COUPABLES [Nouvelle/TERMINÉE]

Sentences

Jessica fit un geste furtif en direction du feu, prononçant dans un langage inconnu ce qui ressemblait à une incantation.

Aussitôt Alexis se mit à hurler de douleur. Les flammes contrôlées à distance s'enroulèrent autour de son corps entier provoquant une chaleur insoutenable.

Marlène eut peine à croire ce qu'elle voyait. Elle soutint péniblement le regard de celui qu'elle avait rêvé amant d'un soir.
Ce n'était plus le même homme. Quelque chose d'animal, de sanguinaire se dégageait de lui tandis qu'il assistait avec délectation au supplice du principal coupable. Aurait-elle pu imaginer une seule seconde la cruelle mascarade dans laquelle il l'avait si habilement menée ? Allait-il avoir ne serait-ce qu'un peu de pitié lorsque Jessica s'en prendrait à elle?

De longues minutes passèrent ainsi dans les cris et les supplications sans que cela n'affecte pour le moins du monde les bourreaux.

L'écho résonnait dans le froid de cette nuit vengeresse sans espoir d'être secouru.
Alexis fut projeté contre un tronc d'arbre à demi conscient et portant des traces de brûlures sévères de parts et d'autres de son torse, son cou et ses jambes.
Toutefois ses blessures ne l'avaient pas tué.
En réalité, Jessica ne projetait pas de lui donner la mort. Pas de cette manière là du moins.

Elle avait pensé son projet méticuleusement et exerçait un contrôle total sur son pouvoir, même si cela lui coûtait énormément.
La scène de l'extrême souffrance physique de son agresseur avait longtemps hanté ses nuits. Assez pour apprendre la maîtrise de ses dons , méconnus de tous. Assez pour y associer le pouvoir de la magie noire, enseignée par nul autre que le maître de l'organisation dont elle faisait désormais partie.
Soucieux de rétablir la justice pour sa jeune protégée, ce dernier n'avait pas seulement fait office d'enseignant.
Il avait aussi été le brillant chef d'orchestre de ce week-end de cauchemar.

Marlène retint son souffle lorsque le feu se dirigea droit sur elle. C'était son tour. Sa vie défila devant ses yeux, persuadée d'y trouver la mort.

  Haletante, elle toucha son visage, son cou, ses bras après quelques secondes d'insoutenable résignation. Chaque membre de son corps avait gardé toute son intégrité mais elle ne pouvait que le ressentir, sa vue ayant plongé dans le noir le plus complet.

"- Aveugle...tu demeureras. Comme tu as choisi de l'être devant ma détresse. Muette tu seras. Aucun mensonge ne franchira plus le pas de ta bouche."
Entendit-elle dans un chuchotement au creux de son oreille.

Marlène n'eut pas le temps de parler. Le silence s'abattit, impitoyable et lourd.