2. Cauchemars

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- Aïe! s'écria une petite fille aux cheveux roses, les larmes aux yeux. Ça fait mal !

Elle massait sa cheville foulée en grimaçant puis ses grands yeux roses se portèrent sur ses genoux écorchés.

- Satsuki ? Pourquoi tu pleures ? demanda un petit garçon aux yeux bleus foncés en arrivant à toute vitesse vers elle. Tu t'es fait mal ?

- Ce n'est pas très grave, je suis tombée en courant pour te rejoindre, sourit la rose pour cacher ses larmes et dissiper l'inquiétude qu'elle lisait sur le visage de son ami.

- Mais tu saignes ! la gronda ce dernier. Allez viens, on rentre...

Voyant que son amie avait du mal à marcher, le petit garçon la hissa sur son dos et récolta un baiser sur sa joue.

- T'es mon héro, Dai-chan !

Le décor sembla tourner et s'estomper autour du petit garçon qui ferma les yeux pour échapper à cette sensation bizarre. Lorsqu'il les rouvrit, il se trouvait devant la maison de Satsuki, en pleine nuit et sous une pluie battante. Il remarqua dans le reflet d'une fenêtre qu'il n'était plus un enfant mais un adolescent d'environ seize ans.

- Je suis désolée, Dai-chan ! pleura la rose en se jetant dans ses bras.

Par réflexe, il l'enlaça également.

- Moi aussi Satsuki, je suis désolé ! Mais tu n'aurais pas dû partir comme ça, je me suis inquiété...

- Promets moi qu'on ne se disputera plus, qu'on restera ensemble pour toujours !

Elle s'écarta légèrement pour lever le petit doigt vers lui avec un immense sourire sur le visage. Le jeune homme ne put retenir un petit rire sec et agrippa le petit doigt avec le sien.

- Je te le promets !

Un nouveau tourbillon sembla aspirer le garçon tout en mélangeant devant ses yeux des images de lui et de Satsuki, des souvenirs en réalité. Il entendait des brides de conversations, des éclats de rires et la voix de son amie d'enfance qui l'appellait.

- Dai-chan ! Dai-chan ? Dai-chan... Et peu à peu cette voix se transforma en cri, en un appel à l'aide déchirant. DAI-CHAN !!!!!

Aomine se redressa dans son lit, le souffle court et la peau moite. Il passa une main sur son visage en sueur puis jeta un coup d'œil à son réveil. 7h45. Il soupira. Encore un cauchemar, songea t-il avant de se lever pour boire un verre d'eau. Il espérait pouvoir se rendormir après pour récupérer de sa garde du weekend et cet après-midi, il irait sans doute la voir.

Lorsqu'il passa devant sa porte d'entrée, il entendit un bruit sourd dans le couloir suivi d'un juron. Par curiosité, il regarda par le juda et découvrit la source de ce raffut matinal. C'était sa voisine d'en face, Fukuda lui semblait-il, qui venait de faire tomber le contenu de son sac à main par terre. Aomine esquissa un sourire en la voyant à quatre pattes sur le plancher pour ramasser ses affaires tout en marmonnant qu'elle était en retard, et que c'était vraiment pas son jour. Puis soudain, la brune se retrouva devant sa porte, à fixer le battant comme si elle pouvait le voir à travers. Il se figea en pensant qu'elle allait frapper mais au lieu de cela, elle glissa une enveloppe sous le seuil et partit rapidement.

Aomine se baissa pour ouvrir la lettre et en sortit des billets. 1.900 Yen exactement. Un petit mot accompagnait l'argent.
" Merci encore pour hier mais je tenais à te rembourser. Passe quand tu veux pour un café, voisin. Sawako Fukuda".
Il arqua un sourcil en lisant la seconde partie du message. Elle l'invitait réellement à prendre un café ? Elle le draguait ou quoi ? Non, c'était sûrement encore une de ces conneries de bon voisinage.
Il froissa le papier dans sa main avant de le jeter dans le vide poche de l'entrée avec les billets. Puis, il retourna s'affaler sur son lit pour terminer sa nuit.

