La première chose que Tobio fit en se réveillant fut de courir jusqu'à la salle de bains et voir s'il était revenu dans son présent. Pas encore, constata-t-il en levant le menton devant la glace.
Il vérifia la date –pas de nouveau saut temporel, il était bien à son deuxième jours de collège. L'entraînement commençait à huit heures trente, et il se dépêcha de se préparer pour retourner à Kitagawa Daiichi. Il se sentait plus serein en voyant se profiler les bâtiments du collège –c'était un nouveau départ, tout se passerait bien.
Oikawa était déjà là quand il arriva, en train de s'entraîner à servir. Tobio se souvenait de la première fois qu'il avait vu cette scène ; il avait eu le souffle coupé, s'était demandé si le collège était à ce point extraordinaire... Mais non, avait-il vite compris. Celui qui était prodigieux, c'était Oikawa et nul autre. Et ce service... Il le connaissait par cœur, pouvait le faire défiler derrière ses paupières fermées. En vérité, il paraissait faible à côté de celui que possèderait Oikawa à dix-huit ans, mais restait très impressionnant pour un niveau collège.
Kageyama détourna les yeux du service, sachant fort bien qu'Oikawa n'avait jamais aimé qu'il le regarde. S'il le surprenait à le contempler, il commencerait sûrement à s'énerver, et Tobio comptait bien rester dans ses bonnes grâces. Il aperçut Kindaichi un peu plus loin et le rejoignit en attendant que l'entraînement commence.
-Au collège, on joue en six, déclara le coach. Deux attaquants ailiers dont un, le plus puissant, qui sera le champion, deux centraux, un attaquant droit, un passeur et un libéro. Tout le monde sait à quoi ça correspond ?
Un hochement de tête collectif lui répondit.
-Bien. On va vous tester sur différentes positions avant de vous en attribuer une provisoire. Faites de votre mieux !
Kageyama se mit à courir avec les autres, mais tandis que Kindaichi lui parlait de quelque chose d'inintéressant, il ne pouvait s'empêcher d'être anxieux. S'ils le mettaient à la passe, Oikawa commencerait à le voir comme un rival et refuserait de lui apprendre quoi que ce soit. Mais passeur... C'était ce qu'il était, au plus profond de lui. Ce qu'il voulait être, ce qu'il aimait être, un passeur et rien d'autre –même s'il savait parfaitement qu'il pouvait jouer n'importe où, dans cette équipe. Alors quoi ? Se rater en passe et s'arranger pour finir en attaque, ou bien libéro peut-être ?
Le dilemme l'occupa jusqu'au moment du match d'entraînement entre première années qui devait commencer à les orienter sur leurs futures positions. Puis, finalement, il craqua et se dit qu'il pouvait toujours être un iota meilleur que les autres à la passe... Un toucher de balle un tout petit peu plus propre tout du moins, même s'il ruina consciencieusement son timing et la portée des balles. Il ne savait pas encore si c'était suffisant, mais il le saurait bien assez tôt –et aussi quelle serait la réaction d'Oikawa.
Une fois l'entraînement terminé, il rejoignit sa classe et suivit les cours, toujours aussi étonné de comprendre ce que le professeur disait ; puis il se rendit à la cafétéria pour s'acheter à manger. Il venait tout juste d'entamer son sandwich, seul à une table, que quelqu'un posa son sac devant lui : Tobio releva les yeux, prêt à disputer celui qui venait ainsi troubler sa pause du midi (chose que faisait en général Hinata), quand il reconnut Kindaichi.
-Salut, Kageyama ! Désolé, je t'ai reconnu de loin mais tu ne m'as pas entendu. Je me suis pas encore trop fait d'amis alors... Je peux manger avec toi ?
-Bien chûr.
Kindaichi avait l'air de s'attacher à lui, et c'était pour le mieux. S'il osait lui dire les choses en face... S'ils restaient aussi proches pour les trois ans à venir, alors il n'avait rien à craindre. Un toussotement léger se fit entendre, et un jeune Kunimi apparut soudain d'un air gêné.
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Fais un vœu
Hayran Kurgu"Si seulement j'avais une chance de revenir en arrière. De faire les bons choix". Kageyama sentit l'appréhension l'étreindre quand il franchit les grilles de Kitagawa Daiichi. Le lieu ne lui laissait pas de très bons souvenirs... Mais ces souvenirs...