Kitaichi V

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-Oikawa-san, où est-ce qu'on va ?

Cela faisait plusieurs minutes qu'ils s'étaient écartés des autres pour se balader de leur côté, mais le capitaine n'avait toujours pas jeté son dévolu sur une boutique.

-Je vais m'acheter du pain au lait, et un livre pour les cours.

-Tu fais tes courses, en fait.

-Chut, Tobio-chan ! J'ai dit shopping. On ira où tu veux après, mais le pain au lait d'abord.

Kageyama n'avait pas vraiment d'idée de là où il voulait aller, et il suivit docilement Oikawa dans les rayons d'un magasin le temps qu'il trouve ce qu'il voulait. Lui-même se serait bien acheté quelques briquettes, mais il n'avait pas pensé qu'il sortirait aujourd'hui et n'avait pas pris d'argent avec lui... Son ventre gargouilla de dépit, et Oikawa (qui attaquait déjà le pain malgré le fait qu'ils viennent de goûter) lui en tendit un bout.

-Merci, répondit timidement Tobio.

Dans la première version de son collège, Oikawa ne lui aurait jamais offert de nourriture, et si ça avait été le cas, Kageyama y aurait sûrement regardé à deux fois avant de mordre dedans.

-T'aimes bien lire ? demanda Oikawa un peu plus tard, dans la librairie, alors qu'il parcourait du regard les ouvrages alignés pour trouver celui dont il avait besoin.

-Euh. Bof. Des mangas.

Autant jouer franc-jeu. Même si ses notes étaient excellentes, ça ne voulait pas dire qu'il était devenu un intellectuel, ni que la lecture l'attirait beaucoup. Il avait quelques piles de mangas au pied de son lit, mais honnêtement, c'était plutôt pour les images qu'autre chose, et il ne se souvenait pas d'être arrivé au bout d'un vrai roman.

-Plutôt maths, alors ?

-Plutôt volley, répliqua Tobio.

Il se mordilla la lèvre inférieure, espérant ne pas s'être trahi. C'était la vérité..., mais pas celle qu'il tentait de construire ici. Si Oikawa commençait à croire qu'il s'investissait à fond... Si jamais il le voyait progresser... Mais son aîné se tourna vers lui en rigolant joyeusement et, au grand étonnement de Tobio, lui ébouriffa les cheveux.

-Tu sais que tu me plais, toi ?

Ne rougis pas, essaya de s'imposer Tobio. Mais c'était plus facile à se dire qu'à contrôler, et il sentit son visage bouillir.

-Tant mieux si tu as attrapé la passion pour ce sport, déclara Oikawa avec un sourire fier. Tu sais, la plupart des gars de notre équipe vont quitter, après le collège, ils voudront essayer un autre club. Mais quand tu aimes le volley, quand tu aimes vraiment ça, tu te rends compte que ce n'est pas juste... un sport, ou un club scolaire.

Je le sais.

-Et surtout quand tu as des rivaux, s'enthousiasma Oikawa. Dans la préfecture, le seul qui nous empêche vraiment d'aller aux Nationales, c'est Ushiwaka de Shiratorizawa. Il est dans notre année, alors on retombe dessus tous les ans. Ça fait un moment qu'on réfléchit à comment le battre... Et je m'entraîne avec cet objectif en tête.

-Qu'est-ce que tu comptes faire ?

-Déstabiliser Shiratorizawa. S'ils ne peuvent pas avoir de bonnes réceptions, alors pas de bonnes passes, et donc Ushijima ne peut pas attaquer comme il voudrait. Je crois que c'est de là que ça part... Du coup je bosse mon service. Tu l'as déjà vu ?

Des centaines de fois, des milliers peut-être, et je ne me lasse jamais de le voir.

-Une fois ou deux. Il a l'air super puissant, déclara Tobio avec une admiration à peine feinte.

Fais un vœuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant