Chapitre 8

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Le soir venu, ils repartirent à l'assaut. Tinaïg avait pris soin de prendre un bol de soupe, dans l'éventualité où l'enfant désirerait manger. Calio entra le premier. L'air s'engouffrait par rafales, faisant danser les draps. La femme l'arrêta avant qu'il n'ait pu refermer la fenêtre.

- Elle préfère quand elle reste ouverte, chuchota-t-elle. Sa température corporelle est très élevée.

Calio fit signe qu'il avait compris et alla s'asseoir près du lit. Elle était là, immobile dans ses vêtements noirs, comme une esquisse de cadavre. En quelques heures à peine, son état avait empiré. Ses joues s'étaient creusées et son souffle était devenu irrégulier. Il fallait qu'elle mange, cela devenait urgent.

Doucement, le jeune homme lui saisit l'épaule et la remua. 

- Coucou ! Tu te rappelles de moi ?

Elle ouvrit les yeux. Si elle s'aperçut de sa présence, elle ne fit aucun signe pour le montrer. Il insista.

- Je suis venu te voir tout à l'heure. Tu te souviens ?

Toujours rien. Autant parler à une pierre. Il décida d'accélérer le jeu.

- Je t'ai apporté quelque chose.

L'éclat métallique qui s'échappa de sa tunique alerta immédiatement Tinaïg.

- Calio non !

Il la tint à l'écart d'un geste. Andora s'était tournée vers lui.

- Regarde. Tu sais ce que c'est, n'est-ce pas, poursuivit-il. Je te le donne si tu veux.

La fillette fronça les sourcils. Calio pouvait presque voir les pensées s'organiser dans son esprit, s'emboîtant avec plus ou moins de facilité. Il attendit.

- Pourquoi ?

Sa voix n'était qu'un murmure. Il reprit confiance.

- C'est ce que tu veux non ? Tu veux mourir. Je t'offre juste un moyen plus rapide d'y arriver.

Elle sembla comprendre. Ses yeux se fixèrent sur le poignard pour ne plus le lâcher. Lentement, en détaillant chaque mouvement, Calio le posa dans la paume ouverte de l'enfant. C'était une arme de petite taille, légère et aiguisée, pourtant Andora eut toutes les peines du monde à la porter à son visage. Elle la contempla, comme elle avait contemplé la toile d'araignée : sans vraiment la voir. Calio patientait en retenant son souffle. Elle finit par se tourner vers lui.

- Pourquoi ?

- Je te l'ai dit : pour que tu puisses en finir rapidement.

- Calio !

Ignorant les cris de Tinaïg, le jeune homme s'approcha encore de l'enfant.

- Alors, qu'en penses-tu ?

Andora tournait et retournait l'arme, sans avoir l'air de savoir quoi en faire. Finalement, elle la reposa.

- Je ne peux pas.

- Tu veux que je te montre comment faire ?

- Non!

Surpris par son ton, Tinaïg s'était reculée. Calio, lui, n'avait pas bougé.

- Pourquoi refuses-tu ?

Andora l'ignorait. Tout ce qu'elle savait, c'était qu'elle ne pouvait pas. C'était assez instinctif. Elle chercha les mots pour traduire sa pensée

- Je...ne peux pas, se contenta-t-elle de répéter.

Calio acquiesça. Il avait compris. Il ramassa le poignard et le rangea, au grand soulagement de Tinaïg. Puis il reprit, grave :

AndoraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant