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Ça fait 10min que je me pose la question de savoir si je dois y aller ou non.

A Ken :

J'ai encore des devoirs à faire...

De Ken :

T'es comme les autres enfaîte.

A Ken :

Qu'est ce que ça veut dire ça ?

De Ken :

Que quand on est tous ensemble au lycée tu fais la meuf proche de nous et tout mais quand faut sortir en dehors du lycée t'es jamais là. Tu veux juste traîner avec nous pour avoir l'air cool.

Il pense vraiment ça de moi ?
Ça me peine parce que je suis vraiment pas comme ça. Je déteste qu'on me prenne pour ce que je suis pas.

A Ken :

J'arrive

De Ken :

Pas la peine, c'est bon.

Je ne fais pas attention à son message et enfile mes chaussures avant de sortir. Mon père est toujours dehors donc le champ est libre.

J'arrive après quelques minutes au square et l'aperçois assis sur la même balançoire que la dernière fois.

- Ken..

Il se retourne, me regarde et se reretourne sans me dire un mot.

J'ai cru voir ses yeux briller, me dite pas qu'il pleure.

- Ken, je suis pas comme ça, je le serais jamais. Si je suis avec vous c'est parce que je vous apprécie vraiment beaucoup, je m'en fou complétement que vous ayez une forte réputation, je suis là pour ce que vous êtes vous.

Je pars m'asseoir sur la balançoire à coté de lui et sors mon paquet de cigarette.

- Excuse moi beau jeune homme, t'aurais pas un feu s'il te plait ?

Il tourne rapidement sa tête vers moi et quand il voit mon sourire, il se met lui aussi à sourire de toutes ses dents en secouant sa tête et en sortant son briquet de sa poche.

- Alors dit moi ce qui va pas Kenouille, dis-je en recrachant ma fumée.

- Tu crois que je vais te dire ce que j'ai alors que toi tu veux pas me dire ce que t'as ?

Je baisse la tête après ces mots, il a raison.

- Mes parents vont divorcer, dis-je en regardant devant moi.

- Merde, désolé. Tu sais tu peux m'en parler si tu veux, maintenant avec les gars on est là.

J'hoche les épaules avant de lui reposer ma question.

- Et toi ?

- Je...je me suis engueuler avec Mélanie, elle trouve que je m'occupe pas assez d'elle et vu que t'es une fille je me suis dit que tu pourrais m'aider.

- Tu penses qu'elle a raison ?

- Je sais pas trop. C'est vrai qu'en se moment je suis pas mal avec les gars parce qu'on réfléchit de plus en plus à notre projet de rap mais c'est quelque chose qui me tient à mort à cœur, je peux pas abandonner.

- Je comprend et tu lui as dit ?

- Vite fais, elle s'intéresse pas trop à tout ça, elle me soutiens un peu quand même mais voilà.

- Je peux pas te dire ce que tu devrais faire, c'est à toi de prendre une décision mais réfléchis et pose toi les bonnes questions, explique lui aussi si elle tient à toi elle comprendra, c'est sur. T'as qu'à l'inviter à sortir je sais pas où, un endroit que vous aimez tout les deux beaucoup et dis lui ce que t'as sur le coeur.

Il hoche la tête et me sourit légèrement.

Après quelques minutes de silence il reprend la parole.

- Ca fait longtemps que tu fumes ?

- 1 an un peu près. Et toi ?

- Je fume pas de cigarette.

- Je sais.

Il me regarde avec incompréhension et m'incite à lui dire comment je sais.

- Tu me prend pas pour une folle hein ?, il pouffe et secoue la tête, j'observe beaucoup les gens, j'adore les analyser, quand je me fait pas cramer biensur, et à chaque fois qu'on sortait devant le lycée pendant les récréations, tes potes fumaient leurs clopes mais toi je t'ai jamais vu en fumer une seule, même entre midi et après les cours donc j'en ai conclu que tu fumais juste du shit à tes heures perdus.

Il me regarde intensément pendant quelques secondes avant de sourire et d'hocher la tête.

- Perspicace en plus, dit-il.

- Et encore t'as rien vu, dis-je en lui faisant un clin d'il, ce qui le fait rire.

- Je vends un peu aussi, déclare-t-il peu sur de lui.

- Fais attention à toi, c'est un milieu dangereux Ken.

- Tu t'inquiètes pour moi ?, lâche-t-il avec son petit sourire malicieux.

- Peut être, dis-je sur le même ton.

Nous parlons encore pendant deux bonnes heures jusqu'à ce que je commence à fatiguer.

- Je vais rentrer moi sinon je vais m'endormir sur la balançoire.

- Je te raccompagne.

- T'es sur ?

Il hoche la tete et nous quittons le square pour se rapprocher de ma rue.

Notre attention est attirée par des cris émient depuis un bar devant lequel nous passons.

Je reconnais vite mon père, quand le barman le pousse dehors.

Tout mais pas ça, pas devant Ken putain.

- Jeanne ?, hurle mon père.

- Tu le connais ?, me chuchote Ken.

J'hoche lassement la tête avant de lui répondre.

- Tu veux bien rentrer chez toi Ken s'il te plait ?

- Quoi ? Nan, Jeanne je vais pas te laisser seule avec ce poivreau, on sait pas ce qu-

- Le poivreau c'est mon père.

- Merde, je voul-

- Pars Ken, s'il te plait.

Il me regarde avec ce que je pourrais traduire par de la tristesse ou de la pitié, je sais pas trop.

Je me dirige vers mon père qui marche en titubant et passe mon bras sur son dos pour l'aider à marcher droit.

J'ai envie de pleurer. Mais je le ferais pas, je veux pas qu'il voit que je vais pas bien à cause de lui.

Et quelle image Ken va avoir de moi après ça, de ma famille ?

C'est triste à dire mais là j'ai juste honte de mon père. Il arrive toujours à tout gâcher.

- Il est quelle heure ma chérie ?

Quand son haleine parviens à mon nez j'ai un haut le coeur, c'est ignoble.

- Je sais pas, 2h du matin je pense.

- Qu'est ce que tu fait dehors à cette heure là et avec un garçon en plus ?

- Il avait besoin de conseil pour sa copine, je l'ai aidée, c'est tout.

Il lâche un espèce de grognement et ne dit plus rien jusqu'à ce que je le ramène dans sa chambre.

Je pars directement me coucher, le coeur lourd avec quelques larmes que je n'ai pas su retenir.

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