Mensonges et suspicion

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-Vanitas,  tout vas bien ?

Je fus tiré de mes pensées par la voix inquiète de Noé, assis sur le fauteuil à côté de moi, son visage légèrement penché vers le mien. Nous étions en train de patienter dans une vaste salle richement décorée chez Lord Ruthven en attendant que celui ci puisse nous recevoir.
Depuis que nous étions arrivés, je repensai sans cesse à cette phrase que Dante m'avait écrite : "méfie toi de Lord Ruthven." Bien sûr, j'avais des soupçons sur sa bonne foie depuis longtemps, ce n'était pas nouveau, mais pourquoi Dante m'avait-il dit ça, alors qu'il ne l'avait jamais rencontré ? Savait il quelque chose que j'ignorais sur son compte ? Pour qu'il fasse l'effort de m'envoyer gratuitement une lettre pour me prévenir, il devait vraiment penser que j'étais en danger... Mais pourquoi ?! Je rassurait Noé en secouant la tête.

-Ce n'est rien, je pensais juste à quelque chose... Rien d'important...
-D'accord...

Bien entendu, j'avais envoyé immédiatement une lettre à mon informateur pour lui demander des réponses à mes questions, mais j'allais devoir attendre sa réponse. En plus de ça, ses informations sur le maudit m'intrigaient. Que ferait un vampire dans un orphelinat du monde des humains ? Et pourquoi traverserait-il clandestinement la frontière pour aller attaquer des vampires alors qu'il pourrait s'attaquer à des humains beaucoup plus accessibles de son côté ?

-Noé !

Subitement tiré de mes pensées, je me retournai et vit Lucas, le jeune duc d'Oriflammes accompagné de Jeanne courir vers nous. En le voyant, le visage de Noé s'éclaira, et il me pris par la main avant de courir vers eux, m'entraînant avec lui. Ce bref contact ne manqua pas de faire sauter un battement à mon coeur, à mon grand désespoir. Une fois arrivé prés d'eux, ils se saluèrent tous chaleureusement.

-Noé, quel plaisir de te voir ici ! Cela faisait longtemps que nous n'avions pas eue l'occasion de nous parler, comment vas tu ?, s'écria Lucas.

-Je vais bien, merci, et toi ?

-Je me porte bien également. Avez-vous rendez-vous avec mon oncle ?

-Oui, il doit nous donner des documents rechercher un maudit...

Pendant qu'ils continuaient leur discussion, je vis que Jeanne fixait ma main avec insistance, toujours dans celle de Noé. Prenant conscience de l'ambiguïté de cette scène, je la retirait vivement et me réprimandai moi même.

"Il faut que je me calme et que j'arrête d'être gêné pour un rien ! J'ai pris la résolution de réfréner mes "sentiments" (?) pour me concentrer sur mon travail, je dois m'y tenir à tout prix ! Personne ne doit rien remarquer..."

Je me dirigeais donc vers Jeanne pour lui jouer mon numéro cliché du Don Juan français habituel. Au fond, ce comportement me coûtait beaucoup, assez pour que je m'en rende compte. C'était une fille bien, et je me servais d'elle pour... Pour quoi, au juste ? Avais-je quelque chose à me prouver en jouant les bourreaux des cœurs ? Ou quelque chose à prouver aux autres ?

-Bonjour, Jeanne ! Comment se porte la femme de ma vie aujourd'hui ?

Mais, à ma grande surprise, au lieu d'avoir l'air gêné ou de s'énerver contre moi comme elle avait l'habitude de le faire, elle posa sur moi un regard très étrange, entre l'amusement et la compassion, et me gratifia d'un sourire très doux.

-Je vais bien, je te remercie. Et toi ?

Pris de court par cette réaction inhabituelle, je répondais un " Ça va..." sans grande conviction, avant de fixer mon regard sur le parquet comme un enfant qui aurait honte d'avoir fait une bêtise, avant de ressortir ma fameuse poker face habituelle. Pendant un instant, j'eus l'impression qu'elle voulait me dire quelque chose, puis elle sembla se raviser. La conversation de Noé et Lucas semblait aller bon train, et Jeanne jetait de temps à autres des regards attendris vers son maître, comme une mère soulagée de voir que son précieux rejeton c'était fait des amis à l'école.
Soudain, un lugubre bruit de porte qui grince retentit et un petit laquais,manifestement un vampire d'une dizaine d'années, tout maigre et chétif au chevaux blonds pailles pénétra dans la pièce. Il parla avec une voix de fausset légèrement chevrotante et nous dit :

"Tu étais là" Vanitas x NoéWhere stories live. Discover now