Sawako poussa un soupir de soulagement lorsque la porte d'entrée se referma. Le dernier voisin était parti et elle se retrouvait enfin seule dans son nouvel appartement. Son regard, aux iris si foncées qu'elles en paraissaient noires, balaya ce petit espace de 35 m² qu'elle pouvait désormais appeler son chez elle. Un nouveau soupir s'échappa de ses lèvres quand elle découvrit le bazar laissé par cette petite fête d'accueil, des gobelets et des assiettes en cartons sales se partageaient chaque surface disponible. Comment avaient-ils réussi à une dizaine de personnes à faire autant de fouillis ?
Sawako retroussa ses manches et attacha en queue de cheval ses longs cheveux de jais avant de s'atteler au nettoyage de la pièce.Une fois son appartement propre, le brune décida d'aller faire des courses pour remplir le vide sidéral de son frigo. Elle jeta un coup d'œil rapide à son miroir avant de sortir dans le couloir. Au même instant, la porte d'en face s'ouvrit et Sawako se retrouva face à face avec son voisin de palier. Un grand jeune homme portant un uniforme sombre de police. Il devait avoir environ le même âge qu'elle, la peau mate et des yeux de la même couleur que ses cheveux, saphir. Le ténébreux policier lui adressa un furtif signe de tête pour la saluer, malgré un visage fermé et un regard froid.
Sawako le suivit des yeux tandis qu'il prenait les escaliers. Voilà donc à quoi ressemblait son mystérieux voisin. Le moins que l'on puisse dire c'est qu'il n'était pas très avenant. La jeune femme descendit à son tour et croisa la vieille Takada-san, sa voisine du dessous.- Alors ma petite Sawako-chan, tu as fait la connaissance de notre officier de police ? demanda la vieille. Il n'est pas très bavard mais c'est rassurant de l'avoir, ici, n'est-ce pas ? Vous avez à peu près le même âge il me semble, c'est un bon parti ma petite Sawako-chan...tu devrais y penser...
Sawako se contenta de lui sourire pour abréger cette conversation qui s'annonçait de plus en plus gênante. En sortant de la résidence, elle jeta un coup d'œil par curiosité sur la boîte aux lettres à côté de la sienne. Aomine Daiki. C'est bizarre, ce nom ne lui était pas inconnu mais impossible de se rappeler pourquoi. Après un petit haussement d'épaules, elle repartit en direction du konbini le plus proche.
Deux semaines s'étaient écoulées depuis son emménagement et sa prise de poste dans son nouveau job. Sawako commençait à trouver ses marques dans cette nouvelle vie et se persuada que les démons de son passé étaient derrière elle.
Elle avait sympathisé avec le jeune couple Nakano, Shōta et Naomi, qui habitait au dernier étage, la vieille Takada-san se comportait avec elle comme une grand-mère et elle entretenait de bonnes relations avec les cinq autres résidents. Seul son voisin de palier restait un mystère pour elle. En effet, elle n'avait pas recroisé l'intrigant Aomine depuis et se demandait parfois si il habitait vraiment là.On était dimanche et le générique de fin du Voyage de Chihiro défilait sur l'écran de télé de Sawako. Dehors, la pluie tombait sans discontinuer depuis le matin rendant cette journée déprimante à souhait. La brune ouvrit son frigo. Vide.
- Bon, on dirait que tu vas être obligée de sortir, ma vieille, soupira Sawako en se dirigeant vers son armoire pour enfiler un jean par dessus sa culotte à cœur.
C'était son plus gros défaut et cela lui jouait des tours, comme aujourd'hui. Elle avait tendance à repousser au lendemain les choses puis oubliait de les faire. Les courses n'échappaient pas à la règle, mais avant c'était lui qui s'en chargeait. Sawako secoua la tête pour chasser ses pensées en rabattant sa capuche et attrapa ses clefs pour sortir sous la pluie de cette fin de journée.
La jeune femme déambulait dans les rayons du konbini du quartier, un petit panier à la main et jetant dedans un assortiment de nouilles instantanées, un brique de jus de fruits et des dosettes de café.- 1.900 Yen, s'il vous plaît... annonça la caissière d'une voix monotone.
Sawako chercha son porte-monnaie sous le regard agacée de la vendeuse et commença à paniquer en réalisant qu'elle ne l'avait pas sur elle. Elle était partie trop vite et l'avait laissé sur la table de son appartement.
- Je...je l'ai oublié chez moi, expliqua t-elle à la femme en face d'elle. J'habite dans le quartier...Serait-il possible que je revienne régler demain ?
- Non, on fait pas crédit, répondit sèchement la caissière en la foudroyant du regard.
- Mais...je... commença à bredouiller Sawako, les joues rouges de honte.
Un panier se posa à côté du sien sur le comptoir et une haute silhouette apparut à côté d'elle.
- C'est bon, mettez tout sur ma note...dit une voix grave.
- Bien sûr! accepta la caissière en changeant d'attitude tandis que Sawako levait les yeux pour découvrir son ténèbreux voisin de palier.
- Mer...merci, réussit-elle à articuler avant de reporter son regard sur le contenu de leurs paniers.
Leurs achats étaient assez similaires, pensa la brune en remarquant les mêmes nouilles instantanées au milieu de paquets de chips, de cannettes de soda et parts de pizzas. Elle rougit lorsqu'elle aperçut la couverture d'un magazine érotique et détourna les yeux.
- Ça fera 4.500 Yen, s'il vous plaît, Aomine-sama.
Le jeune homme paya en marmonnant un vague remerciement et prit son sac en plastique avant de sortir du magasin, sous la pluie et sans un regard. Sawako adressa un petit signe de tête à la caissière et prit ses courses avec empressement pour quitter à son tour le konbini. Elle dû courir en évitant les flaques d'eau pour rejoindre Aomine qui marchait, protéger par son parapluie.
- Merci encore, dit-elle avec un sourire. Je vous rembourserais évidemment ! Je suis votre voisine, je m'appelle Sawako Fukuda. On habite sur le même palier alors vous n'avez qu'à passer chez moi, en arrivant à la résidence.
Aomine continuait de regarder devant lui en marchant, comme si elle n'était pas là.
- Laisse tomber, c'est bon, lâcha t-il d'une voix traînante. La prochaine fois que tu fais des courses, penses juste à prendre ton fric...
Sawako fut étonnée. Pas par le fait qu'il la tutoie, car ils devaient avoir le même âge mais par le ton blasé qu'il employa pour s'adresser à elle. De plus, il n'avait même pas pris la peine de baisser les yeux ou de tourner la tête, comme si la situation l'ennuyait fortement.
En marchant à ses côtés dans le couloir, la jeune femme réalisa qu'il était vraiment grand et semblait bâti comme un athlète mais également que malgré son air sévère, il était très beau garçon. Alors qu'il s'apprêtait à rentrer dans son appartement, Sawako l'interpella.- Je tiens vraiment à te rembourser, Aomine ! insista t-elle.
- Laisse tomber, j'te dis, rétorqua t-il sans se retourner.
La porte se referma sur lui, laissant Sawako plantée dans le couloir, dégoulinante.

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Recommence |KnB|
FanfictionPour Sawako Fukuda, c'est enfin une nouvelle vie qui commence : une nouvelle ville, un nouveau job, un nouvel appartement et de nouveaux voisins. Tous sont amicaux, de la petite vieille du rez de chaussée au couple de jeunes mariés du troisième, seu...