chapitre 8

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Si cela avait été un autre jour, mademoiselle hermosa aurait sûrement répondu aux sourires séducteurs, aux regards brûlants d'envie et aux propos comiques que lui lançaient les hommes à son passage; les incitant à continuer leur manège, nourrissant la flamme qui brûlait dans leur regard et accentuant la rougeur des joues de certains, par une simple attention. Mais aujourd'hui, elle avait plus important à faire que de se moquer de la bêtise de ces hommes désireux.

Sa marche rapide n'enlevait rien à sa grâce olympienne et le gazon immaculé de la sphère ne semblait pouvoir la ralentir. Monsieur Fayène, lui avait-t-on informé, aurait été gravement blessé par un groupe de rebelle et la non-élargie de la classe O aurait été enlevé. L'une comme l'autre de ses informations sonnait creux dans sa tête.

Monsieur Fayène était le sixième vampire le plus fort de la sphère de part sa force physique et un groupe de rebelles—qui plus est d'adolescents — n'aurait pu venir à bout d'un homme qui avait éliminé des milliers d'humains bien plus vieux et forts. Quant à la non-élargie, il fallait être aveugle pour ne pas s'apercevoir que ceux d'en haut avaient grandement renforcé la sécurité aux alentours de sa classe et son dortoir.

Mademoiselle Hermosa ne donnait pas cours à la classe O, de ce fait, elle ne la connaissait pas vraiment mais l'avait plusieurs fois aperçue. De plus, les commérages sur elle ne manquaient pas à cause de l'importance que lui accordait le conseil. La jeune femme ne s'était jamais intéressé à elle, mais l'impact qu'elle produisait sur son entourage l'avait pousser à la regarder sous un autre œil.

Bientôt, la jeune professeure arriva devant un immense bâtiment à la couleur cendrée: le bâtiment secondaire, surnommé par ces occupants: la baraque  des profs. Elle pénétra rapidement le bâtiment et prit l'escalier menant aux premiers étages.

Au contraire du bâtiment principale, celui des professeurs n'étaient pas peint uniquement de blanc. Les couleurs des murs, du sol et du plafond variait entre le gris, le beurre frais, le beige et le gris. L'endroit était réservé aux professeurs de la sphère et comptait la cantine, les dortoirs et la salle de loisirs des enseignants. La chambre du sensitif se situait au troisième étage.

La jeune femme monta rapidement les escaliers, jusqu'à se retrouver devant la porte grise de la chambre . Elle ne prit pas la peine de toquer et entra dans la pièce. Au centre allongé sur un lit, se trouvait monsieur Fayène. Elle traversa la pièce à grandes enjambées et se retrouva à son chevet.

Les lèvres de la jeune femme se pincèrent, tandis que ses yeux inspectèrent le torse nu du vampire, inconscient. Des bandages serrés où une tâche violet avait pris forme, enserrait son ventre et ses flancs. Ses sourcils froncés relevait la crispation, mal dissimulée, de son visage. 

Même profondément inconscient, il gardait cette expression tourmentée qu'il dissimulait sous ce masque de colère. Qu'est ce qui le rongeait à ce point, pour que même dans son sommeil, il garde cette expression ?

*" Je n'abîmerai rien ce soir"*

Mademoiselle Hermosa se figea. Non, ça recommençait. La jeune femme tomba à genoux et placarda ses oreilles, à l'aide de ses mains. Les yeux barricadés.

Un homme, le visage fendu en un sourire dépravé. Des courts cheveux poivre et sel

" Donne moi plus de tes jolies rubis, moi je suis pas comme les autres "

menteur !

Un homme aux iris brûlants et aux traits rudes.

fais-le c'est ton travail non ?

Arrêtez !

Elle se fourragea les cheveux et poussa un cri étouffer par les voix.

Comme tu es belle, ça me fait mal d'amocher ce joli minois

La jeune femme ne voulait par revoir ces visages, elle ne souhaitait pas entendre plus clairement. Elle secoua vivement la tête, il ne fallait pas que la sang coule et lui rappelle.

Les visages s'enchaînaient, tournoyaient dans son esprit. Les voix se mélangeaient et devenaient plus aiguës et criardes. Son coeur martelait sa cage thoracique. Son esprit était embrumé incapable d'esquisser le moindre mouvement, elle souhaitait hurler mais son cri restait bloqué dans sa gorge. La jeune femme se mordait furieusement l'intérieur de la joue, pas assez pour se blesser mais suffisamment pour avoir mal et ne plus les entendre. Elle avait beau torturé ses paupières, les fermer au maximum, les figures étaient toujours présent, comme encrés dans ses yeux.

Mais malgré tout, la professeure s'interdisait de verser larme. Elle ne voulait pas leur offrir ce qu'il souhaitait. Pourtant la boule dans sa gorge ne cessait de grossir, étouffant ses cris. Tristesse. Peur. Panique.

"Fayène..."

Son nom sonna comme une libération. Il suffit à faire taire les voix et disparaître les visages. Ses plaies finiraient par cicatriser, ses visages, elle finiraient par les oublier, ses voix finiraient par se taire.

C'est ainsi que mielleusement, elle ouvrit les yeux. Quelque peu paniquée, la professeure balaya la pièce du regard et fut soulagée de se retrouver dans la chambre du brun. Elle resta un moment, tremblotante, les jambes ramenées contre son buste, essayant de retrouver une respiration régulière et effacer le souvenir douloureux de tous ces visages. 

Elle se releva ensuite et se rapprocha du lit. Le sommeil de monsieur Fayène semblait ne pas avoir été perturbé, par sa petite crise.

— Merci... , murmura-t-elle en passant une main affectueuse, sur sa joue.

Il semblait aller bien. Elle n'aurait sans doute pas besoin de faire intervenir Myrius. Ça lui éviterait d'errer pendant un temps indéfini dans la sphère, car le professeur était toujours introuvable.

Brusquement, la porte s'ouvrit . Mademoiselle hermosa se retourna vivement et arqua les sourcils, en voyant dans ces yeux bleu charron, une once d'inquiétude.

— Les voi...

La jeune fille se mordit la lèvre. Elle semblait hésiter à continuer.

La jeune femme papillona plusieurs fois des yeux, pour vérifier qu'elle ne rêvait pas. Cette jeune fille méprisable et méprisante, s'inquiétait pour qui au juste ? sûrement pas elle ! Non, c'était sans aucun doute une ruse pour se moquer de l'état catastrophique de sa coiffure ou de son visage défraîchi.

La nouvelle arrivante resta un moment posté devant la porte. Le regard basculant de monsieur Fayène à la jeune femme.

— Ne t'ais-je pas plusieurs fois, interdit de l'approcher.

Son ton était sans appel et sa voix altière à souhait.

Pas de doute, elle avait halluciné en déchiffrant une certaine inquiétude dans ses traits. Madame hermosa se releva, son regard lançait des éclairs. Il fallait être aveugle pour ne pas voir qu'elle n'appréciait pas la jeune fille et que c'était réciproque. L'arrivante soutenait son regard sans ciller. La jeunesse de ses traits n'empêchait pas la rudesse de son regard.

— Zoïa, je croyais t'avoir maintes fois notifier, qu'une gamine n'avait pas d'ordres à me donner.

— Je vois que ta stupidité est remonté jusqu'à ta chevelure, Hermosa.

— Je n'ai pas besoin d'être stupide pour savoir où se trouve ta place.

— Figure toi que j'ai beau être jeune, moi non plus.

Mademoiselle Hermosa entrouvrit les lèvres mais les referma aussitôt. Cette gamine était non seulement perspicace mais savait beaucoup. Il vaudrait mieux ne pas tenter le diable pour le moment et capituler. Elle ne savait pas jusqu'où cette fille pouvait fouiller.

— De toutes les façons, j'étais sur le point de m'en aller.

La femme sortit ensuite de la pièce, non sans lancer un regard empli de mépris à la jeune fille, qui elle accourut vers le professeur. Les yeux brillants d'inquiétude.



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