Chapitre 8 : Partie IV

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      Le lendemain, Leyra sortit tôt le matin, alors que personne n'était encore éveillé. Elle alla dans les quartiers pauvres et s'engouffra dans une ruelle des bas quartiers. Elle s'approcha d'un mendiant.
« Tu peux m'emmener à M.Kazu ? »
Le mendiant se leva et partit en silence, la femme-louve à sa suite.

Arrivés devant un bâtiment un peu plus grand que les autres, il la laissa là et partit, sans avoir oublié d'empocher une pièce. Leyra gravit les marches jusqu'au troisième étage et entra.
« Kazu, c'est moi ! »
Un homme tout en hauteur vint à sa rencontre.
« Leyra, ça faisait longtemps. Qu'est ce qui t'amènes ici aujourd'hui ? demanda-t-il en s'inclinant légèrement.
- Du mouvement dans les recherches sur les pouvoirs ? J'ai mis la main sur des dossiers il y a quelques jours dans un laboratoire qui venait tout juste de fermer. »
Elle plaça les dossiers qu'elle avait obtenu sur la table. Il les feuilleta rapidement.
« C'était donc ça... »
Leyra le fixa, l'incitant à continuer.
« J'ai eu vent d'un projet qui aurait pour but de créer une substance qui agirait sur le système nerveux d'une personne et permettant de la manipuler à sa guise. Pour le public, elle est menée comme une recherche qui permettrait à des mal voyants de voir, des membres paralysés de fonctionner à nouveaux. Mais ils ont tout sauf l'intention de faire cela.
- Je vois, merci. Garde un œil dessus, je reviendrais peut-être. »
Elle coupa court à la conversation et sortit. La femme-louve prit soin d'enlever toute trace de colère de son visage avant de rentrer au quartier général.

      Kooritsuki était chez elle. Elle n'était toujours pas sortie de la maison depuis son retour. D'ailleurs, elle ne sortait que très peu de sa chambre. Elle avait bien évidement en tête la question de Leyra. « Veux-tu vraiment passer le restant de tes jours sans savoir quand cette peur va revenir te hanter ? » La réponse qu'elle aurait aimé donner était plus facile à dire qu'à faire. Évidement qu'elle ne voulait plus ressentir cette peur, mais elle était incontrôlable. Que pouvait-elle bien y faire ?


     Le surlendemain Keita regardait le tableau des congés dans la salle de réunion avec attention.
Maria passa par là également.

« Tu veux aussi prendre ce mercredi ?
- Évidement. Ce sera l'anniversaire de grand-mère. Le problème c'est qu'on ne peut être que deux absents et Kooritsuki est en congé jusqu'à ce mercredi inclus...
- Et je ne peux malheureusement pas y faire grand chose... » ajouta Maria.
Leyra passa à côté d'eux sans réagir et se dirigea vers la sortie. Keita regarda sa sœur un moment avant de dire : 

« On va devoir tirer ça à la courte paille ce soir.
- Nous verrons bien, lui dit ça grande sœur. En attendant occupe toi plutôt de prendre des missions pour aujourd'hui. »

La femme-louve mit quelques minutes à arriver chez le père de Kooritsuki. Elle toqua. Le père de Kooritsuki vint ouvrir la porte après quelques secondes.

« Tiens, Je ne vous attendais pas aujourd'hui...
- Je n'ai pas jugé nécessaire de vous prévenir, puisque je pense que Kooritsuki n'est pas de sortie de toute manière » répondit-elle avec un léger sourire aimable.
L'homme lui rendit son sourire.

« Si vous la cherchez, vous savez ou la trouver, dit-il en la laissant entrer.
- Merci. »
Elle entra et se dirigea directement vers la chambre de Koori, et toqua à nouveau. Kooritsuki, qui avait senti la présence de la louve, ouvrit avant même qu'elle ai fini de toquer puis retourna s'asseoir sur son lit en demandant :

« Tu est revenue pour quoi...
- J'avais dit que je reviendrais pour avoir une réponse, fit-elle en s'installant sur la chaise.
- Et si je n'en ai pas à te donner, que feras-tu ?
- Mmh... je continuerai à venir te voir, répondit-elle avec le sourire.
- D'accord, dans ce cas j'ai une réponse. Ça me semble évident que personne n'a envie de passer ses jours hanté par quelque chose.
- Bien. »
Leyra s'appuya sur le dossier de la chaise. Elle semblait presque amusée.
« Et as-tu déjà pensé à quelque chose pour y remédier ?
- C'est impossible. A moins de perdre la mémoire je ne vois pas ce que je peux y faire.
- Tu te contredis.
- Je ne compte pas perdre la mémoire, donc je vivrais avec.
- Vivre avec ne veux pas forcément dire que tu dois le subir.
- Je n'ai pas la réponse à ça. Si tu en as une, donne-la moi au lieu de me torturer l'esprit...
- Ça n'aura pas réellement de sens si tu ne la trouves pas toi-même. La réponse que j'ai trouvé ne peux s'appliquer qu'à moi, et ne t'avanceras pas à grand chose. En revanche, continuer à s'y confronter et vivre sa vie jusqu'à trouver une solution est une bonne chose à faire.
- Je ne comptais pas rester ici jusqu'à la fin des temps. Je vais évidement retourner travailler... »
Leyra acquiesça, un sourire aux lèvres.
« Soit sûre de prendre du temps pour y réfléchir, même après être revenue. Tu ne t'en sortira pas si tu penses qu'il t'es impossible de ne plus avoir peur de ton passé. » dit-elle en se levant de la chaise.
Kooritsuki la regarda se lever, et même si ça lui arrachait la gorge, elle lâcha :

Larmes d'un mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant