Une douce brise vint chatouiller le visage endormi de 10-10. Le hululement de certains hiboux, le bruissement des feuilles mortes et le froufrou des branches secouées par le vent du soir, son esprit embrumé les percevait à peine. Et pourtant, tous ces sons inconnus bordaient assez son entendement pour faire de ses intestins, un nœud amer.
Son corps était étendu sur une chose bien trop dure pour être son lit. Le contact désagréable de ce qui semblait être des feuilles sèches et la chaleur ambiante lui fit comprendre qu'elle n'était pas dans sa chambre. Ajoutés à cela, l'impression désagréable que son crâne se faisait broyer dans un mortier et ses membres ankylosés la mena à un conclusion qui la fit tressaillir : elle n'était pas dans la sphère.
Son coeur martelait sauvagement sa cage thoracique et le nœud dans son ventre paraissait se resserrer, agrandissant son sentiment d'asphyxie. Soudain une idée lui effleura l'esprit, un idée qu'elle chassa bien vite, elle et le sentiment de réconfort qu'elle lui avait apporté. Elle ne pouvait pas s'être faite élargir. Ses sueurs glacées, son coeur affolé et son vertige grandissant le prouvait bien.
Progressivement, la brume qu'était son esprit commença à se dissiper, aspirée par le tourbillon de questions et l'ouragan d'angoisse qui l'agitait.
La blonde entrouvrit une paupière douloureuse, lorsque, subitement, un mal cuisant fendit son crâne et un gémissement brisa la barrière serrée de ses lèvres. Le paysage oscillait, se bousculaient devant ses yeux tel une toupie. La tête lui tournait. Et son vertige s'accrut lorsque sa seconde paupière se souleva.
Doucement sa vision devint plus claire et elle discerna avec soulagement l'astre lunaire qui brillait dans la noirceur hostile du ciel. Un grand réconfort prit possession de son être, comme si la lumière apaisante de la lune atteignait son coeur et perçait les ténèbres ambiants de doutes, peurs et inquiétudes. Ymiris lui accordait sa protection. C'était bon signe. Elle oublia la chaleur, les sons inconnus et le nœud dans son se délia. Ses yeux étaient absorbés par elle, lune, endroit où son dieu s'était exilé.
Malheureusement, cette tranquillité restait éphémère.
Les yeux de 10-10 descendirent plus bas. Véritable descente aux enfers. Elle tressaillit. Son coeur se remit à galoper et la sueur à couler. Des arbres immenses aux feuilles vertes, aux troncs marrons parsemaient l'endroit, des feuilles sèches parcouraient le sol, certaines portées par l'air chaud.
La sphère ne comptait que des arbres d'un blanc vif. Mais la zone zéro, non.
Les précédents événements regagnèrent bien vite son anamnanésie, s'insérèrent brutalement dans son crâne et dansèrent lentement devant ses yeux comme pour faire durer l'expression de peur et d'effroi qui modelait son visage.
Le visage de la non-élargie blêmit. La panique la regagna, s'engouffra dans sa gorge, gonflant ses poumons et liant son estomac. Il fallait s'enfuir au plus vite. Mais comment ? Elle ne savait pas où elle se trouvait ni où aller. Étais-ce les rebelles qui l'avaient laissé là ? Allaient-ils revenir la chercher où l'abandonner ici ? La blonde était incapable de bouger. Ses membres étaient cloués au sol. Sûrement, les effets de l'étrange gaz qu'ils avaient utilisés pour l'évanouir. Incapable de se défendre, elle finirait sûrement dans le ventre d'un des animaux qui regorgeaient les étranges forêts de la zone zéro.
Elle se sentait au bout du rouleau et elle fit ce qu'elle était habitué à pratiquer dans ces cas-là. Fermant les yeux, matérialisant la forme et la couleur de la lune dans son esprit, elle pria. Pour Qu'Ymiris l'aide, pour qu'il lui accorde sa protection, pour qu'il veille sur elle et à ce qu'elle rentre chez elle, dans la sphère.
On racontait Qu'Ymiris vivait autrefois sur terre lorsque pour une raison inconnue de tous, s'exila sur la lune et y demeura depuis. Dès lors ses sujets se dirent que pour être sûr que le dieu écoute leurs prières, il devait se tourner vers la lune.
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10-10 ou LiLy ?
Fantasy« La Guerre est déclarée» Lorsque deux dieux qui se vouent une haine dissimulée décident d'enfin savoir lequel de leur peuple est le plus puissant. Quand deux espèces décident d'en finir avec l'autre au nom de leur Dieu : Le gagnant n'est pas à do...