Kitaichi VIII

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Dernière semaine, fut la première chose que pensa Kageyama Tobio lorsque son réveil sonna en ce lundi matin. Cinq jours de cours et d'entraînement, et le vendredi soir, il assisterait de nouveau à une pluie d'étoiles filantes, avec l'espoir de quitter ce passé illusoire et aller... Il ne savait pas encore où, au juste. Le mieux qu'il puisse lui arriver était de quitter cette dimension et de regagner sa première existence, la fin de sa seconde à Karasuno ; sinon, s'il restait dans cet univers-ci, il devrait affronter les conséquences de ses actions.

Oui, ce serait la première chose à vérifier, si son voyage fonctionnait. Même s'il retrouvait sa chambre telle qu'elle était à ses seize ans et l'uniforme de Karasuno dans son armoire, il devait savoir si son passé avait bel et bien été modifié ou non ; et il avait une petite idée de comment en être certain. S'il laissait une marque indélébile quelque part dans son passé, le fait de la retrouver ou non des années plus tard confirmerait ou annulerait ses théories. Graver quelque chose dans la pierre, faire une croix derrière un meuble ; il avait l'embarras du choix, et attendait le vendredi pour se décider définitivement.

Le plus important, pour lui, c'était de s'assurer qu'il n'avait pas fait tout cela en vain, si jamais il devait rester dans le même univers. On lui avait donné une chance de rattraper ses erreurs... Alors pourquoi y renoncer ? Oui, s'il devait ne jamais quitter cette dimension, il était prêt à assumer ses choix et voir où ils le guideraient, avec l'espoir d'un futur où il serait à la place de Yahaba, à rire avec Kindaichi et Kunimi, à avoir l'affection d'Oikawa. C'était son vœu, après tout.

Le plus simple, c'était de parler aux concernés. Essayer, dans la mesure du possible, d'endiguer ce soi-disant destin qui ferait de lui un roi et un génie. Il ne savait pas ce qu'il allait devenir entre le moment où il quitterait ce passé et celui où il rejoindrait son nouveau futur, alors autant essayer de programmer la suite un maximum.

Cela commençait avec Kindaichi et Kunimi : ils étaient finalement tombés d'accord sur le mardi pour se voir chez Yuutarou, avec une permission de 22h. Tous les trois quittèrent donc l'entraînement du soir ensemble, et Kindaichi paraissait excité de leur montrer sa maison.

-C'est pas très grand, disait-il en gesticulant tandis qu'ils marchaient à trois de front sur le trottoir. Je ne sais pas comment c'est chez vous, mais...

-Une prochaine fois, répondit calmement Kunimi.

-Oui, on s'invitera à tour de rôle, appuya Kageyama.

S'il pouvait s'engager dans plusieurs projets pour son avenir, à court comme à long terme... Ce serait une petite certitude de garder un peu de contrôle sur ce qui viendrait après.

-C'est vrai ? trop bien ! s'enthousiasma Kindaichi.

Ils finirent par arriver. C'était une petite habitation de style moderne, et ils retirèrent leurs chaussures avant de suivre la visite guidée de leur camarade : les diverses pièces de la maison, rencontrer ses parents, le chien, même le chat errant qui venait dans leur jardin. Puis Kindaichi leur montra sa chambre, une pièce assez large mais relativement sobre, et Kageyama repéra immédiatement le ballon de volley dans un coin.

-J'ai les jeux, dit Kunimi en les déposant sur le lit. C'est cool, que tu aies la télé dans ta chambre.

-Ouais, mais ça ne fait pas longtemps, mes parents ont seulement dit oui quand je suis passé au collège !

-La chance, dit Tobio, même s'il ne savait franchement pas ce qu'il ferait si lui aussi avait un écran en face de son lit -à part regarder des matchs sur la chaîne sportive.

Ça faisait tout de même plaisir de voir ses deux coéquipiers aussi enjoués, et il devait régulièrement se rappeler qu'eux avaient douze ou treize ans pour de vrai ; encore débordants de naïveté et de bonne volonté. Si seulement ça pouvait ne jamais changer, songea-t-il tandis que Kindaichi lui mettait une manette dans la main.

Fais un vœuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant