Ella
Les seules fois, si peu soient-elles, où j'étais allée faire les magasins avec Thomas, c'était toujours la même chose. Il s'asseyait sur un tabouret dans le magasin, ou bien parfois même en dehors et, il m'attendait jusqu'à ce que je sorte. Une fois rentré chez l'un ou l'autre, il regardait dans mes sacs et jugeait les vêtements que j'avais achetés. Cette fois encore, ça n'a pas raté.
Nous arrivons dans sa chambre, après une heure de shopping.
Je pose mes sacs par terre, sur son parquet et je m'assoie sur son lit.
— C'était é-pui-sant, dit Thomas en prenant mes deux sacs dans la main.
— Tu es resté assis pendant une heure, me moquais-je.
— Eh bien, tout de même.
Je ne réponds pas et il pose mes sacs à côté de moi, sur le lit.
— Voyons...
Il sort mes deux tee-shirt et mon jean.
— Celui-là est joli. Il fait référence à un col roulé noir très simple.
— Hmm, mon ancien s'est déchiré dans la machine.
— Celui-ci est plutôt osé, tu ne trouves pas ?
— Mon tee-shirt nirvana ? Je suis plutôt contente d'en avoir un deuxième.
— Je veux dire, c'est écrit Nirvana partout ; en petit, en gros, de toutes les couleurs. À quoi ça sert ? Tu veux que les gens te remarquent ou quoi ?
Je manque de m'étouffer avec ma salive.
— Rien à voir, dis-je gênée, je l'aime juste bien...
— Hum, ne le porte pas au lycée ou les gens s'immaginerons que tu es une punk.
Et alors ?
Enfin, je voulais changer de sujet mais, il le fait avant moi.
— Bref. Ça tient toujours pour la fête chez Matthias jeudi ?
Pas vraiment.
— Je ne sais pas... Écoute, on en reparle plus tard, d'accord ?
Il ne me répond pas. À la place, il part de sa chambre en claquant la porte.
Je souffle. Il est irritable en ce moment.
Je passe mes mains sur mon visage, comme un geste d'encouragement et, je me lève pour sortir à mon tour.
Je descends les hauts escaliers noirs et je vais là où j'entends du bruit ; le salon.
Je le vois avachi sur le canapé, les deux mains liées derrière la tête, les jambes écartées, regardant la télévision allumée.
Je m'assois à côté de lui, sans ouvrir ma bouche, ce qui me demande beaucoup d'efforts sur le moment.
Lui non plus ne becte pas un mot. Nous nous contentons de regarder un programme sur l'économie dans le monde. Jusqu'à ce qu'il s'endorme sur mon épaule.
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Je sens mon téléphone vibrer dans ma poche. Je m'étais assoupi.
Thomas est toujours à côté de moi, avec sa tête avachie sur mon épaule gauche.
J'essaie de ne pas faire de gestes brusques et tente de sortir doucement mon téléphone de ma poche arrière.
C'est un message de Liz.