La femme-louve arpentait à nouveau les rues de la capitale. Elle toqua à la porte de la petite clinique. Le Doc lui ouvrit, avec sa bonne humeur habituelle lorsqu'il avait affaire à la jeune femme. Cette dernière le salua avant de couper court à toute sorte de réprimande.
« Tu as analysé l'échantillon ? »
Le médecin grommela avant de répondre.
« Oui. C'est une drogue qui amplifie grandement les capacités physiques d'une personne. Jusque là rien d'anormal pour ce type de produits, mais j'y ai trouvé quelques éléments dont je ne sais pas trop quoi faire. Je n'ai pas les moyens ici de trouver à quoi elle sert. Il est probable qu'elle soit plus stimulante et addictive pour les homme-bêtes que les humains.
« Je vois... Merci quand même. »
Elle repris l'échantillon avec elle, un peu dépitée. La femme-louve quitta la clinique après avoir échangé encore un peu avec le Doc. Elle leva les yeux vers le ciel d'un gris sinistre, qui semblait refléter son humeur des derniers jours.
« Toi aussi, ça t'es égal ? » murmura-t-elle, fixant un point au-delà des nuages mornes dont elle seule percevait l'existence.
Arrivant devant le bâtiment de l'État major, la jeune femme, qui avait changé sa tenue noire habituelle pour son uniforme, soupira avant de pousser la lourde porte en bois. Cheminant dans les couloirs, toute personne qui croisait sa route s'écartait en baissant la tête. Du coin de l'œil elle remarqua qu'un intendant tremblait légèrement alors qu'il s'effaçait du mieux qu'il pouvait contre le mur, comme s'il cherchait à y disparaître. Leyra ne s'en formalisait pas. Elle était bien consciente que son expression actuelle la faisait paraître encore plus inapprochable que d'ordinaire, effrayant les pauvres gens qui croisaient son chemin. Le visage fermé, elle entra dans un bureau faire son rapport.
Elle en ressortit bien vite, animée d'une colère froide qui semblait prête à bondir sur le premier malheureux qui s'approcherait d'un peu trop près. Arrivée sur la chaussée, elle reprit une contenance acceptable, histoire que les promeneurs n'aient pas la soudaine envie de se jeter entre les roues des carrioles pour éviter la promesse de mort certaine qui s'avançait vers eux.
De retour à son appartement, elle se débarrassa si vite de son uniforme qu'on l'aurait cru rempli d'épingles lui taillant la peau à chaque mouvement. La femme-louve s'assit sur son lit et inspira longuement, comme s'il s'agissait de la première goulée d'air frais auquel elle avait eu droit depuis un bon moment.
Le soir venu, elle ressortit, se glissant parmi les ombres des rues. La femme-louve entra dans un bar non loin de son domicile. A l'intérieur, quelques clients à l'air hagard buvaient déjà, accoudés à des tables qui n'avaient probablement jamais été changées depuis l'ouverture de l'établissement. Derrière le comptoir, un homme élancé ne daigna pas lever le nez. Ses cheveux grisonnants trahissaient son âge. Leyra s'avança d'un pas souple vers lui.
« Un whisky, épicé. »
Le barman lui tendit son verre, et glissa discrètement un petit bout de papier en-dessous. La jeune femme prit son temps pour boire, paya sa consommation et repartit.
L'adresse griffonnée et à peine lisible la mena à la limite sud entre le quartier pauvre et des habitations qui ne menaçaient plus de s'écrouler sur leurs résidents. Elle se planta un moment devant un portail si rouillé qu'il ne tenait plus au mur que par quelque miracle. Le poussant avec précaution et dans un grincement peu discret, la pelouse mal entretenue bruissa sous ses pieds. Leyra toqua à la porte. Un coup, deux coup, une pause, puis un troisième. Un majordome trop bien habillé pour les lieux la conduisit dans une petite salle. Sa ressemblance avec le barman était pour le moins troublante. Un frère, probablement. Elle s'assit sur l'une des nombreuses chaises, qui protesta dans un craquement peu rassurant. Cette salle d'attente semblait avoir été improvisée en rassemblant en un seul endroit toutes les chaises de la maison, sans se soucier de leur assortiment entre elles. Des voix s'élevèrent de la pièce d'à côté, les murs en pierre n'étant pas assez épais pour offrir une quelconque insonorisation.
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Larmes d'un monde
FantasyAvec la fusion des bureaux Est et Ouest, un nouveau bureau d'enquête spéciale voit le jour à Toran. Et ses membres ignorent encore que leurs quêtes vont les mener vers les secrets les plus sombres de leurs coéquipiers, de ce monde... Histoire coécri...