1 + 0 = 2

Je Te Fais Parler

Minho se lève dès la première sonnerie de son réveil. Il l'éteint et prend le temps de caresser trois fois ses trois chats. Il les regarde un moment s'étirer, se sentir et se cajoler.
Puis, il part dans la salle de bain. Vingt minutes plus tard, il en sort et va dans la cuisine pour se préparer son petit déjeuner.
Il mange tout en regardant les actualités avant de bifurquer sur les réseaux sociaux.

Quand il a fini de manger, il débarrasse la table, vérifie les gamelles de ses chats, prend sa veste, son sac et sort de chez lui.
Tout en descendant les escaliers, il vérifie le contenu de son sac. Puis, il passe la porte et se retrouve dehors.

Dans la rue, il croise parfois les mêmes personnes que tous les matins et cherche chez elles des différences pouvant lui donner un indice sur leur vie privée. Comme d'habitude, il évite de les regarder dans les yeux et encore plus de se faire frôler ou bousculer.

Vingt minutes plus tard, il monte dans le métro, se met dans un coin et vérifie le contenu de son sac. Un sourire apparaît sur ses lèvres. Ensuite, il lève la tête et regarde les gens, essayant de les imaginer dans leur intimité.

Ce monsieur qui murmure quelque chose pour lui seul. Est-il stressé, apeuré ou fou ? Parle-t-il tout seul même chez lui ou à son travail ?

Cette femme est parfaite à un détail près. Son rouge à lèvres est mal mis. Tremblait-elle avant de le mettre ? Est-elle malade ou a-t-elle reçu une mauvaise nouvelle ? Avait-elle peur quand elle l'a mis ? Ou alors, a-t-elle fait un bisou ou embrasser quelqu'un avant de venir dans ce métro ?

Ces deux garçons qui parlent ensemble, très bas pour ne pas déranger, sont-ils amis ou frères ou cousins ? Passent-ils leurs soirées ensemble ? Sont-ils proches ou font-ils semblant ?

- Salut Minho !

Il sursaute et son regard se tourne vers Chan, dont il a tout de suite reconnu la voix. Il regarde ses chaussures, son jean, sa chemise et sa veste, pour remonter jusqu'à son visage souriant. Il s'arrête au niveau de son nez, il contourne ses yeux et regarde son front.

- Salut, répond Minho calmement.

- Tu n'as pas fini trop tard hier ?

- Non, pas plus que d'habitude.

- C'est quoi le programme pour aujourd'hui ? demande le jeune homme.

- Le même que hier. Chaque semaine nous changeons de salles, mais pendant la semaine, nous restons sur le même trajet. Parfois, il y a des changements si on a besoin de nous pour une opération difficile ou qu'on nous amène un animal sauvé ou en mauvaise condition.

- Je vois, donc cette semaine, on s'occupe des châteaux, des jeunes chats et des chats malades. Et toi, de la salle 1.

- Je m'occupe toujours de la salle 1 du rez-de-chaussée quelle que soit la semaine. Ça évite de perturber les chats qui y sont. Et disons plutôt que l'on s'occupe des salles 4, 3 et 2, car il y d'autres salles avec des chatons et des jeunes chats.

- D'accord. Dis, tu n'as jamais été tenté d'adopter un des chats dont tu t'occupes ? demande Chan.

- C'est déjà fait, répond Minho. Mais, il faut savoir, même si c'est dur, garder une certaine distance.

- Comment tu fais ?

- Ça s'apprend, dit-il.

Chan donne un petit coup de coude sur le bras de Minho qui écarquille les yeux et grimace légèrement.

- Allé ! Tu n'as pas une astuce ? Un tuyau ? Quelque chose ? demande-t-il avec un grand sourire.

- Nous parlons d'êtres vivants, pas de robots pour lesquels il faudrait juste réinitialiser le système. Soit tu as la vocation, soit tu ne l'as pas, répond sèchement Minho.