Chapitre 8.

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PDV Ali

Je me lève à l'aube, comme toujours, puis passe par la salle de bain pour me rafraîchir. Je me savonne tout en pensant à la journée d'aujourd'hui : c'est la première fois depuis une semaine que je vais quitter le village. Hier après-midi, quand je suis allé chercher les habits neufs de Nassim, j'ai croisé les voisins de mes anciens maîtres. Ils m'ont souris, comme si rien ne s'était passé il y a deux ans. Personne ne m'a insulté, personne ne m'a jeté de regard en biais, en fait personne d'autre ne m'a reconnu. Il faut dire que quand j'étais encore chez mes maîtres, je ne sortais pas beaucoup de la maison, je devais toujours faire quelques chose, mais jamais on me laissait partir trop loin, de peur que je ne m'enfuisse.

Après m'être lavé, j'ouvre la fenêtre de la chambre, et m'accoude au rebord, pour regarder le soleil se lever. Je ne l'ai jamais regarder d'aussi haut, mais c'est vraiment magnifique de le voir se lever au-dessus de la cime des arbres de la forêt. Le contraste du vert et de la couleur orangée du soleil levant est splendide, et je me perd une nouvelle fois dans mes pensées.

Quand je reviens à moi une petite brise me fouette le visage, et les gardes de nuit quittent leurs postes, alors que ceux du jour prennent leurs places. Encore nu, je me vêt des habits qu'Hanya ma donné hier, des habits hors de prix, mais qui feront plus soignés que les chemises trouées que je porte habituellement.

Je rejoins ensuite les appartements de Nassim, pour le réveiller. Quand je frappe à sa porte, aucune réponse ne m'est retournée, je rentre alors.

Il est étendu sur le lit à plat ventre, et son drap n'est plus sur lui mais par terre. Il ne porte qu'un sous-vêtement, et la pâleur de sa peau m'éblouie un instant. Sa respiration régulière s'élève dans la pièce, alors que je m'approche de lui, et lui secoue l'épaule dans le but de le réveiller. Un sursaut le prend quand il se rend compte de ne pas être seul, et il se couvre précipitamment de ses mains, gêné.

- Tu ne vas pas cacher grand chose avec tes mains.

Il rougit, avant de se lever, et de s'enrouler dans son drap qui était au sol. Je me dirige vers la salle de bain, laisse couler l'eau dans la baignoire, ajoute les sels de bain, et le prévient qu'il peut venir. Il entre dans la pièce toujours dans son drap, et n'ose pas me regarder.

- Tu vas avoir du mal à te laver en restant dans ton drap, tu sais ?

Il hoche la tête rapidement tout en rougissant.

- Je... Tu peux me laisser s'il te plaît ?

Dit-il hésitant, le regard toujours fuyant.

Je le laisse, et l'attend dans sa chambre, tout en préparant ses vêtements sur mesure que je suis allé chercher hier. Quand il me rejoint il se précipite derrière le paravent, et me demande de lui apporter ses vêtements.

Fin prêt, je le maquille comme me l'a demandé son père, et masque les hématomes présents sur son visage. Alors que je m'attaque à la commissure de ses lèvres, je le vois rougir une nouvelle fois jusque là pointe de ses oreilles.

- Tu sais, je peux masquer les rougeurs que prennent tes joues, mais je ne vais pas mettre de fond de teint sur tes oreilles.

Nassim pique un fard à nouveau, tandis que je termine.

Une fois terminé, nous rejoignons Hanya pour le petit déjeuner, elle nous dis que le roi est occupé, et qu'il a déjà quitté la table. Nassim et moi nous asseyons, alors qu'Hanya fait les yeux doux à Nassim, qui l'ignore.

- Hum... Nassim je me disais que puisque tu vas te marier... Donc sûrement avoir des enfants rapidement... Peut-être qu'il y a certaines choses sur les femmes que tu voudrais apprendre...

Je la regarde, un sourire moqueur sur les lèvres, alors qu'elle essaye d'attirer l'attention du prince, sans succès.

- Des choses qu'Ali ne sait sûrement pas...

Rajoute-t-elle précipitamment.

Je vois très bien de quoi elle parle, mais Nassim n'a pas l'air intéressé malgré qu'il soit un peu perdu j'ai l'impression. Il me lance un regard, me demandant silencieusement ce qu'elle veut dire, mon sourire s'agrandit alors, et je baisse la tête sur ma tasse de lait.

***

Nous sommes partis depuis à peu près trois heures du château, et nous dirigeons vers le royaume de Drépir. Le roi ouvre la marche sur un bel étalons noir, suivi de Nassim entouré par deux gardes. Je ferme la marche, et prend mon temps pour observer la forêt que je connais si bien pour y avoir habité pendant plus de deux ans. Rien n'a vraiment changé depuis que je suis au château, c'est à dire depuis quelques jours. Les feuillages des arbres sont toujours aussi bien fournis, et verts. Les fleurs, elles, ne fanent pas encore, même si ça ne saurait tarder. Je me reconcentre sur mes compagnons de voyage, quand Nassim perd une nouvelle fois le contrôle de sa monture. Il faut dire que cette dernière n'est pas très coopérative, et ce depuis le début. Elle ne cesse de vouloir brouter l'herbe du chemin, et Nassim n'arrive pas à la tenir.

- Monte derrière moi, et quelqu'un tiendra ton cheval, ce sera plus simple. M'exclamais-je, lassé.

Nassim se retourne prêt a accepter ma demande, mais son père le devance.

- Sûrement pas ! C'est la place d'une femme, pas la tienne. Dit-il, méprisant son fils du regard.

Je vois Nassim se ratatiner sur place, et le roi lance sa monture au trop. Nassim peine à rester sur son cheval, mais tient bon. Nous arrivons au château une heure plus tard, et sommes accueillis par le roi en personne. Ce dernier me souris plus que de raison, alors que Nassim se fait évincer. Il nous conduit dans les jardins, et nous installe sur une petite table. Un domestique vient nous apporter des collations, alors qu'un autre nous apporte à boire. La princesse arrive enfin, quelques minutes plus tard. Elle est beaucoup plus âgé que Nassim, et je comprend par un regard de sa part qu'il n'est pas très à l'aise.

***

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Yamataï [bxb] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant