La Valeur de l'Onde

Attaque de requins

C'était la panique à bord, tout le monde faisait de son mieux pour s'éloigner le plus vite possible de cette grotte cauchemardesque, mais quand ils sortirent le paysage n'était pas celui auquel ils s'attendaient.
Des carcasses de nombreux bateaux jonchaient l'espace marin, un air vicié planait dans l'air et des animaux morts en décomposition flottaient par centaines.
- Putain où est ce qu'on a atterrit capitaine ? -S'inquiéta Noctari-
- On est en mer Loreliste. Faites attention je ne sais où le capitaine d'ici se terre et si il est notre allié.
- D'accord. On a semé l'autre au fait ?
Prométhée était perdu dans ses pensées avec milles et une questions dans la tête : qui était-il réellement ? Qu'est ce qu'on ne lui avait pas dit ? Il n'avait de réponse à aucune de ces questions.
Quelqu'un lui tapa l'épaule avec affection, il se retourna encore un peu dans le flou.
- Te fais pas de bile, personne ne comprend ce qu'il se passe et même si je ne sais pas ce que cette créature t'as dit focalise toi sur l'instant et aide nous. On a besoin de toi.
Il reprit ses esprits.
- Bien capitaine ! -Il hésita un instant- Et... merci capitaine.
Bartolomeo vit pour la première fois le sourire le plus franc qui soit sur la tête de Prométhée.
- Pas de souci matelot.
À cet instant un hurlement que tout le monde avait imprimé dans son esprit se fit entendre, ils se retournèrent pour voir d'où il provenait et virent la créature debout sur une carcasse de bateau hurlant à la lune, quelques instants plus tard deux ailerons de métal émergèrent des profondeurs et se dirigeaient droit vers l'équipage.
- Des requins cyborg capitaine. -Dit Prométhée-
Bartolomeo ne chercha pas à en savoir d'avantage.
- Matelots toutes voiles dehors !! Ce sont des requins cyborg !!
Le navire fut poussé au maximum de ses capacités tandis que la créature et les requins les poursuivaient, avides de chair et de sang. Mais malgré cela ils se firent tout de même rapidement rattrapés.
- Ils vont trop vite capitaine !
Les paroles du matelot disparurent dans un vacarme assourdissant, pour cause un navire fonctionnant avec une cheminée avait fait son apparition. Croisement inconcevable en temps normal entre un train et un bateau, ce navire portait fièrement deux drapeaux déployés, l'un d'entre eux était le drapeau pirate mais sur l'autre se dessinait le symbole des sept mers avec une vague de couleur bleu sarcelle en surbrillance. Un autre drapeau se déploya à la suite des deux précédents et on pouvait voir dessus le symbole du sexe féminin.
- Eh merde c'est Lorelei, le capitaine d'ici.
- Et pourquoi ce drapeau ?
- T'as déjà entendu parler des amazones j'imagine ? Bah voilà, ce sont elles.
- Sérieux ?! Eh ben j'espère qu'elles sont pas venues aider cette bestiole ou on va être sacrément dans le pétrin.
- J'espère aussi matelot.
- C'est un ennemi ? -Le questionna Éléanore-
- Je n'en ai aucune idée.

Le navire fraichement arrivé se positionna entre les créatures et le navire de Bartoloméo et une bouteille fut envoyée du navire de Lorelei. Prométhée la saisit, l'ouvrit et lut le message qu'elle contenait :
« Cher Bartolomeo, j'ai eu vent de l'histoire que vous avez eu en traversant la mer Magelfique, mais n'ayez crainte mon équipage et moi avons surveillé votre avancée à partir de votre entrée dans la grotte et allons vous aider en retardant cette immonde bestiole. Nous ne sommes en aucun cas votre ennemi. Mes filles et moi même vous souhaitons bonne chance pour la suite ! »
Il jeta alors un coup d'oeil sur le navire allié et vit son capitaine, il put juste voir qu'elle était un peu enrobée mais pas dénuée de charme pour autant et qu'elle lui avait fait un clin d'oeil avant de disparaitre au milieu d'une violente bagarre avec plusieurs filles se confrontant à la créature qui avait bondit sur le navire, très sûrement en colère. Malheureusement les requins avaient contourné le navire et continuaient leur chasse.
- Profitons en !
C'est à ce moment qu'un des requins heurta la coque avec violence faisant trembler l'entièreté du bateau.

Pendant ce temps sur le bateau des amazones...

- Vous me gênez. Femelles.
La capitaine s'adressa à la monstruosité :
- Wowowo alors déjà sale bête t'es sur mon navire au cas où le drapeau soit pas assez éloquent et ensuite t'es pas le bienvenue alors dégage.
Une lame lui perfora le ventre par derrière et ressortit par devant.
- AHAHAHA. Vous allez. MOURIR.
Une violente impulsion électromagnétique repoussa la totalité de l'équipage.
- À commencer. Par toi. -Dit-il en montrant de son doigt crochu Lorelei-
De son bras jaillit alors une lame qu'il abattit sur la capitaine, celle-ci se décala mais la lame rencontra quand même son épaule et s'enfonça profondément. Le cyborg la rétracta quelques instants plus tard.
Lorelei était blême mais aucun gémissement ne sortait de sa bouche.
- Tu est plutôt forte. Pour une femelle. Humaine.
- Ferme ta gueule sac à merde !
Son poing gauche percuta sa mâchoire de métal et le fit tomber au sol.
- C'est pas parce que t'es une putain de machine que nous humains on ne peut rien te faire ! J'espère que ces phalanges en métal t'ont remis les idées en place !
Il se releva sans aucune égratignure et un sourire démoniaque sur la gueule.
- Oh que oui
Son langage était devenu continu, sans coupure et son élocution complètement humaine. Sa voix était maintenant celle qu'on aurait donné à un jeune homme ayant la vingtaine. Plus le temps passait et plus cette chose devenait abominable.

Retour sur le navire de Bartolomeo...

Un matelot sortit de la trappe qui menait à la cale :
- On a une fuite capitaine ! Il a percé le blindage de la coque et l'eau s'infiltre !
- En un seul assaut ?! Putain ! Tenez bon on maintient notre cap !
L'équipage entier essayait tant bien que mal de les neutraliser sans grand succès et les assauts se multiplièrent de même que les dégâts sur le navire.
- On ne tiendra plus très longtemps capitaine ! La coque se remplit !
- Maintenez le cap ! On y est presque !
- Où comptez vous aller ? -Demanda Prométhée-
- La mer Tupoleviane se trouve à quelques kilomètres, je pense que ces requins dormaient ici et ne sont fait que pour cette mer en particulier, il n'oseront pas s'aventurer plus loin.
- Et si ce n'est pas le cas ?
- Chaque chose en son temps. Tu penses pouvoir au moins en liquider un pour nous faire gagner du temps ?
- Je peux essayer.
Sur ces mots il sauta sur un des requins.

Il s'agrippa sur son aileron et alors qu'il tentait de le désarçonner, Prométhée se concentra et essaya d'utiliser la même énergie que contre son clone. Le requin brilla d'une lueur vive puis explosa s'éparpillant en morceaux et propulsa Prométhée dans les airs, Zéphyr lui lanca une corde qu'il attrapa au vol et retourna sur le navire. Il ne restait qu'un seul requin mais les dégâts étaient critiques et ils ne tiendraient sûrement pas éternellement. Les secondes qui passaient étaient plus lourdes que jamais. Alors, tout changea.

Les carcasses disparurent progressivement et le requin s'arrêta comme paralysé, ils avaient réussi.
- Hourra !! -Cria l'équipage-
Le capitaine semblait un peu ravi mais une moue de réflexion trahissait sa joie, car malgré l'épreuve qu'ils avaient traversée ils étaient en mer inconnue. Et à première vue il leur semblait nager en plein délire, le ciel était... rose, les nuages représentaient diverses formes comme des animaux ou des figures géométriques et une légère brume sucrée se trouvait au dessus de l'eau, semblable à de la barbe à papa.
- Euh il me semble pas que ce soit commun ça cap'taine...
- Effectivement matelot, restez sur vos gardes.
Le bateau commença alors à ralentir et à tanguer.
- Il faut vite accoster où on va perdre le navire !
- Bonne réflexion, mais tu vois où on le pourrait le faire petit génie ?
Il n'y avait strictement rien aux alentours, pas une île, pas un port, rien. Enfin c'est ce qu'ils croyaient jusqu'à ce qu'une île fasse subitement son apparition.
- Qu'est ce que ?! Il n'y avait rien il y a deux secondes !
- On s'en tape ! Accostez sur l'île avec le bateau !
- Bien capitaine !
Le bateau continua en ligne droite jusqu'à rencontrer le sable et s'arrêta quelques instants après.
C'était une petite île avec beaucoup de verdure mais pas de forêt, quelques palmiers et c'est tout. Une île des plus simples.
L'équipage entier débarqua pour faire état du navire et les dégâts subis étaient conséquents : la coque était parsemés de trous qui faisait bien un mètre carré chacun, de l'eau s'en écoulait. Il était clair qu'ils étaient coincés ici.
- Génial.
Quand tout à coup un moteur se fit entendre et une ombre sous la mer était discernable.
- L'autre requin ?! Il nous a retrouvé !
Mais ce qui émergea était un petit hors-bord de bonne facture modifié avec une bulle en son centre et un poste de commande contrôlé par un bonhomme à l'air un peu fou. Il se posa sur la plage et l'homme en sortit, tout le monde le mirent en joue immédiatement. Il se présenta les mains levés suivit de deux automates, un singe avec des cymbales -similaire au vieux jouet- qui marchait sur deux pattes en agitant celles-ci et d'une petite boule avec un oeil qui roulait sur elle-même.
- Suuuupeeer comme accueil ! J'apprécie de voir que je suis apprécié ! -dit l'inconnu-
- Apprécié ! Apprécié ! -scanda le singe-
- Tiens des bipèdes mous du bulbe comme toi, comme si un seul ne suffisait pas.
L'inconnu reprit la parole non sans un raclement de gorge disgracieux :
- On peut parler ? Où il faudrait que je meurt avant ?

Pendant ce temps en mer Loreliste...

- Capitaine tout va bien ? -Demanda une voix qui semblait lointaine-
Tout semblait flou dans la tête de Lorelei, ce qu'il venait de se produire arrivait par bribes dans son esprit : le monstre, sa voix puis toute cette lumière verte et enfin les tas de cendres, ses filles, ses camarades réduites en cendres.
- EH PUTAIN !!!
Sur ces mots elle abattit ses poings sur le pont dans une rage et une tristesse non dissimulées, les larmes coulaient à flot sur les joues de tout l'équipage. En déglutissant Lorelei sentit comme un vide, elle lui avait semblé écraser ses deux poings sur le sol mais en vérité elle n'en avait abaissé qu'un car l'autre n'était plus là.
- Mo-mon bras...
C'est sur ces mots qu'elle s'évanouit. Le navire était endommagé certes mais moins que son équipage, tandis qu'une ombre s'éloignait dans les profondeurs de la mer en savourant sa victoire.