Le caprice du hasard

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On ne choisit pas sa famille. On ne contrôle pas son destin. On ne sait jamais de quoi est fait demain. On se dit que les humains peuvent avoir un bon fond, que l'on peut faire confiance. Quelle erreur.
Cette erreur, Maël l'a de nouveau faite. C'est à cause de cette confiance aveugle et de cet espoir minime en son paternel que le jeune homme se retrouve dans cette situation.
Criant, ne contrôlant plus les spams d'angoisse qui secouent son corps maintenu par les policiers, les larmes dévalant ses joues. Il ne peut pas sauver son père. Alors il cri, regardant l'homme baisser la tête pour entrer dans la voiture, jetant un dernier regard emplit de regrets vers son fils. Il fait nuit, il fait froid. Lui n'est vêtu que d'un haut déchiré à divers endroits et d'un jean un peu trop serré. Il s'est fait avoir. Une énième fois. Une fois qui se perd dans les autres, qui ne se compte plus. Les cris se stoppent. Maël tente de ravaler ses sanglots. La portière claque, son père baisse les yeux vers ses menottes. Les policiers lâchent le jeune homme, ses genoux se cognent contre le sol alors que son regard ne se détache pas de ce point fixe. D'un regard empli de pitié, se devant pourtant de garder un aspect professionnel, l'un demande :

"As-tu un endroit où vivre ? Un membre de ta famille à contacter ?"

Dans une voix cassée , détournant son regard empli de haine vers la route, le jeune homme répond froidement :

"Non."

Une main vient se poser sur son épaule, le faisant légèrement sursauter. Maël tourne la tête vers l'homme grisonnant, qui affiche un sourire peiné.

"Je suis désolé."

Maël serre les dents. Cette phrase, il l'a écouté des milliards de fois, de la part d'inconnus, de connaissances ou de membres de sa dite famille. Il rit jaune aux nez des gens lorsqu'il entend cette maudite phrase. Un "je suis désolé" n'a jamais aidé personne. Après un dernier regard empli de pitié, de désolation, les policiers partent, laissant le jeune homme s'appuyer contre le mur, les genoux contre son torse, assit sur un trottoir désert. La voiture s'éloigne, la sirène retentit pour finir par ne plus se faire entendre. Tout comme le futur de Maël. Il s'est éteint.

Malgré son mauvais caractère, Maël est un gentil garçon qui donne bien facilement sa confiance, espérant beaucoup plus qu'il ne le devrait et finissant toujours déçu. Les déceptions l'ont endurcis, lui faisant prendre ce mauvais caractère. Mais ses regards noirs, ses sourires moqueurs et ce comportement hautain ne sont qu'une façade pour cacher sa fragilité.

Le jeune homme baisse la tête, soupirant. Quelques mèches de ses cheveux tombent sur son regard, couvrant une partie de son visage. Maël n'est pas le genre de personne que l'on caractérise de beau mais plutôt de charmant. Du charme, il en a. Les traits de sa mâchoire sont fins, ses lèvres ne sont ni pulpeuses ni fines, sa taille n'est pas très grande, ce qui crée un complexe chez lui ainsi que le fait qu'il soit imberbe. Son teint légèrement hâlé fait ressortir son regard hazel, le rendant captivant.

Il n'est pas le type de personne que l'on croise dans la rue et sur la quelle on se retourne pour mâter ses fesses. Pourtant, de ce côté, il y a matière. Malgré sa finesse, suite à ses courses et ses bagarres, sa musculature s'est formée, et Maël n'en est pas peu fière.

Il n'a jamais eu beaucoup d'amis, quelques uns qui l'accompagnent depuis de nombreuses années et cela lui suffit. Mais aujourd'hui, Maël n'a plus personne. Aucun contact à appeler pour le sortir de la rue, aucun endroit où aller se réfugier de la fraîcheur de la nuit, aucune personne pour lui tenir compagnie et le rassurer. Encore une fois son père vient de se faire arrêter pour avoir installé un laboratoire de Meth dans un garage abandonné. Franck avait appelé son fils pour lui demander de livrer la drogue. Il lui avait fait du chantage affectif, lui promettant de devenir le père dont Maël a toujours eu besoin en échange de ce dernier service, lui promettant que Maël pourrait vivre avec lui si tout se passait bien. Le jeune homme venait de finir sa livraison, il rentrait lorsqu'un groupe de mecs s'est jeté sur lui. Il avait déjà eu à faire à eux de nombreuses fois par le passé, pour des livraisons non fournies de drogues à cause de son père. Maël avait réussit à les semer, s'étant tout de même prit quelques coups, et rentrait prévenir son géniteur lorsqu'il vit les nombreuses voitures de police l'embarquer. Bien que ce ne soit pas la première fois, cela lui faisait le même effet à chaque fois. De la peine, de la rage, de la haine. Et son espoir volait de nouveau en éclat. Le temps passait et Maël pensait être devenu insensible à cette scène, malheureusement ce n'était pas le cas.

Breathing next to youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant