COUPABLES [Nouvelle/TERMINÉE]

Disparu

Une main glacée vint se glisser soudainement derrière le cou de Marlène, provoquant un sursaut.
Laurent se mit à rire spontanément, amusé de constater l'effet de sa blague sur la jeune femme.

Bien que d'humeur charmante tout au long de la journée, elle n'était plus vraiment disposée à l'amusement alors que la soirée battait son plein, avec son lot de bruits furtifs et d'obscurité profonde.

Laurent, fortement alcoolisé et dont la balourdise avait atteint désormais son paroxysme, proposa de lancer un jeu d'action ou vérité, histoire de clôturer la journée sur une note 'fun'.

"- Comme quand nous étions ados! Tu te souviens?" Lança-t-il en direction d'Alexis d'un air complice.

Bien que l'idée puisse paraître assez puérile, la volonté de s'amuser prit le dessus. Sauf pour Marlène.

Elle refusa net de jouer, pensant de plus en plus clairement à son projet et fit mine de commencer à se sentir fatiguée.

Les hommes n'insistèrent pas et ce fut à Alexis de commencer la partie.

-" Laurent? Action ou vérité?

- vérité, on commence gentiment. répondit-il en riant.

- alors raconte nous ta mésaventure amoureuse la plus catastrophique  monsieur Don Juan!"

Laurent s'exécuta sans trop se faire prier, ayant un catalogue impressionnant d'anecdotes à son actif.
Il trouva bon auditoire et réussit à détendre l'atmosphère grâce à un humour parfois douteux mais d'un naturel déconcertant. Ceci fait, Il désigna naturellement le seul homme qui n'avait pas encore prit part aux festivités afin de le relayer.

-" Action ou vérité ? lança-t-il en portant sa bière aux lèvres.

- Action."

Le ton employé fut tout à coup dérangeant. Comme venu d'outre tombe, lointain et sifflant, suscitant un regard à la fois perplexe et craintif.

Laurent prit quelques secondes de réflexion avant de lancer son défi, déconcerté mais toujours d'humeur joueuse.

-" Tu vas marcher droit devant toi, pendant au moins dix minutes puis tu reviendras...enfin, si tu y arrives."  

Marlène intervint aussitôt, qualifiant ce gage de totalement idiot et dangereux. Ce à quoi Alexis acquiesça sans tarder. De toute évidence Laurent cherchait à éloigner celui qu'il considérait comme un intrus depuis le début de cette escapade.

Une petite querelle éclata alors au cœur du trio, ne laissant aucunement deviner l'événement à suivre.

Ils se trouvèrent brusquement seuls.

Personne n'avait vu ou entendu quoi que ce soit qui puisse les avertir du départ précipité de leur acolyte.

Partagés entre l'interrogation et l'inquiétude, ils l'appelèrent en direction des profondeurs de la forêt devenue très sombre à cette heure tardive de la nuit.

Seul l'écho de leurs voix respectives raisonnait.

Que fallait-il penser? Sinon qu'il avait simplement mis à exécution le gage qui lui incombait?

Cette pensée les rassurèrent et après une brève délibération, ils décidèrent de rester près du feu pour attendre son retour.

Quelques bavardages de façade s'engagèrent, sans vraiment effacer le malaise de la situation.

Montre en main, Alexis guettait en direction des arbres autour du campement. D'un naturel pourtant optimiste, il éprouvait une crainte.

Cinq minutes passèrent.

Puis les dix minutes fatidiques furent atteintes.

Tous observaient avec anxiété les alentours. Les flammes de leur feu de camp se reflétaient sur leur visage en alerte.

Alexis se leva promptement.

-" Bon, je pense qu'on a assez attendu, allons à sa recherche. Ce n'est pas normal, il aurait dû revenir déjà."

Marlène fut prise de panique. Elle imagina son collègue dans une situation périlleuse, peut- être même blessé quelque part dans cette forêt à l'apparence hostile. 

Pourtant l'idée de partir à sa recherche, même accompagnée, lui donnait des sueurs froides.

Nul autre choix ne s'offrait désormais au trio qui s'organisa sommairement pour commencer les recherches.

C'est à la lumière de lampes de poches qu'ils prirent les chemins escarpés de la nature sauvage, regroupés et sans assurance.