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« Maxime, nous devrions la laisser se remettre de ses émotions. » S'éloigne Olivier tout aussi affecté.

Il ouvre la porte tandis que mon ami entame le mouvement pour le suivre lorsque ma main reste solidement accrochée à la sienne. Je n'ai pas envie d'être seule, pas maintenant. Un flot de pensées sombres prend possession de mon âme, s'il me laisse seule, j'y succomberai. Ces mêmes pensées sombres qui m'ont poussées à rejoindre la Royauté du Rubis en me laissant croire qu'il n'y a que là-bas qu'on me comprendrait. Personne ne m'y a compris, sauf Max et s'il a réussi cet exploit, ce n'est pas parce qu'il faisait partie du même organisme, mais parce qu'il est Max. Aujourd'hui plus que jamais, je le veux à mes côtés.

« Reste, s'il te plait. » L'imploré-je.

Il jette un regard interrogateur au médecin qui accepte d'un hochement de tête avant de s'en aller. Je prends la télécommande du lit et me mets en position assise. Ensuite, je me décale afin de faire une petite place à mon ami qui s'assoit timidement à mes côtés. Instinctivement, ma tête vient se poser sur son épaule pour y rechercher le soutien physique dont mon corps a besoin pour se relever. Son bras se glisse fébrilement derrière moi et sa main vient doucement caresser mon bras encore victime il y a quelques instants de cet échec pour me rapprocher un peu plus de lui. Nous restons un long moment ainsi, sans rien dire, à écouter les douleurs de l'autre, à profiter de cette proximité retrouvée.

« C'est l'histoire d'un poil avant il était bien maintenant il est pubien. » Sort-il soudainement.

Je ne peux m'empêcher d'exploser de rire. C'était tellement imprévisible. Lui aussi sourit. Ça doit faire un moment qu'il cherchait à me remonter le moral et c'est réussi. On sous-estime souvent le pouvoir d'une simple blague même un peu pourrie. Les petites choses d'un bonheur simple, facile à atteindre. Il essaie de me l'offrir et je ne peux que l'en remercier.

« C'est l'histoire d'un zoophile qui rentre dans un bar. »

Il rit à son tour à ma blague. Un duel de blague nulle débute. Plus le temps passe, plus nous ajoutons des règles pour changer ce qui était une tentative d'apporter une meilleure ambiance, en un jeu.

« J'ai une idée, annoncé-je. On va faire une sorte de « essayer de ne pas rire » mais on ne va pas se filmer pour faire une vidéo peu originale. On va se faire des blagues chacun notre tour et si un de nous rit, il perd la manche. A la fin, celui qui a perdu le plus de manche a un gage. Ça te va ?

— Carrément ! » Me défie-t-il.

Je me lève du lit et le contourne. J'attrape les mains de Max et l'invite à se lever également. Il est quelque peu troublé mais obéit et me rejoint. Je me dirige vers la table de la chambre et place deux chaises autour, l'une en face de l'autre. Je m'installe sur l'une d'elle et mon camarade se met en face.

« Tu as ton téléphone ? Demandé-je

— Evidemment, je ne ferais pas grand-chose sans.

— On va se servir chacun du notre pour noter à chaque fois que l'un de nous rit. Qui commence ?

— C'est l'histoire d'un pingouin qui respirait par les fesses, un jour il s'est assis et il est mort. » démarre-t-il sans prévenir.

Je pouffe. C'est débile. La blague —enfin si cette chose peut être nommée de blague— n'est même pas drôle. Il pianote ma défaite sur son téléphone.

« Mais non ! ça ne comptait pas ! Je n'étais pas prête ! Protesté-je.

— Tant pis, tu n'avais qu'à être plus préparée. »

La Royauté du Rubis 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant