Chapitre 9.

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PDV Nassim.
Depuis que la princesse s'est assise aux côtés d'Ali, mon père ne cesse de me lancer des regards haineux. Ali me regarde perplexe, alors que le roi de Drepir a l'air ravi de cette rencontre. Après qu'Ali ait fini son verre de vin de saison, le roi propose à sa fille et à Ali de prendre le temps de se découvrir seul à seul, comme il le dit. Mon père lui ne comprend pas tout de suite, et je reste interdit devant ce quiproquo.

- Je ne voudrai pas interférer dans votre volonté, mais ce jeune homme n'est pas mon fils.

Déclare mon père pas tout à fait sur de lui, ce qui m'étonne fortement

Le père de la princesse ne semble pas comprendre, la princesse lance un regard charmeur à Ali, mais ce dernier a plus l'air mal à l'aise qu'autre chose.

- Comment ça ? Qui est-il dans ce cas ?

Demande alors le roi, perdu.

Mon père me regarde, puis lance un regard à Ali, et reviens enfin sur le roi.

- Mon fils ce tiens ici, à mes côtés.
Lance-t-il.

Je peux discerner toute la haine qu'il éprouve à mon égard dans ce "mon fils" qu'il prononce.

Le roi de Drepir me fixe déçu, et s'exclame tout à coup que les fiançailles sont annulées. Mon père s'emporte, et se lève, avant de quitter les jardins. Ali s'excuse et part à sa suite, alors que je peine à le suivre.

- Tu as vu à quoi tu ressemble ?!
S'emporte-il prêt à me frapper.

Je baisse la tête, et monte sur ma monture, alors que mon père se met déjà en route.

- Toi !
Dit-il en pointant Ali du doigt.

- Tu vas lui montrer où tu as habité ces deux dernières années.
Assène-t-il d'un ton sans appel.

Il me lance ensuite un regard et me crache à la figure ces quelques mots :

- Tu vas voir la chance que t'as.

***

Je suis Ali à travers la forêt depuis environ une vingtaine de minutes, après avoir quitter le chemin, il m'a prévenu que nous devrions continuer à pieds. Je peine à le suivre alors qu'il avancés avec aisance entre les branches. Il avance sans se retourner et je me prend régulièrement les branches dans le visage, mais je ne lui en veut pas, je ne suis qu'un poids pour lui. Je ne suis qu'un poids pour tout le monde.

Après environ quarante minutes de marche, Ali s'arrête devant ce qu'il me semble être une cabane. Il ouvre la porte et me laisse entrer à l'intérieur. Il m'attend dehors, et je comprend pourquoi quand je vois l'étroitesse de la cabane.

-C'est là que j'ai habité. C'est bon t'as vu ?
Il me dit ça sèchement et je ne comprend pas pourquoi.

- Oui, c'est bon.
Dis-je d'une petite voix, pas sur de moi.

Sa cabane est vraiment petite, et pas très propre. Il a eu bien du courage de vivre là pendant deux ans.

- Je chassais tous les jours, et je cuisais la viande ici.
Me dit-il, me montrant d'un geste du menton les restes d'un feu.

Sa voix ne se fait pas plus douce, et je me dis alors que c'est peut-être de ma faute.

Je ne sais pas pourquoi il a vécu là, et pas au village comme tous les bourgeois et paysans du royaume, mais il n'a pas l'air enclin de me le dire. Après tout, on ne se connait pas, et n'avons aucun lien, je suis juste le pauvre prince battu par son père, qu'il doit remettre dans le droit chemin.

- On peut rentrer ?
Me demande-t-il.

Je hoche la tête, et il reprend le chemin inverse de celui que nous avons pris pour arriver là.

***

J'ai regagner mes appartements dès que nous sommes rentrés, et mon père ne m'a pas fait demandé. J'appelle alors Ali pour qu'il me démaquille, mais celui-ci ne répond pas, et ne montre pas le bout de son nez. Je me douche alors seul, mais une petite heure après mon appel, je me décide d'aller à sa chambre, voir s'il y est. Je frappe, mais aucune réponse ne me parvient. Après quelques hésitations, je me risque à entre-ouvrir la porte. Je vois alors Ali, assit sur le lit, vêtu seulement d'un linge autour de la taille, en larmes. J'ouvre un peu plus la porte, entre dans la pièce, et referme derrière moi. Ali tourne la tête dans ma direction et me somme de partir, avant de nicher sa tête entre ses bras. Ne sachant comment réagir, je m'assois à ses côtés, sans le toucher, ne faisant seulement qu'acte de présence. Sa respiration est saccadée, mais il pleure en silence. Après plusieurs minutes de silence, je lui lance un regard, il s'est redressé, mais des larmes coulent toujours le long de ses joues. Je me détourne à nouveau, et quelques minutes plus tard, il m'empoigne fermement le bras, me forçant à me lever, et me jette presque hors de sa chambre. Ses gestes sont accompagnés d'un regard noir, et d'un mot cinglant, qui résonne à mes oreilles.

- Dégage !

Il me ferme la porte au nez, me laissant pantelant et plein d'incompréhension devant la porte de sa chambre. Je ne comprend pas sa réaction, sachant que je n'y suis pour rien. Ou peut-être que si, peut-être que tout est de ma faute, que si je n'avais pas existé il serait toujours libre, à vivre sa vie comme il l'entend. Peut-être qu'il n'aurait pas été malheureux et peut-être qu'il n'aurait pas pleuré. Je ne suis, comme le dit mon père, qu'une source de malheur, et de désastre. Peut-être que j'ai détruit sa vie à lui aussi, en plus de celle de ma mère et celle de mon père.

Mais peut-être aussi que ses larmes n'ont rien à voir avec moi, peut-être que retourner à sa cabane à fait remonter des souvenirs douloureux, peut-être qu'il a pensé à sa famille. Ou est-elle sa famille ? Pourquoi n'en parle-t-il pas ?
Je ne comprend pas, je ne le comprend pas, mais lui ne me comprend s'en doute pas non plus, il croit sûrement que je ne suis qu'un petit prince capricieux, et sensible.

J'aimerais le connaître.

***

Je ne pensais pas publier ce soir (matin plus tôt xD), mais je ne peut pas résister.
Penser à me donner votre avis.

Yamataï [bxb] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant