Des retrouvailles au goût de sang

Chapitre 3

25 Juillet 1996
4 Privet Drive
Surrey

Merlin... Je ne sais ce qui c'est passé dans cette pièce mais les conséquences pourraient être terrible.
Bien que je répugne Potter, je dois conséder qu'il est réellement devenu un symbole de lutte et un espoir pour le monde sorcier. Sa mort aurait de graves répercussions.
Comme perdre une guerre.

Il faut que je le sauve. Si ce n'est pas trop tard, il faut vraiment que je le sauve.
Pour le monde sorcier. Pour Lily. Et un peu pour ce crétin de Dumbledore.

Je referme la porte et lance un Collaporta. On n'est jamais trop prudent. Je m'approche doucement pour ne pas glisser dans le sang sur le parquet. Je m'agenouille et commence doucement à le retourner sur le dos.

Son visage apparaît devant moi. Sa tempe saigne encore légèrement. Il a un œil au beurre noir, une mâchoire qui doit être déboîtée, les cheveux collant de sang coagulé...
Il est vraiment dans un sal état.
Il faudra le déshabiller pour voir le reste des blessures.

Mais je crois que le plus choquant est son physique.
Par le slip troué de Merlin, il est métamorphosé. Fini le gamin malingre de fin Juin aux cheveux mal coiffés et aux grandes lunettes bancales.
Non, devant moi se trouve un jeune homme d'1m75, au physique avantageux. De longs cheveux noirs s'arrêtant en dessous des épaules, les traits fins, le teint pâle, les yeux en amandes de...
Non impossible, il ne faut pas que je pense à lui.
Mais c'est vraiment incroyable. Si je n'en étais pas sûr, je penserais que je me suis trompé. Il ne ressemble même plus à James ! Ni à Lily d'ailleurs...

Je me reconstruis un masque neutre  et me reconcentre.
Je n'ai aucune potions sur moi, et le peu de Médicomagie que je connais ne servira à rien.
Il faut que rentre à Poudlard. Je commence à chercher des affaires et une valise, il en aura besoin. Vu les blessures, Mme Pomfresh devra le garder au minimum 15 jours.

J'ouvre la porte branlante de l'armoire. Deux tee-shirts troués, un jogging difforme, 3 slips d'une couleur plus que passée. Bref, pas assez pour 2 mois d'été. Je décide de ne pas m'encombrer de ses horreurs et referme le meuble.

Je cherche sa baguette magique et sa valise mais elles ne sont nul part.
J'ai beau lancer et relancer un “Accio malle et baguette d'Harry Potter”, rien ne se passe.
Je réouvre la porte et le referme soigneusement derrière moi. En voyant l'état de Potter, j'ai maintenant des doutes et il faut mieux être le plus discret possible.

Je descends les escaliers, les grincements sont recouverts par le bruit de la télévision.
Je relance un Accio et du bruit se fait entendre dans l'entrée. Plus spécifiquement derrière une porte que je n'avais pas vu quand je suis arrivé, sous l'escalier.
La porte est cadenassée, ce qui n'est plus le cas après un Alohomora informulé.

C'est un placard lugubre, une ampoule se balance au plafond. Au sol, un matelas moisi et par dessus une malle. Celle de Potter.
Deux figurines de cavaliers cassées sont posées sur une petite étagère au fond, telles des trophées.
J'ouvre la malle, sa baguette se trouvant dedans,ainsi que ses affaires d'école.

Je la referme, la prends dans une main et ressort du placard en poussant la porte.
Je fais le chemin inverse jusqu'à la chambre. J'y rerentre et me précipite vers lui. Je cherche dans son cou un pouls. Je soupire de soulagement quand je sens à léger battement, presque filant.

Je réduis la cage de sa chouette, l'enferme dans la malle que je prends d'une main et mets la deuxième sur son bras. Je transplane en un crac pour réapparaître devant les grille de Poudlard.
Je lui évite la chute en le rattrapant d'un bras et lui lance un Mobilicorpus.

Je prends le chemin vers les Grandes Portes et l'infirmerie. Mme Pomfresh reste tout l'été pour refaire le stock de potions et pansements en tout genre.
J'ouvre en grand la porte et me décaler pour laisser passer le brun inconscient.

-  « Poppy ! Venez je vous en prie, il y a urgence !  »

-  « J'arrive, je suis dans mon bureau.» entends-je d'un cri étouffé par la cloison.

Je pose la valise au sol puis j'installe le nouveau patient sur un lit.
Poppy me rejoint après 5 minutes.

- « Qui est-ce Severus ? Qui est-ce ?  »

- « Potter. Harry Potter.» je réponds.

- « Par Merlin, êtes-vous sûr ? Ce n'est pas celui que j'ai vu il y a 1 mois. Il n'a plus le même visage. Mince, on ne peut grandir ainsi en 1 mois ! Et puis, il... Je sais que c'est ridicule mais j'ai l'impression de vous voir en lui au même âge. Enfin, qu'est ce qu'il lui est à arrivé ?  »

Elle commence à le soigner en attendant ma réponse. Elle le déshabille pour lui mettre la blouse blanche de l'infirmerie, évalue les dégâts avec sa baguette. Un parchemin apparu ainsi qu'une plume qui se met aussitôt à écrire.
Je suis troublé par ce qu'elle a dit. Vivement cette journée fini, que j'aille me coucher.

- « Je l'ai découvert chez ses Moldus. Sa chouette est arrivée à Poudlard tâché de rouge et j'ai trouvé bon d'aller voir si tout aller bien. Quand je suis entré dans la maison, son oncle n'avait pas l'air inquiet et m'a permis de monter dans sa chambre. Je l'ai retrouvé ainsi, au sol, dans une marre de sang. Je l'ai ramené. Ses Moldus le pense toujours dans sa chambre. » je réponds d'un ton neutre.
Je commence à m'inquiéter pour Potter et ce n'est vraiment pas bon. C'est Potter, par Salazard !

- « Je pense que vous avez bien fait Severus, » murmure-elle en prenant la liste.  « Malnutrition, une côte cassée, deux autres fêlés, une mâchoire déboitée, diverses contusions et hémorragies internes, et j'en passe. La liste est à faire peur. Il est littéralement brisé. C'est même étonnant qu'il soit encore en vie. Je pense qu'il a été sévèrement battu et depuis longtemps. Dans le lot de ses blessures, il y en a beaucoup anciennes qui n'ont jamais été soignées. Cela ne trompe pas, mais on verra bien quand il sera réveillé.»

Elle releve ses manches et conjure différentes potions. Elle lui envoie directement dans l'estomac puis commence à passer sa baguette sur son corps, refermant chaque plaie, effaçant chaque bleu, ressoudant chaque os. Je me sens vite inutile mais je ne peux pas me résoudre à le laisser seul.
Alors j'apporte une chaise près du lit, m'assois et attends que se soit terminer dans une appréhension sourde.

Un trop plein d'émotions se déverse en moi. Les premières que j'arrive à détecter sont l'angoisse, l'angoisse de la perte.
La colère face à tant de violences.
Et le trouble, enfin. Tout est chamboulé.
Harry Potter, maltraité ? Cela casserait tout le mythe que j'avais construit. Et surtout son physique. On ne change pas ainsi en un mois.
Et Mme Pomfresh avait raison. J'ai  l'effroyable impression de me revoir, il y a un peu moins de 20 ans, dans ce lit blanc.

Enfin, c'est impossible. Et je me monte la tête, Potter ne peut me ressembler. De toute façon, j'aurai toutes les réponses bientôt . Il suffit juste qu'il se réveille.
Enfin, si il se réveille...

Quand Poppy a finit et déclare qu'il est tiré d'affaire, pour le moment, je me permets de souffler.
La peur et l'angoisse finissent par s'envoler pour laisser place à quelques choses d'autre. Quelques choses d'indéchiffrables.
Un mélange de détermination, d'affection et de soulagement.
La fatigue sûrement. Je ne me serais jamais permis d'avoir ce genre d'émotion face à lui.

Mais un cap est passé. Je peux réfuter toutes mes émotions, ce serait mentir de dire le contraire.
Mais je ne veux pas. Je ne veux pas me dire que j'ai eu peur pour lui, que j'ai eu juste envie tout donner pour le sauver pendant quelques secondes.
Comme si il y avait eu un déclic.
Que je voyais enfin le vrai Harry, celui que j'ai rabaissé depuis le début.
Et ça, je ne veux pas le voir. Pas maintenant. Pas aujourd'hui. Ce serait trop rapide.

Alors je lui prends la main pendant qu'il est endormit, que l'infirmerie est vide, pour me donner un peu de chaleur, de bonheur dans cette journée morose. Parce que c'est tout ce que je peux faire pour alléger mon cœur...

Avis ? ❤️

@plumes_rouges