La Sixième Zone

Chapitre 3

Je rejoins la piste de danse, escortée par Adam qui garde son bras autour de ma taille. Les autres jeunes filles me fixent, avec jalousie. Qu'elles le prennent, je n'en ai rien à faire. Me voilà à présent à danser avec Adam. Je croise le regard de Malia, qui se trouve dans les bras de mon frère. Elle a l'air aussi désespérée que moi, sauf que je montre moins mes sentiments qu'elle. Ses joues humides montrent des traces de larmes. Ma Malia, prise au piège par mon propre frère qui l'oblige à danser avec lui, et à plonger ses yeux dans les siens.

Adam me prend par le menton, et tourne mon visage vers lui. Il veut que je le regarde. Vu que je n'ai pas le choix, je m'exécute, et le fixe avec le regard le plus intense que je puisse imiter. J'aurais pu l'aimer, s'il n'avait pas été aussi arrogant, méprisable, et avide de pouvoir. Ses cheveux bruns, ses yeux noisette, et son corps parfait, auraient pu être la proie de mon amour, mais ils n'appartiennent qu'à ma haine.

J'aperçois mon père, accompagné par Carl, qui viennent se placer au milieu de la salle. La musique s'arrête, et tous les invités se tournent vers le Gouverneur, et son meilleur conseiller. Je sais parfaitement ce que mon père va annoncer, et une boule se forme dans mon ventre, car je sais ce qu'il va se passer après le discours d'Andrew.

– Je demande à mes enfants de me rejoindre avec leurs cavaliers, commença mon père. Mes chers amis, j'ai une grande et heureuse nouvelle à vous communiquer. J'annonce en cette heure de fête, les fiançailles de mon fils avec la belle Malia Kane.

Des applaudissements résonnent dans toute la salle. Tout le monde se doutait déjà de cette nouvelle, mais ils mourraient d'impatience d'entendre enfin l'officialisation.

– J'ajoute également, poursuivit le Gouverneur, les futures noces entre Adam Kane et ma fille Thallia.

La foule nous acclame de plus belle, à part Nathaniel, qui a l'air désolé pour moi. Un sourire forcé s'affiche sur mon visage, tandis qu'Adam se met à rire avec Trevor. Ils ont gagné, et avec Malia, nous avons perdu. Bientôt, nous échangerons nos noms de famille. Je deviendrai une Kane, et elle une Sethman. J'essaie malgré tout de voir le bon côté des choses. Je n'aurai plus à supporter les reproches de mon père, ni ceux de mon frère. Et puis, je sais qu'Adam fera tout son possible pour me combler. Mais même en me disant cela, je ne peux me résoudre à accepter ce mariage. Et pourtant, je n'ai pas le choix.

– Allons mes enfants, embrassez-vous, exigea Carl tout en posant une main sur l'épaule de son enfant favori.

Adam répond à son père par un sourire complice, puis m'embrasse de la même façon que tout à l'heure. Je me retiens de le frapper et de m'enfuir, car je sais que je n'irai pas loin. Des soldats gardent la porte, et ils me rattraperont en peu de temps. Car Adam n'est pas du genre à m'abandonner aussi facilement.

Je regarde mon père, qui hoche la tête d'un air satisfait. Pas de faux pas pour le moment. Mais j'ai peur de la suite. D'après la tradition, après l'annonce des fiançailles, le couple monte dans l'une des cinq chambres du siège du gouvernement, et je n'ose même pas dire ce qu'il va se passer ensuite. Ce n'est pas pour moi que j'ai peur, mais pour Malia. Elle est très sensible et encore innocente. Ça sera plus dur pour elle, que pour moi.

La main d'Adam sur mes hanches, me sort directement de mes pensées. Il m'entraîne vers les escaliers, tandis que Trevor et Malia nous suivent, et que la musique reprend. Le volume est encore plus important que tout à l'heure. Après avoir monté les marches, nous arrivons devant l'une des chambres. Adam m'ouvre la porte, et j'entre tout en retenant ma respiration. Il fait sombre à l'intérieur. Une simple lampe me permet de distinguer les ombres des objets environnants.

J'entends des bruits de pas derrière moi, et quelqu'un me plaque contre le mur, avant de coller sa bouche impatiente contre la mienne. Adam. Je sens sa main qui descend le long de mon corps, pour rencontrer ma cuisse. Il soulève ma robe tout doucement, profitant de chaque parcelle de mon corps, de chacun des frissons qui me parcourent. Ce n'est qu'un mauvais moment à passer Thallia. Tiens le coup, il le faut. Le visage d'Adam se plonge dans mon cou, et me couvre de baisers. Je n'entends plus rien, à part la respiration rapide du tyran.