressa ses naseaux, et le cheval hennit. Le chevalier attrapa doucement la main de la princesse, et l'aida à monter convenablement sur le cheval. Avec son aide, elle put le monter sans aucun problème.
-Merci, dit-elle.
-Patience et douceur, se contenta de répondre Link, avant de monter sur son propre cheval.
Zelda n'en revint pas de suite. Link venait-il vraiment de parler ? Voilà si longtemps que c'était survenu qu'elle avait oublié qu'il était doué de parole. En fait, elle se demanda soudain si ce n'était pas les premiers mots qu'elle entendait de sa voix.
Remise, elle donna l'ordre à Albus de partir en direction de la Montagne, et Link la suivit.Plus les chevaux avançaient, et plus Link étaient heureux d'être Hylien.
A cheval, il s'autorisait à porter son attention sur le paysage, quelquefois, et à quitter Zelda des yeux. Les montagnes, les lacs et les forêts qui composaient Tabantha en faisaient l'une des régions favorites de Link en Hyrule. Après avoir traversé le pont de Tabantha, ils arrivèrent aux Collines d'Hyrule, une région que Link aimait moins, mais qui n'en demeurait pas moins magnifique et étonnante. À l'inverse de Tabantha, une région plutôt froide, les collines étaient une zone plutôt humide dans la mesure où elles abritaient le Plateau du Tonnerre, un lieu mystérieux où l'orage grondait perpétuellement. La région était parsemée d'étranges arbres de pierre ressemblant à des champignons. Alors qu'ils s'apprêtaient à traverser la Vallée du Néant et à longer le château, une voix le sortit de ses pensées.
-Enfin vous voilà, Princesse Zelda !
A l'intonation de la voix, Link comprit qu'ils avaient été repérés par un Yiga, ces serviteurs de Ganon qui avaient juré trépas pour la Princesse.
Link ordonna à Magnus d'accélérer, afin de rejoindre Albus et Zelda, qui commençait à paniquer. Malheureusement, le Yiga avait déjà bandé son arc. Ils étaient d'une précision redoutable. Même si le chevalier ordonnait à Albus de fuir jusqu'au château, la flèche toucherait sa cible. Il devait agir dans l'urgence.
-Désolé, murmura-t-il.
-Désolé pour quoi ? s'étonna la princesse.
A peine eut-elle pu finir sa phrase que Link la poussa violemment sur le sol. La flèche toucha Albus, qui se cabra et partit au galop.
-Misérable gosse ! pesta le Yiga.
Sans que Link ait eu le temps de la voir venir, l'ennemi blessa son cheval, qui s'enfuit également en jetant son cavalier au sol. Link se releva et dégaina son épée, tandis que la princesse tentait discrètement de fuir et rejoindre les chevaux.
-Tu veux te battre ? Fais tes prières, gamin ! Tu vas mourir !
Dans un geste théâtral, le Yiga transforma son arc en tranche-démons, cette lame circulaire hérissée de pointes. C'était une arme tranchante, redoutable, et mortelle.
Si elle est bien utilisée.
Or, Link avait déjà pu le remarquer : bien que précis à l'arc, les Yiga étaient de parfaits abrutis.
Le Yiga, son arme à la main, fonça sur Link dans un cri de guerre ridicule. Il ne bougea pas. L'ennemi leva son arme. Et alors qu'il s'apprêtait à l'abattre, le temps fut comme ralenti. Link sauta en arrière, et fit une simple entaille dans le cou du Yiga d'un coup d'épée. Simple, peu profonde, mais bien placée. Le Yiga tomba au sol dans un cri peu glorieux, en train de se vider de son sang. Link décida d'abréger ses souffrances en plantant sa lame droit dans son cœur. Il resta debout à côté du corps inerte quelques minutes. Après s'être assuré qu'il était bien mort, Link essuya sa lame sur la tenue du Yiga et rejoignit la princesse et les chevaux, qui s'étaient réfugiés près du Parc Sandine.
-Êtes-vous blessée, Majesté ?
-Je vais bien, merci, répondit Zelda encore sous le choc. Mais les chevaux, beaucoup moins. Ils sont tous les deux blessés.
Elle réfléchit un instant.
-Le relais de l'orée de la plaine n'est pas si loin. Nous pouvons les y conduire, et les laisser là le temps qu'ils soient soignés. Nous continuerons notre chemin vers la Montagne de la Mort à pied.
Link acquiesça. Chacun saisit son cheval par les rênes, et ils marchèrent jusqu'au relais.
En voyant les chevaux boiter, le propriétaire du relais se rua vers eux. Ce n'est qu'après s'être assuré que les chevaux étaient bien pris en charge qu'il réalisa être face à la princessse. Il s'inclina à toute vitesse, s'excusa, et leur proposa la spécialité du relais : la crêpe au miel. Link sentit son ventre gronder en se rappelant qu'ils n'avaient rien mangé de la journée. Il avala la sienne en deux bouchées, tandis que Zelda, plus princière, prit bien plus son temps.
Quelques minutes plus tard, alors que la princesse, épuisée, s'était déjà endormie, Link sortit et admira. Il admira le plateau qui faisait face au relais. Il ne le voyait pas d'ici, mais il savait que dessus se dressait l'amphithéâtre. Link ne comptait plus tous les combats qu'ils y avait menés. Beaucoup s'étaient soldés par des victoires écrasantes, très peu par des défaites, et tous par des blessures plus ou moins importantes. Tout comme les geôles du château et sa brigade au domaine Zora, l'amphithéâtre avait forgé le chevalier d'exception qu'il était devenu.
Avant d'aller dormir, il décida d'escalader la paroi et d'y faire un tour. Dans le noir de la nuit, le bâtiment était vide des encouragements du public, des plaintes des perdants, des cris des blessés, des hurlements de joie des vainqueurs. Seuls quelques chants de loups parvenaient aux oreilles de Link.
Le chevalier sortit l'épée de son fourreau, et, avec force, la frappa contre le sol. Le bruit du choc fut noyé dans l'immense silence, et Link se sentit terriblement seul, terriblement ridicule, terriblement faible.
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The Legend Of Zelda : A Memory of The Wild
FanfictionGanon, Le Fléau. Le nom de l'incarnation du mal fait trembler le peuple d'Hyrule. Pour l'arrêter, des personnes d'exceptions à travers tous les peuples du royaume sont choisies par la princesse pour piloter les Créatures Divines, animaux mécaniques...