Sawako arriva juste à l'heure à son poste et alluma rapidement son ordinateur en lâchant un soupir de soulagement. Elle ne pouvait pas se permettre de perdre cet emploi sinon, c'était retour à la case départ, à Kyoto, vers ses parents et vers lui. Elle savait qu'elle était chanceuse d'avoir obtenu ce poste d'assistante graphiste chez l'un des plus grand studio d'animation de la capitale car cela lui permettait de recommencer sa vie à zéro.
La jeune femme alla sur le bureau de son chef pour prendre les scénarios du jour qu'elle devrait dessiner puis partit se chercher sa dose de caféine.
Tandis qu'elle remuait son café, son esprit s'égara et elle repensa au mot à l'attention d'Aomine qu'elle avait glissé avec les billets. Elle avait hésité à l'écrire puis tourné sa phrase pendant presque vingt minutes.
Qu'est-ce qu'il allait penser ? Qu'elle le draguait ? Il devait carrément la prendre pour la fille désespérée qui se jetait sur le premier gentil garçon qui passait. C'était ridicule, surtout quand on pensait que leurs regards ne s'étaient même jamais croisés. Et puis de toute manière, elle n'était pas prête pour ça...

- Sawako-chan ? Ça va ce matin ? lui demanda sa collègue Shiuri. Je te trouve dans la lune...

- Ça va, merci Shiuri, la rassura Sawako avec un sourire. J'ai juste un peu de mal à me réveiller je crois.

- Tu as fait la fête ce week-end ? Ou bien tu étais avec ton petit ami, peut-être...

- Non, ni l'un ni l'autre! Je n'ai pas vraiment de vie sociale ces derniers temps...

- Hey, mais ça peut s'arranger ça! s'écria Shiuri en plaquant ses mains sur le bureau de Sawako, un air canaille sur le visage. Vendredi soir! Tu sors boire une verre avec mes copines et moi! Et pas de négociations possibles!

- Mais c'est que je...

- Ttttt, tttttt ! Pas de négociations possibles, j'ai dit! la coupa Shiuri en agitant son doigt. Et puis qui sait, tu tomberas peut-être sur l'homme de ta vie !

- J'en doute...marmonna Sawako pour elle-même avant de se plonger dans son travail.

Sawako marchait dans le couloir qui menait à sa chambre quand elle entendit un rire féminin venant de la pièce. Elle poussa la porte et se tétanisa de stupeur. Il était là, dans leur lit avec une autre femme. Lorsqu'il s'aperçut de la présence de la brune, il bondit vers elle, seulement vêtu de son caleçon. 

- Sawa-chan, attends c'est pas ce que tu crois...

- A d'autres, répondit cette dernière en partant en courant, des larmes roulant abondamment sur ses joues. 

Le jeune homme réussit à s'emparer de son bras alors qu'elle était dans le séjour et la tira avec force pour qu'elle le regarde. 

- Je t'ai dit que c'était pas ce que tu crois, alors écoute-moi, bordel ! 

- C'est fini, je t'écouterais plus! Je suis pas naïve, je sais qu'elle n'est pas la première mais, elle, tu as osé la ramener chez nous...J'en ai marre d'être la conne qui ferme les yeux! T'es qu'un connard !

La main libre de Sawako s'envola et un claquement résonna quand sa paume rencontra la joue du garçon aux mèches châtain. D'abord stupéfait, il la fixa et son regard ambré s'assombrit sous l'effet de colère. Soudain, avec une force inouïe, il gifla la brune qui s'écroula au sol sous la force du coup. Un voile noir passa devant ses yeux alors que la voix du garçon emplie sa tête lorsqu'il susurra, menaçant.

- Je t'interdis de me quitter, Sawako! Je te retrouverais toujours...

La jeune femme entendit un cri lointain, étouffé par la distance puis elle ouvrit brusquement les yeux sur un plafond gris foncé. Son cœur battait la chamade et il lui fallut quelques secondes pour réaliser qu'elle se trouvait dans son appartement à Tokyo, en sécurité, loin de lui. Ce cri, c'était elle qui l'avait poussé dans son sommeil. Elle laissa ses yeux s'habituer à la pénombre et sa respiration reprendre un rythme normal, allongée sans bouger. 

- Un cauchemar, murmura t-elle, c'était juste un cauchemar...

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