6.4

23 4 1
                                    

« Arthur ? attiré-je son attention.

— Oui ? Répond-il.

— Pourquoi as-tu rejoint la Royauté du Rubis ? »

Il se met à réfléchir. Si toi-même tu te poses la question, c'est qu'il faut la quitter.

« Je me suis toujours demandé pourquoi les vampires n'avaient pas les mêmes droits que les humains. Je suis là pour rétablir la vérité. »

Et tu te trompes. Si nous n'avons pas le droit de boire du sang humain, c'est parce qu'on n'a pas le droit de forcer quelqu'un à être quelqu'un d'autre, encore moins de tuer. Aucune différence avec les hommes sur ce point là. Alors oui, il nous est interdit de nous transformer dans des lieux publics car notre condition et inconnue du grand public mais si elle devenait connue, là nous perdrions nos droits car nous représentons un danger pour l'espèce dominante. Tout ce qui peut être obtenu, c'est l'autorisation de boire le sang des personnes qui le consente et de pouvoir vivre sous notre forme de vampire sans risquer aucune représailles. Et pourquoi ? Pourquoi ne sommes-nous pas si différents aux yeux de la loi ? On ne naît pas homme, on le devient. L'humanité n'est pas une espèce, c'est une mentalité. On est donc à la fois vampire et humain, ce ne sont pas des antonymes, des ennemis. L'humanité est un tout regroupant tous ceux qui la vive. Ta présence dans ce café prouve que tu en fais partie. J'ai longtemps pensé comme toi, que vampire et humain ne pouvaient faire partie d'un même tout, qu'ils devaient avoir chacun leurs cultures, leurs nations, leurs lois, leurs droits, leurs pays. Moi qui pourtant ait été humaine et ait toujours aimé ce qui me relie encore à cette humanité ; ma famille, était prête à tout quitter pour cet idéal. Il m'a suffi de comprendre que nos désirs étaient humains, des hommes et des femmes appartenant à une minorité qui doit vivre cachée et qui en a marre. Pouvoir s'assumer, tout le monde le veut, mais dans notre cas, on a tout à perdre, peu à gagner. Est-ce pour autant que le combat n'en vaut pas le coup ? Jamais je n'ai dit ça.

« Je comprends, réponds-je amicalement en notant cela dans un coin de ma tête.

— Désolé, tu es venue pour prendre de mes nouvelles et moi je t'embête avec ça. En plus l'heure tourne, je vais devoir te laisser, s'excuse-t-il.

— Il n'y a pas de soucis, le rassuré-je. On se reverra une autre fois. »

Il se leva, moi aussi, et on sortit du café. Dès qu'il a disparu, je note tout ce que j'ai retenu de cet entretien dans mon carnet fétiche. J'enverrai tout cela à Max peu de temps avant de quitter la ville. Maintenant, il faut que je vois Louis. Un pressentiment me dit qu'avec lui ce sera plus facile. Déjà, j'ai une petite idée d'où le trouver. Ensuite, je garde de lui une image d'un homme moins rancunier qu'Arthur, peut-être sera-t-il plus facilement ouvert aux confidences. Je ne peux empêcher mes pensées de s'égarer de nouveau sur Abby. C'est bien joli de vouloir détruire la Royauté du Rubis, mais je ne suis pas convaincue que cela la sauvera véritablement du danger que représente Alexandre. Il serait capable de la garder en captivité juste pour se venger. J'ai une autre solution, mais elle serait dangereuse pour beaucoup de monde. C'est pourtant la seule qui peut me garantir la sécurité d'Abby, car elle pourra lui être retirée de force et s'il n'a pas de moyen de la contacter, jamais elle ne tentera de le rejoindre. Réfléchis bien Kim, cette décision n'est pas à prendre à la légère. Et même si je suis prête à tout pour sauver Abby, je ne vais pas me sacrifier si rapidement. Non. Tout vient à point à qui sait attendre. J'allume mon téléphone quelques minutes seulement pour m'assurer que Max n'a pas essayé de me contacter pour le moment. Je suis surprise de voir que ce n'est pas lui mais Olivier qui a essayé de m'appeler. Ce n'est pas si étonnant que ça mais je m'attendais plutôt à ce qu'il ne me contacte pas. C'est ce que j'aurais préféré. Cependant, il a le droit de savoir comment j'avance et d'être rassuré. Je décide donc de le rappeler.

La Royauté du Rubis 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant