— Myrius !
— C'est pas vrai... fit l'homme en accélérant.Quelques têtes se tournèrent, intrigués, vers les deux professeurs qui semblaient jouer au chat et à la souris dans les couloirs du bahut des profs. Pour myrius qui aimait se faire discret, c'était raté. Cette femme ne pouvait donc pas lui lâcher les baskets ? Toutes ces paires d'yeux braqués sur lui, ankylosait sa tête. Vivement le moment de sortir d'ici ! Le blond risqua un regard derrière lui et un sourire victorieux étira ses lèvres, lorsqu'il constata qu'il commençait à la distancer. Ne s'offusquant pas du regard furibond que lui lançait sa poursuivante, il la sema enfin à une intercession de couloir. Il fut en partie soulagé d'être hors de porté de la jeune femme mais il restait à faire.
Il fallait encore quitté l'endroit sans se faire repérer. L'homme rabattu sur son visage sa casquette noire et se mit à marcher. Lentement, les professeurs retournèrent à leurs occupations et discussions et bientôt, il sentit le doux vent du dehors embrasser sa figure et toute la tension accumulée dans ses épaules les relâcher. Il s'autorisa à souffler et machinalement retira sa casquette. Pourtant, malgré le silence opaque porté par la brise qui chatouillaient les pointes blondes de ses cheveux hirsutes, l'astre lunaire et la confortante lumière qui émanait d'elle, l'homme ne se sentait pas à son aise. Si proche de ses pairs, un mal-être profond lui grignotait la peau à s'en demander s'il était vraiment l'un deux. C'était le cas. La raison était évidente, rien n'avait vraiment changé.
Enfouissant ses mains dans les poches de son Jean, il lisait ses pensés clandestines. Ses yeux gris fixaient ses baskets usés, sans lassitude, et c'est ainsi que sa démarche silencieuse le mena à un bois aux immenses arbres immaculés. Myrius grimpa et s'assit sur l'une des hautes branches qu'offrait un arbre au large tronc. Caressant d'une main l'écorce blafarde, il laissa ses pensées divaguer au gré du léger vent qui secouait les feuillages clairsemés de l'endroit. Ici, au moins, il se sentait à l'aise, chez lui. Comme si le silence opaque et la brise coquine faisaient de biens meilleurs compagnons que ses congénères hypocrites.
Oui. Hypocrite était le mot qui qualifiait les habitants de la sphère. Sourire, rires, regards compatissants, mots doux, tous ça ne dissimulait qu'insultes, mépris et exécration. C'était un jeu de fausseté auquelle, il ne souhaitait participer. Il n'en y avait pas un qui sortait du lot, tous des charognards, tous comme Fayène.
Pourquoi cette information sonnait creux à ses oreilles ? Pourquoi à chaque fois ses pensées déviaient toujours vers lui ? Le professeur serra fort les poings. Il le détestait. Le savoir cloué au lit le rassurait même, il ne risquait plus de le croiser, bien que temporairement. Il le savait Fayène allait finir par se réveiller. Nul besoin de lui courir après juste pour accélérer le processus, comme elle le faisait !
C'était clair comme de l'eau de roche qu'ils tenaient l'un à l'autre. Myrius avait sû voir à travers le masque de froideur que le professeur revêtait en présence des autres, les œillades emplis de tendresse qu'il lui lançait. Mais une chose le chiffonait. Pourquoi Fayène et elle montraient aux autres tant d'antipathie alors que tous deux s'appréciaient ? La raison était-elle aussi évidente ? Il n'en était pas sûr. Avec monsieur Fayène l'on pouvait s'attendre à tout et n'importe quoi. Impossible de prévoir ses agissements et étrangement ce trait de caractère lui plaisait bien.
Il sourit faiblement.
Le blond leva la tête et son regard rencontra la lune qui semblait se défaire des quelques feuilles qui masquaient ses contours. Il inspira une grande bouffée d'air, embaumé de l'odeur de l'écorce humide qui embuait les environs et s'adossa au tronc. Myrius sentit l'écorce rugueuse derrière don dos mais ce contact ne le dérangea guère. Une jambe se balançant dans le vide, il continua l'examination de l'astre. Sa pâleur lui fit penser à la chevelure de 10-10, elle avait une bien étrange couleur. Aussi pâle que la lune. La vie était devenue bien morne sans elle, cela ne faisait qu'une nuit qu'elle était partie, mais il paraissait s'en être écoulé dix. Il s'amusait toujours des diverses expressions de son visage, car elle l'ignorait peut-être mais elle était très expressive. Elle lui manquait beaucoup. Mais il était hors de question, les choses étaient mieux ainsi.
*il aurait été comme elle, si on l'en lui avait donné l'occasion. Elle lui rappelait tellement...*
Myrius se redressa soudainement et resta figé. Qu'est ce qu'il était sur le point de faire ? Il les avait laissé le dominer, ses pensées. Coquines, elles voulaient s'échapper et s'en aller beaucoup trop loin. Étaient-elles arrivés à lui ? Ses yeux s'agrandirent sur le coup et comme pas réflexe, il sortit de la poche de son futal un petit carnet sombre. La tête de son stylo entre les dents, il écrivit. Au fur et à mesure que les pages défilaient, ses yeux écarquillés s'amenuisaient, soulagés. Son coeur qui cavalait comme un étalon sauvage lancé au triple galop s'assagissait et son regard avait repris la teinte grisâtre de mélancolie qu'avait décelé 10-10. Ses doigts tenaient fermement le stylo et la dance endiablé de l'encre sur le papier, allié à la pression qu'exerçait son pouce et son index sur la feuille la trouait par endroit.
Myrius semblait ne pas ressentir la douleur lancinante de son poignet endolori et les écorchures du papier. Tous ce qui comptait : vider son esprit.
Pendant un long moment, on n'entendit que les pensées tristes, sinistres, secrètes et inquiètes d'un homme se vider, noircir les pages jaunies d'un carnet noir. Des écrits condamnés à disparaître.
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10-10 ou LiLy ?
Fantasy« La Guerre est déclarée» Lorsque deux dieux qui se vouent une haine dissimulée décident d'enfin savoir lequel de leur peuple est le plus puissant. Quand deux espèces décident d'en finir avec l'autre au nom de leur Dieu : Le gagnant n'est pas à do...