Quand elle ouvrit les yeux, Andora était dans son lit. Elle avait un affreux mal de tête mais au moins, elle était sèche et propre. L'orage avait duré toute la nuit avant d'abandonner la partie vers les premières lueurs de l'aube. Elle s'assit difficilement, essayant de faire le point. Que s'était-il passé hier ? Le souvenir de la mort de sa sœur lui cingla l'esprit tel un tisonnier brûlant. Le poids sur son cœur réapparut en même temps que les larmes.
Miranda...
La porte s'ouvrit et Sasha apparut. Elle habitait la maison d'à côté et n'avait jamais pu s'entendre avec sa mère. Celle-ci la trouvait vulgaire et hypocrite. Son sentiment avait été renforcé le jour où elle l'avait vu quitter la maison, un chandelier en argent sous le tablier.
Anastasia avait fait une scène et Adrian avait dû intervenir. L'affaire s'était arrêtée là. Depuis, les deux femmes mettaient un point d'honneur à s'éviter.- Ma pauvre chérie ! Je t'ai fait un potage ! Ça te fera du bien.
Andora en doutait fortement mais n'eut pas le courage de répondre. Elle craignait qu'en ouvrant la bouche, les sanglots ne reprennent. Sasha s'installa sans ménagement sur le lit, et entreprit de déballer le plat fumant. Loin de lui ouvrir l'appétit, l'odeur chaude et grasse de la soupe lui donna la nausée.
- Voilà ! Bon appétit ! s'exclama joyeusement la femme en lui tendant une assiette.
Sa bonne action faite, elle se détourna de l'enfant en se frottant les cuisses.
- Oh ! Ce sont les affaires de ta sœur ?
Andora se figea. L'air de rien, la femme s'était levée et arpentait désormais la pièce, frôlant une étoffe, époussetant un bibelot.
- C'était à elle cette robe ? s'étonna-t-elle devant la tenue de fête de Miranda. Quelle merveille ! Mais elle est un peu grande pour toi non ? Ma pauvre chérie ! Perdre ainsi sa sœur et sa mère ! Enfin ! Ce serait dommage qu'une si belle robe reste dans un placard tu ne crois pas ? Le temps que tu atteignes la taille de ta sœur, elle sera démodée.
Elle jeta un bref coup d'œil vers l'enfant qui, abasourdie, ne put esquisser un geste.
- Mange, ma chérie ! Mange !
Mais Andora n'avait pas faim. C'était maintenant au tour des bijoux. Sasha déroula un collier, admira l'éclat d'une pierre précieuse, le tout sans cesser de palabrer.
- Vraiment, non mais vraiment. Quelle folie ! De si belles pièces ! Votre mère aimait vous gâter !
- Ils sont tous à ma sœur, signala la fillette.
Un éclat de convoitise traversa furtivement le regard de la femme.
- Ah ? Vraiment. Ça doit être dur ! Le poids des souvenirs tout ça... surtout quand on partage la même chambre !
Andora resta stoïque. Sasha, qui guettait un signe de sa part, reprit, déçue :
- Oui, enfin, je comprendrais que tu ne veuilles plus les mettre. Trop d'émotions. Mais tu admettras que ce serait vraiment dommage...
- Partez.
- Pardon ?
- Sortez de ma chambre.
- Tu es encore sous le choc ! Je...
- PARTEZ !
Elle avait hurlé. Le bol de soupe tourna un instant sur lui-même avant de s'écraser sur le sol, déversant son contenu. Sasha recula. Andora s'était redressée et la fixait. Elle affronta le regard de l'enfant mais déclara forfait bien vite. Ses yeux violets la mettaient mal à l'aise.
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Andora
FantasyVoilà plus de dix ans que l'invasion a commencé. Les Chymères, ces monstres issus des Terres Arides, se sont alliées en une armée monstrueuse. Pourquoi ? Comment ces créatures primitives ont-elles réussi à s'organiser ? A s'armer ? Au point de faire...