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Je marche pendant de longues minutes. Je ne peux plus utiliser les transports en commun pour me déplacer. Je n'ai pas assez de liquide pour me payer des tickets et si j'utilise mon abonnement cela me rend quasiment localisable. Mon téléphone non plus ne me protège pas bien, il reste donc éteint pour le moment. Je marche sans savoir où je vais. Il faut que je passe la nuit. Mes pas suivent mon instinct. La dernière fois que j'ai fait ça, je me suis retrouvée chez Max. Je ne peux pas refaire la même chose. Je navigue de rues en rues. Certaines sont encore pleines de vie malgré l'heure très matinale qu'il est, d'autres sont totalement vide de vie. Il faut que je trouve un moyen de contacter Louis et Arthur. Si c'est pour vivre dans la rue, j'aurais mieux fait de partir avec Olivier. Arthur est probablement au camp militaire, il faut que je le convainque de revenir sur Paris, ou que j'aille le retrouver mais cela risque d'être plus complexe. Je m'assois sur un banc dans un parc et commence à réfléchir. Il faut une bonne raison à Arthur pour se déplacer, et ce n'est pas moi qui la lui donnerais. Je l'ai quelque peu cerné et je sais qu'il m'en veut probablement de les avoir trahis, plus qu'il ne le prétend. Max pourrait être un lien entre lui et moi, mais si Max demande à Arthur de venir en ville et que c'est moi qu'il voit, la couverture de mon ami est détruite. Un autre nom me revient soudainement à l'esprit. Wyatt ! Ce n'est probablement pas la meilleure idée que j'ai eue. Wyatt était resté dans la Royauté du Rubis que parce qu'il se sentait redevable envers moi. Il a probablement dû apprendre ma trahison à travers le live YouTube, il ne doit donc plus faire partie de l'équipe d'Arthur. De plus, je n'ai aucun moyen de le contacter. Pour Louis cependant, j'ai peut-être une idée. C'est un célèbre DJ sur Paris, je me souviens qu'il me parlait d'ouvrir sa propre boîte de nuit prochainement. Peut-être est-ce mon moyen de le retrouver. Pour plus de confort, je m'allonge sur le banc et prends notes de mes réflexions sur mon ancien carnet de travail. Celui avec lequel je faisais mes interviews mais dans lequel il n'en reste plus aucune trace.

« Vas-y fait la passe ! crie une voix d'enfant.

— Attrape ! » lui répond une autre voix.

Un objet atterrit sur mon visage et me ramène à la réalité. Il y a de la lumière, beaucoup, trop de lumière. Mes yeux s'ouvrent difficilement.

« Désolé madame. » entends-je.

La lumière m'ébloui trop pour voir nettement mais je distingue tout de même une petite silhouette, tenant un objet rond qui s'éloigne de moi en sautillant pour rejoindre une femme plus loin qui me regarde avec je ne sais quoi dans ses yeux. De la pitié, du dégoût, peu importe. Peut-être m'a-t-elle reconnu. Alors, en un éclair, toute ma fatigue disparaît. Je rejoins toutes mes affaires et fuis aussi vite que possible. J'ai dormi sur ce banc, pire idée du siècle. J'étais à découvert, en plein jour, et une partie de mon maquillage a dû couler pendant ce temps, n'importe qui aurait pu me reconnaître. J'aurais aussi pu me transformer dans mon sommeil et ça aurait été le pire. Toute ma vie aurait été fichue. J'aurais pu avoir faim, et Dieu seul sait ce que j'aurais pu faire à cet enfant dans ce cas. Je finis par m'écrouler de fatigue dans une petite ruelle sombre. En plus je n'ai toujours pas de solution pour parler à Arthur et Louis. Comme si j'avais vraiment une chance de les approcher ! Ils me voient comme une traitresse.

« C'était donc ça ! » s'insurge une voix féminine et familière dans mon dos.

Je me retourne en un sursaut et reconnait immédiatement la jeune silhouette. Que Dieu soit loué !

« Abby ! m'écrié-je. Que fais-tu ici ?

— Kim ! Je te retourne la question ! Tu étais censée fuir ! » m'accuse-t-elle.

Elle s'approche de moi et pose une main amicale sur mon épaule avant de se baisser à mon niveau.

« Tout va bien ? demande-t-elle inquiète.

La Royauté du Rubis 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant