Fais un vœu

Aoba IV

Quand Kageyama se réveilla, il avait huit messages non lus.

Dans son existence précédente, à Karasuno, il aurait certainement parié sur une suite de messages de Hinata pour réclamer de faire des passes en majuscules, auxquels il n'aurait pas répondus. Il s'attendait presque à voir le nom du rouquin apparaître, et eut besoin d'un moment de réajustement en voyant s'afficher les noms d'Oikawa et de Kindaichi -le premier, qui plus est, ponctué d'un cœur.

Il commença par ouvrir ceux d'Oikawa, laissés en suspens la veille, et une pointe de culpabilité le traversa en songeant qu'il s'était endormi avant de répondre.

Oikawa ♡, 22h48 : « Et Takeru attend plus le lundi pour te voir que pour me voir »

Oikawa ♡, 22h50 : « Tu te rends compte, alors que je suis son oncle ;_; »

Oikawa ♡, 22h53 : « Il ne veut pas la fermer sur combien Tobio-san est cool, presque autant que Iwa-san et carrément plus que ce pauvre ringard de Tooru »

Oikawa ♡, 22h59 : « Tu dors, Tobio-chan ? »

Oikawa ♡, 23h05 : « On dirait bien que oui ;) ♡ Bonne nuit mon chéri, fais de beaux rêves de ton merveilleux petit copain :p ♡♡♡ Je t'aime ♡♡♡♡ »

Lire cela dès le réveil était particulièrement gratifiant, et Tobio se sentit sourire rêveusement en les relisant juste pour le plaisir. Il passa ensuite à ceux de Kindaichi, et son sourire passa de la tendresse à l'amusement :

Kindaichi, 23h24 : « T'as fais l'exo de bio ??? »

Kindaichi, 23h33 : « Attends je demande à Kunimi »

Kindaichi, 23h56 : « Il me répond paaas :'( »

Kageyama finit par se lever, se sentant presque déjà fatigué à la pensée de tout ce qu'il avait appris la veille... et tout ce qu'il aurait à faire aujourd'hui. Il avait résolu d'éclaircir en premier l'histoire de cette « deuxième nuit » avec Oikawa en parlant avec ses parents ce matin-là, et l'occasion lui en fut donnée au petit-déjeuner, lorsqu'il lança d'un air désinvolte :

-Dites, hm... Vous pensez que tous les parents sont aussi ouverts d'esprit que vous ?

-Non, je ne pense pas, répondit sa mère avec un sourire. Mais on connaît Tooru-kun depuis le collège, et on sait qu'il est responsable.

Entendre le prénom d'Oikawa faisait toujours un peu bizarre, déjà depuis la veille, mais Tobio passa outre. Comme il s'en doutait, ses parents ne s'inquiétaient pas du tout de sa relation à son aîné, l'acceptaient et même l'encourageaient.

-Mais c'est pas grave que je ne dorme pas à la maison ? demanda-t-il ensuite innocemment.

Ils doivent quand même se douter de ce qu'on fait, songea-t-il en fronçant le nez –puis se rappela qu'il allait probablement y être confronté le même soir, s'il se fiait aux promesses cochonnes d'Oikawa, et il se rendit compte que ses mains étaient devenues toutes moites.

-Pourquoi, mon chéri ? Ça fait depuis la rentrée que tu passes les jeudis soirs avec Tooru-kun. Une nuit de plus aujourd'hui, ça ne fait pas grande différence.

Voilà qui éclaircissait sa lanterne, et il hocha vaguement la tête en aspirant sa briquette. Tous les jeudis donc, il avait l'habitude de dormir avec Oikawa... et depuis sa rentrée en seconde. Malgré toutes les évidences qui lui tombaient dessus, il ne cessait de s'étonner sur la précocité de leur relation.

Il ne fit pas de sac de sport ce jour-là, mais emporta les affaires supplémentaires dont il aurait besoin pour sa soirée. L'entraînement de volley avait eu lieu le matin, et il retrouva Kindaichi déjà dans leur salle de classe en train de s'asperger de déodorant.