Larmes d'un monde

Chapitre 5 : Partie II

      A l'extérieur, la femme-louve s'apprêtait à monter dans une calèche à mi-chemin pour rentrer au bureau. Kooritsuki était elle aussi sur le chemin du retour vers le quartier général, chargée de sacs remplis de vêtements. Il était difficile de la reconnaître derrière tout cela, pourtant elle ne semblait pas le moins du monde dérangée dans sa marche. Elle arrivait bientôt au quartier général quand elle croisa Leyra et fit d'abord mine de ne pas l'avoir remarquée. Cette dernière le vit et sourit légèrement, amusée par sa réaction. Elle la rejoignit et commença à marcher à côté. Kooritsuki, qui avait été repérée et reconnue malgré les multiples sacs qui la masquaient, s'avoua vaincue et lui adressa la parole.

« Tu as finis tes affaires militaires rapidement on dirait » décrocha-t-elle en masquant son soupir et son incompréhension concernant l'actuelle situation. Elle se disait que la jeune femme à côté d'elle ne la portait sûrement pas non plus dans son cœur... alors pourquoi diable était-elle venue la rejoindre ? Elle aurait aussi bien pu faire semblant de ne rien voir. Pourtant elle était venue... Se trompait-elle sur les sentiments de Leyra à son égard ? Ou peut-être au contraire était-elle venue pour se payer sa tête en marchant tranquillement les mains vides à côté d'elle, tout en la regardant ensevelie sous les sacs. Cette dernière option était celle qui lui semblait la plus probable. Pourtant elle ne ressentait aucune animosité dans l'aura dégagée par sa collègue.

« Il ne s'agissait que d'une petite réunion. Je vais devoir repartir demain, et cette fois je ne sais pas pour combien de temps. Plusieurs semaines, ou même un mois. Besoin d'un coup de main ? »

Visiblement, elle s'était trompée, puisque la colonel lui proposait sont aide. Elle hésita un instant, puis se dit qu'elle n'y perdrait rien.

« Pourquoi pas... »

Elle lui céda une partie des sacs qui correspondaient à la quantité que pouvait porter une personne.

« Donc, on ne te reverra probablement pas avant un moment.

- Effectivement. Mais bon, j'aurais pu tomber sur pire. Au moins je suis sûre de revenir » dit-elle avec un petit sourire attristé, qui disparu très vite. Mais une faible lueur persista dans son œil. Kooritsuki sentit une pointe de tristesse provenant de la jeune femme. Qu'entendait-elle par là ? Aurait-elle envie de rester ici ? C'était difficile à cerner, même pour une personne aussi empathique que Koori. Elles arrivèrent au quartier général. La blanche laissa ces pensées de côté pour se concentrer sur Maria et Keita, qui arrivaient pour voir ce qu'elle avait trouvé.

« Fait voir ! fit le blond, enthousiaste, très vite suivi par sa sœur aînée.

- Oh... Il n'y avait pas d'autres couleurs... genre un peu plus bleu ? demanda-t-il.

- On va dans un marais, pas au bord d'un lac.

- Au fait, grande nouvelle, annonça Sora tout en contemplant les vêtements marrons et vert-gris qu'elle avait apportés. Maria vient d'être nommée seconde du chef.

- C'est une blague...

- Comment ça ? Qu'est ce que ça veut dire, ça ? s'indigna l'intéressée.

- Juste que je m'attendais plutôt à lui... plus qu'à toi... dit la blanche en pointant Kurtz du bout du doigt. »

Ce dernier haussa les épaules en souriant.

« Je pensais pourtant avoir fait plutôt bonne figure. Mais le chef doit avoir ses raisons.

- Être sérieux c'est bien, mais trop c'est manquer d'imagination. Et moi je suis très imaginative !

- Ça c'est sûr...

- Dis-moi Koori, j'ai l'impression que tu me cherches.

- Pas du tout... j'appuie sur le fait que tu aies de l'imagination pour sortir une explication aussi peu crédible... »